ATR a mis au point une conversion rapide de ses biturboprops du transport de passager à celui de fret, le transport de cargaisons médicales et de denrées essentielles ayant pris le dessus sur celui des voyageurs pour cause de pandémie de Covid-19. Airbus prépare un retrait des sièges similaire pour les familles A330 et A350.

Comme viennent de le démontrer Air Madagascar et Tsiradia, les gros porteurs long-courrier ne sont pas les seuls avions nécessaires en cette période où le transport de fret est essentiel. ATR a donc décidé d’aider les compagnies aériennes à « libérer leur potentiel » : l’avionneur européen a collaboré avec les fournisseurs externes AKKA et PMV ENGINEERING pour proposer en moins d’un mois deux solutions de conversion au fret léger « efficaces et flexibles », permettant à ses clients de convertir rapidement leurs avions passagers.

La première consiste à permettre de transporter des marchandises médicales sur les sièges passagers, la cargaison étant sécurisée par des sangles ou chargées à l’intérieur de « sacs pou sièges » – le tout « en quelques minutes seulement ». Les sangles et les sacs sont alors fixés aux sièges ou fixés aux rails des sièges. Plus radicale, la seconde baptisée « floor-to-floor nets configuration » consiste à retirer les sièges de la cabine et à placer les marchandises sur le sol, la cargaison étant alors sécurisée par des filets attachés aux rails de fixation des sièges.

Selon la configuration choisie, quatre à cinq tonnes de charge utile peuvent ainsi être embarquées sur des ATR 72 selon le communiqué du constucteur. Avec cette solution, les ATR « du monde entier continueront à offrir un coup de main à de nombreuses communautés qui dépendent des liaisons aériennes pour avoir accès à des équipements médicaux vitaux, des médicaments, de la nourriture et d’autres fournitures essentielles ».

Selon Fabrice Vautier, VP et directeur commercial d’ATR, « plus que jamais, l’aviation régionale joue un rôle clé dans le transport des fournitures essentielles depuis les plus grandes villes vers les régions reculées. Des compagnies aériennes se sont tournées vers nous, demandant une solution rapide pour leur permettre de convertir des avions de transport de passagers en avions cargo. Nous avons développé cette solution en un temps record, et sommes désormais en mesure d’aider les compagnies aériennes à libérer davantage de potentiel pour déplacer encore plus de fret médical ».

Rappelons qu’ATR avait lancé en novembre 2017 un programme de conversion cargo pour ses 72-600, en plus de celles existantes pour les 42 et 72-200 : le premier 72-600F est censé être livré cette année à FedEx Express. Une version combi du 72-600 avait d’autre part été certifiée en 2015.

Airbus a de son côté annoncé hier qu’il développe une modification pour les avions des familles A330 et A350, qui permettra aux compagnies aériennes d’installer des palettes de fret (celles de 2,5 M3 utilisées dans les A320) directement sur les rails des sièges au sol après le retrait des sièges en classe Economie. La restriction à la classe arrière permet d’éviter les démontages plus compliquées de celles à l’avant, et donc de gagner du temps pour la conversion. Un A350 en configuration standard pourra ainsi accueillir 30 palettes, et un A330 28.

L’avionneur explique que cette solution « contribuera à la continuité des activités des compagnies aériennes, et atténuera également la pénurie mondiale de capacité de fret aérien en soute » suite à l’immobilisation généralisée des avions long-courriers. De plus, cela aidera l’industrie à « répondre à la forte demande de vols humanitaires pour transporter rapidement de grandes quantités de matériel médical et d’autres fournitures sur de grandes distances, là où elles sont nécessaires ».

Comparée au chargement de marchandises sur les sièges, cette solution « facilite les opérations de chargement et de déchargement plus faciles et rapides », faisables selon Airbus avec seulement deux personnes, mais aussi la réduction de l’usure des sièges eux-mêmes. Parmi les autres avantages importants, « la sécurité accrue d’une protection incendie robuste, et la capacité de retenue de charge de 9G pour empêcher quoi que ce soit de bouger en vol ».

La modification est présentée aux opérateurs sous forme de bulletin de service Airbus (SB), quelque 140 expressions d’intérêt ayant été reçues ; Airbus « définit le périmètre d’ingénierie » et gère également le processus d’obtention de la certification unique de l’Agence de sécurité aérienne de l’Union européenne (EASA).

Conversion au cargo pour ATR et Airbus 1 Air Journal

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