Près de six ans après le crash du McDonnell Douglas MD-83 du vol AH5017 d’Air Algérie au Mali, le parquet de Paris réclame un procès en correctionnelle pour “homicides involontaires” contre la compagnie espagnole Swiftair, propriétaire de l’appareil.

Le 24 juillet 2014, l’appareil qui effectuait un vol Ouagadougou-Alger s’était écrasé dans le nord du Mali avec à son bord 6 membres d’équipage (tous espagnols) et 110 passagers (dont 54 Français, 23 Burkinabè, des Libanais et des Algériens). Tous sont décédés dans l’accident.

En 2015, les enquêteurs français du Bureau d’enquêtes et d’analyses (BEA) avaient conclu que la cause principale de l’accident résidait dans la non-activation par les pilotes du système anti-givrage des moteurs, alors que l’avion traversait un phénomène orageux violent. En raison de dépôt de glace sur les capteurs de l’avion, l’équipage ne pouvait pas s’apercevoir que l’appareil perdait sa vitesse. Un problème dans la formation ou dans le rythme de travail des pilotes était envisagé.

Aussi, dans son réquisitoire définitif de 100 pages daté du 3 juin, dont a eu connaissance l’AFP, le parquet fait valoir que Swiftair, qui louait l’appareil à Air Algérie, a commis “une négligence en ne délivrant pas une formation complète à ses équipages“. Le ministère public a relevé plusieurs manquements : le commandant de bord n’avait pas suivi la formation initiale à la gestion des ressources de l’équipage (CRM), obligatoire et dispensée par l’exploitant ; lui et sa copilote, employés à titre saisonnier, n’avaient pas reçu la formation complémentaire prévue après une période d’inactivité alors qu’ils ne volaient que quelques mois par an ; le commandant n’avait pas non plus reçu les formations récurrentes (OPC) prévues par la réglementation en vigueur.

Selon ministère public, c’est la non-activation du système d’antigivrage, dans des conditions qui le nécessitaient, qui a entraîné la décélération de l’appareil à l’origine de son décrochage. “Le caractère incomplet de la formation délivrée constitue une négligence en lien certain avec l’accident, dans la mesure où les pilotes, insuffisamment formés sur les systèmes antigivrage, n’ont pas pu avoir la réaction appropriée en présence des conditions givrantes et n’ont pas utilisé la procédure adaptée“, insiste le parquet dans son réquisitoire.

En l’occurrence, il souligne qu’une séance de formation, manquée au second semestre 2012 par l’équipage, portait justement sur la révision des systèmes d’antigivrage et qu’elle n’avait pas été rattrapée.

Crash AH5017 : le parquet de Paris demande un procès pour "homicides involontaires" contre Swiftair 1 Air Journal

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