Le groupe aérien Air France-KLM a enregistré au troisième trimestre une perte nette de 1,66 milliards d’euros, sur un chiffre d’affaire ayant reculé de 68,3% par rapport à l’année dernière. Ses capacités seront encore réduites pour la saison automne-hiver, à 35% de ce qui était prévu pour Air France et à 45% pour KLM Royal Dutch Airlines.

La pandémie de Covid-19 a eu un « impact important sur les résultats du troisième trimestre », a annoncé ce vendredi 30 octobre 2020 le groupe franco-néerlandais. Le chiffre d’affaires global a reculé de 66,3% à taux de change constant (à 2,004 milliards d’euros), celui de l’activité passage étant encore plus atteint (-69,4% à 1,85 milliard). Le résultat d’exploitation s’affiche à -1,046 milliard d’euros, soit une baisse de 1,955 milliard par rapport au T3 en 2019 (-807 pour le groupe Air France, -234 pour le groupe KLM). La perte nette inclut « une provision pour restructuration de -565 millions d’euros, une sur-couverture de carburant liée au Covid-19 de -39 millions d’euros et une dépréciation de la flotte de -31 millions d’euros », précise son communiqué.

La dette nette d’Air France-KLM au 30 septembre s’élevait à 9,308 milliards d’euros, en hausse de 3,161 milliards par rapport à la fin 2019 ; à la même date, le groupe disposait de 12,4 milliards d’euros de liquidités ou de lignes de crédit.

Le directeur général du Groupe Benjamin Smith a déclaré : « après une reprise prometteuse pendant l’été, la fermeture progressive des frontières internationales dans la seconde moitié du mois d’août et la résurgence de la pandémie ont fortement pesé sur nos résultats au troisième trimestre, le groupe ayant enregistré une perte d’exploitation de 1,0 milliard d’euros. Nous avons accéléré la mise en œuvre de mesures de réduction des coûts et de préservation de notre trésorerie. Nous travaillons également en étroite collaboration avec nos partenaires sur différents moyens tels que des tests de détection rapide qui permettraient de rétablir le trafic dans les meilleures conditions sanitaires pour nos clients et nos employés ».

Mais au-delà de ces « mesures immédiates nécessaires, nous sommes engagés dans une transformation plus profonde de notre Groupe avec l’objectif de sortir de cette crise dans une position plus forte, prêts à relever les défis futurs de notre industrie », a rappelé le CEO. Et il prévient que si le transport aérien « continuera à relier les personnes et les cultures, nous anticipons des évolutions dans les attentes des clients. Nous nous attendons à un quatrième trimestre 2020 difficile, avec des réservations à venir en forte baisse par rapport à l’année dernière ».

Air France-KLM : perte nette au T3, trafic réduit pour l’hiver 1 Air Journal

©Air France-KLM

L’activité transport de passagers d’Air France-KLM a été « comme prévu fortement réduite », à environ 40 % des niveaux de l’année dernière. Le durcissement des restrictions de voyage, la fermeture des frontières et l’absence de voyages d’affaires ont retardé la reprise attendue du trafic. « Les mois de juillet et août ont été relativement forts en termes de trafic par rapport à un mois de septembre décevant, affecté par la restriction des mesures de voyage ». Au troisième trimestre, les recettes unitaires ont diminué de -44,5 % à taux de change constant par rapport à l’année dernière, « principalement en raison de la baisse des coefficients de remplissage sur le long-courrier ».

Pour la seule low cost Transavia, le résultat d’exploitation du troisième trimestre a terminé en baisse de -189 millions d’euros par rapport à l’année dernière, avec une perte opérationnelle de -13 millions d’euros « en raison de la crise du Covid19 ». Les niveaux d’activité ont atteint près de 55% du niveau de l’année dernière avec une recette unitaire en baisse de -30,2% par rapport au T3 2019. Transavia France et Hollande ont cependant pu « capter du trafic et remplir leurs avions » avec des coefficients d’occupation corrects et de bons yields sur plusieurs destinations loisirs. Les routes vers l’Espagne, la Grèce, le Portugal et l’Italie ont été les plus résistantes au cours du trimestre ; toutefois, les restrictions sévères des voyages des Pays-Bas vers l’Espagne et la Grèce au cours du troisième trimestre ont affecté les niveaux d’activité et le taux de remplissage.

La stratégie du groupe a consisté à « n’exploiter que des vols incrémentalement positifs en cash » et plusieurs lignes ont profité de la forte demande mondiale de fret bien qu’ayant peu de passagers à bord, souligne Air France-KLM. La demande VFR (visiting friend and relative) a été « le moteur du trafic estival », avec le domestique France, l’Afrique et le Moyen-Orient, les Caraïbes et Océan Indien « étant les plus résilients, avec une performance de recette unitaire comprise entre -22% et -27% à change constant ». Les performances sur le moyen-courrier ont été « mitigées » pendant l’été. Certaines destinations de loisirs comme l’Italie, l’Espagne, le Portugal et la Grèce ont bénéficié d’un assouplissement des restrictions de voyage, quand d’autres étaient fortement touchées par les processus de quarantaine et de tests comme le Royaume-Uni ou l’Allemagne. Sur l’intercontinental, les réseaux nord-atlantique, sud-américain et asiatique ont continué à être fortement affectés « par les restrictions frontalières en vigueur, avec une baisse importante de la capacité et du trafic de passagers pendant l’été ».

Le retournement de tendance pour l’activité Passagers a conduit les compagnies du Groupe à ajuster à la baisse les capacités prévues pour la période automne-hiver. La visibilité sur la reprise de la demande est limitée « car le comportement de réservation des clients est beaucoup plus orienté vers le court terme, et dépend aussi fortement des restrictions de voyage imposées, en particulier sur le réseau long-courrier ». La période de confinement en vigueur depuis ce vendredi en France « est une nouvelle difficulté qui va peser sur les activités du Groupe ». Il s’attend dans ce contexte à :

  • Une capacité en sièges-kilomètres disponibles à l’indice 45 environ pour KLM et inférieure à l’indice 35 pour Air France au quatrième trimestre 2020 par rapport à 2019 pour l’activité Réseaux passage
  • Une évolution négative des coefficients d’occupation pour le quatrième trimestre 2020 en particulier sur le réseau long courrier et des effets négatifs sur le mix tarifaire en raison du retard de la reprise du trafic affaires.
Air France-KLM : perte nette au T3, trafic réduit pour l’hiver 2 Air Journal

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