Relancée la semaine dernière sous le nom Alitalia-Tai (au lieu de Sai), la société-mère de la compagnie aérienne renationalisée va disposer d’un budget de 3 milliards d’euros et d’une flotte de cent avions. Avec des ambitions en « discontinuité complète » avec les modèles précédents, devant permettre à l’Italie de disposer d’une compagnie pouvant contribuer à la relance économique du pays et à concurrence sur le marché international.

La nationalisation annoncée fin avril a été achevée : le 29 juin 2020, Alitalia-Tai a été officiellement lancée, avec Francesco Caio comme président et à ses côté l’administrateur délégué et CFO Fabio Lazzerini (ancien responsable d’Emirates en Italie). La direction nouvellement désignée « peut déjà commencer à travailler, avec des conseillers du ministère des Finances, sur le nouveau plan industriel qui sera ensuite envoyé à la Commission européenne », a précisé sur les réseaux sociaux le Premier ministre italien Giuseppe Conte. Qui lui a fixé un ensemble de directives gouvernementales impliquant « la poursuite d’une stratégie d’entreprise fidèle au principe de gestion abordable, et pleinement orientée vers le maintien de la concurrence dans les défis complexes du marché aérien post-Covid-19 », a-t-il ajouté.

Mais en dehors du budget alloué de 3 milliards d’euros, on n’en sait pas plus côté finances et business plan : le premier ministre a simplement évoqué un retour à l’équilibre en 2022, et aux bénéficies l’année suivante.

Pour les passagers d’Alitalia, qui prévoit d’opérer 1000 vols par semaine vers 37 destinations en juillet, cela passera d’abord par l’ouverture de nouvelles liaisons intérieures en particulier vers le sud de l’Italie (Bari, Brindisi, Reggio di Calabria, Lampedusa, Pantelleria). Ensuite et de façon beaucoup plus vague, la nouvelle Alitalia doit apporter un regain de « concurrence sur les marchés internationaux ».

Placée sous « administration extraordinaire » depuis plus de deux ans, suite au rejet par les syndicats d’un plan de relance de l’actionnaire Etihad Airways, et ayant déjà reçu deux prêts d’Etat de plusieurs centaines de millions d’euros, la compagnie de l’alliance SkyTeam voit ainsi la perspective d’une disparation s’éloigner.

Mais la Commission européenne a prévenu que la nouvelle compagnie devra être réellement différente de la précédente : selon la Commissaire à la concurrence Margrethe Vestager, s’il n’y a pas rupture avec l’ancienne Alitalia (« la discontinuité doit être réelle »), l’Europe ne pourra pas donner son feu vert à un prêt d’Etat.

Quant aux syndicats, ils s’attendent toujours à une suppression de 4000 à 5000 postes ; en avril alors qu’Alitalia avait perdu 97% de son chiffre d’affaires, ils avaient trouvé un accord avec la direction pour mettre plus de 6600 salariés au chômage technique.

La nouvelle Alitalia a des ambitions 1 Air Journal

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