La compagnie aérienne Air France détaillera le mois prochain les milliers de suppressions de postes qui s’annoncent suite à l’impact de la pandémie de Covid-19, le ministre de l’Economie évoquant une « ligne rouge » sur les départs contraints. Un dernier vol en Airbus A380 réservé aux employés est programmé à Paris le 26 juin.

Un Comité social et économique central (CSEC) extraordinaire a été convoqué le 3 juillet 2020 par la direction d’Air France, en même temps qu’un autre pour sa filiale régionale HOP : c’est alors que seront présentés les orientations stratégiques de la compagnie nationale, dans le cadre de la réduction de 20% de la capacité du groupe d’ici deux ans (et de 40% du réseau domestique français), ainsi que les détails des suppressions de postes à venir dans le cadre du plan Vesta de restructuration. La possibilité de supprimer entre 15% et 20% des effectifs serait étudiée par Air France, concernant jusqu’à 8500 de ses employés et environ 1200 chez HOP. Selon les syndicats, cela passerait a priori par des plans de départs volontaires et des ruptures conventionnelles collectives (pour les navigants), en plus des départs en retraites anticipés.

Interrogé hier sur France Inter, le ministre de l’Economie Bruno Le Maire a demandé à Air France de ne pas engager de départs « contraints » dans le cadre de Vesta : « il y aura des ajustements nécessaires », a-t-il reconnu, « mais je souhaite et je demande à Air France qu’il n’y ait pas de départs forcés. Je crois que c’est ça la ligne rouge importante ». Ni lui ni la direction n’ont confirmé les 8000 à 10.000 suppressions de postes évoqués depuis mercredi, mais le ministre a précisé : « je souhaite que ce soit moins de 8000 postes bien entendu. Cela veut dire que je crois profondément dans l’avenir de notre compagnie aérienne ». Et il de nouveau a défendu, au nom du risque de faillite qui « menaçait Air France », l’aide d’Etat accordée à hauteur de 7 milliards d’euros – avec des conditions écologiques mais pas sociales, expliquant : « quand le trafic aérien s’écroule, dire je mets de l’argent mais on va absolument garder chaque emploi, à quoi ça conduit? Ça peut conduire à des risques de faillites ».

Air France avait signé en 2019 un accord signé stipulant qu’elle « ne peut procéder à des départs contraints », rappelle dans Libération François Cabrera, secrétaire général CFDT du comité de groupe franco-néerlandais. A ce stade, les discussions pour les pilotes d’Air France portent sur « 400 postes supprimés », a indiqué à l’AFP un représentant du syndicat des pilotes SNPL, en plus de celles concernant l’avenir des 200 qui volaient sur l’A380 ; « je peux vous dire que les inquiétudes des pilotes sont énormes. Une moitié de nos postes et emplois actuels sont menacés », a ajouté sur franceinfo Émeline Fronteau, présidente du même syndicat chez HOP. Chez les hôtesses de l’air et stewards, le SNGAF évoque un sureffectif identifié de 1800 postes, le même nombre étant avancé par FO dans les fonctions supports.

Côté flotte, alors que la compagnie de l’alliance SkyTeam se prépare à accueillir son sixième Airbus A350-900 baptisé Marseille (sur les 38 attendus a priori d’ici 2025), elle a annoncé pour le vendredi 26 juin un vol d’adieu à l’A380, « prévu exclusivement pour le personnel » ; plus de détails seront communiqués ultérieurement « pour le spotters et AVGeeks ». Air France avait confirmé en mai le départ accéléré des neuf derniers surperjumbos de sa flotte, initialement programmée pour la fin 2022. Elle parlait alors d’un départ qui « s’inscrit dans la stratégie de simplification de la flotte du groupe Air France-KLM visant à rendre la flotte plus compétitive, en poursuivant sa transformation avec des avions plus performants et plus modernes et dont l’empreinte environnementale est considérablement réduite ».

Air France : 3 juillet pour l’emploi, 26 juin pour l’A380 1 Air Journal

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