Malgré un hiver prévu « très très difficile » pour cause de pandémie de Covid-19, le patron de la compagnie aérienne low cost easyJet table sur un retour à la normale en 2023 – et un rebond « exceptionnel et fort » quand il se produira. Un sentiment partagé par son homologue chez Emirates Airlines, qui lui aussi croit à un retour éventuel du trafic aérien à ses niveaux d’avant la crise, et même plus.

Lors d’un long entretien exclusif accordé à La Tribune, le CEO de la spécialiste britannique du vol pas cher Johan Lundgren a expliqué s’attendre à un retour à la normale en 2023 : et « il n’y a aucun doute que le rebond, lorsqu’il se produira, sera exceptionnel et fort. Il y a une énorme demande pour prendre l’avion pour voyager, pour aller voir ses amis et sa famille. Nous savons que le trafic reviendra ». Le dirigeant d’easyJet souligne que ces prévisions dépendront « de la propagation de la pandémie et de la capacité qu’auront les populations à vivre avec ce virus, ce qui revient à la question du dépistage et des tests, mais aussi à la capacité d’anticiper la propagation du virus ». Ce qui rend indispensable selon Johan Lundgren de « prendre les mesures nécessaires pour survivre et anticiper la reprise quand la pandémie sera sous contrôle et les restrictions de voyages assouplies ».

A plus court terme, easyJet a déjà annoncé que seulement 25% des vols initialement prévus seront opérés d’ici la fin de l’année, le CEO reconnaissant qu’elle fait face à une « situation très incertaine » et que son « manque de visibilité » est le même que pour le reste du secteur aérien. « Ce sera un hiver très très difficile », souligne Johan Lundgren, après avoir cloué sa flotte au sol durant 11 semaine au printemps puis atteindre durant l’été une capacité maximale de 40% de la normale (et avoir reporté dès avril la livraison de 24 Airbus).

 Et la guerre des prix traditionnelle pendant la saison hivernale n’aura aucun effet sur le trafic, prédit-il : « quel que soit le prix des billets d’avion aujourd’hui, les gens ne voyageront pas car ils craignent d’être mis en quarantaine à leur arrivée à destination ou à leur retour ». Et de se dire favorable à la mis en place de tests rapides dans les aéroports (tels qu’ils devraient débuter la semaine prochaine à Paris), « dans les  régions classées en zone rouge ou dans celles où la circulation du virus s’accélère » – et surtout dans le cadre d’une approche coordonnée à l’échelle des régions et non des nations. Johan Lundgren souligne cependant qu’ils devront être « fiables et peu coûteux » : les voyageurs « ne se feront pas tester pour prendre l’avion » si le prix est supérieur à celui d’un billet d’avion.

EasyJet comme Emirates s’attendent à une reprise forte – quand elle sera là 1 Air Journal

©easyJet

Cet optimisme – prudent – sur une reprise forte rejoint celui exprimé par le président sortant d’Emirates Airlines la semaine dernière lors d’une conférence en ligne de CAPA : selon Tim Clark, la pandémie n’est « qu’un pépin » dans l’histoire de l’aviation, et la demande mondiale de voyages aériens « reviendra plus rapidement et plus fortement que prévu ». Même si la situation va s’aggraver La pandémie est pour lui un problème tel que ceux vécus par le passé, « peut-être pas aussi importants et graves que celui-ci pour notre industrie, mais c’est néanmoins un pépin. Nous le traverserons et nous relèverons ».

Interrogé à propos du monde post-pandémie, le dirigeant déclare : « je pense qu’il y aura un rebond et je pense que la demande stimulera ce rebond », même si à court terme il pense qu’en raison des restrictions de transport aérien mises en place par divers gouvernements, la situation allait probablement « s’aggraver avant de s’améliorer ». La question de savoir si l’industrie du transport aérien sera suffisamment forte pour répondre à ce retour de la demande « est une autre question », souligne Tim Clark,

Et le modèle de la compagnie, basée à l’aéroport de Dubaï et opérant sur le principe « hub and spoke », « n’est pas menacé » : le dirigeant dit ne pas croire que les gens « ne voyageront pas via les grands hubs internationaux parce qu’ils sont préoccupés par le virus ». Pour Tim Clark, « une fois que nous avons un vaccin en place et que le monde est suffisamment résilient et robuste pour faire face à cela, et peut-être à plus d’agents pathogènes à mesure qu’ils apparaissent, alors je pense que la mémoire est courte et la demande est forte et le rôle du transporteur de réseau à bien des égards pourrait être plus fort qu’il ne l’a été dans le passé ».

EasyJet comme Emirates s’attendent à une reprise forte – quand elle sera là 2 Air Journal

©Airbus

EasyJet comme Emirates s’attendent à une reprise forte – quand elle sera là 3 Air Journal

@Emirates