La compagnie aérienne low cost Ryanair Holdings a enregistré au premier semestre de son année fiscale une perte nette de 197 millions d’euros, en raison de l’effondrement du trafic dû à la pandémie de Covid-19. Et cela sera pire au S2.

Le groupe irlandais et ses filiales au Royaume-Uni, en Pologne, en Autriche et à Malte a annoncé le 2 novembre 2020 être tombé dans le rouge, alors qu’il avait enregistré au S1 2019 un bénéfice de 1,15 milliards d’euros. Son chiffre d’affaires recule de 78% à 1,18 milliard d’euros, alors que le trafic était en baisse de 80% à 17,1 millions de passagers (le coefficient d’occupation est passé de 96% à 70%). « Avec un trafic quasiment nul au premier trimestre », la grande majorité du chiffre d’affaires du S1 a été réalisé entre début juillet et fin septembre, précise Ryanair dans un communiqué. Les revenus annexes ont « fortement progressé », plus de clients ayant choisi l’embarquement prioritaire et les sièges réservés.

Le groupe rappelle que la crise sanitaire a cloué au sol l’ensemble de la flotte de la mi-mars à la fin juin, les gouvernements de l’UE ayant imposé « des interdictions de vol ou de voyage et des confinements de leur population ». Ses avions ont tout de même rapatrié des clients et opéré des vols de secours pour de nombreux gouvernements européens. Le 1er juillet, Ryanair a repris les vols sur la plupart de son réseau, exploitant jusqu’à 60% de la capacité de l’année précédente au deuxième trimestre. Mais la confiance des passagers et les réservations à terme pour la saison hiver « ont été négativement affectées » par le retour des restrictions de vol non coordonnées à travers l’Europe en septembre et octobre ; cela a « fortement réduit » les voyages vers / depuis une grande partie de l’Europe centrale, le Royaume-Uni, l’Irlande, l’Autriche, la Belgique et le Portugal. En conséquence, Ryanair a réduit la capacité hivernale (novembre-mars) des 60% précédemment annoncés à « au plus 40% » de ce qui était prévu.

La pandémie de Covid-19 a déjà provoqué la fermeture d’un certain nombre de compagnies aériennes de l’UE, rappelle Ryanair, « notamment Flybe, Germanwings et Level », ainsi que de profondes réductions de capacité à long terme « dans de nombreuses autres ». Cela a déclenché « un flot d’aides d’État illégales » de la part des gouvernements européens, notamment pour Alitalia, Air France-KLM, LOT Polish Airlines, Lufthansa, SAS Scandinavian ou TAP air Portugal entre autres. Avec pour conséquence selon le groupe de « fausser la concurrence et permettre aux transporteurs nationaux défaillants de se livrer à des ventes à des prix inférieurs aux coûts pendant de nombreuses années ». Le groupe prévoit que la capacité de transport aérien intra-européen restera « modérée au cours des prochaines années ».

Avec plus de 4,5 milliards d’euros de trésorerie au 30 septembre, le groupe Ryanair s’estime en bonne position, d’autant qu’il a réduit depuis le printemps sa consommation de cash en réduisant ses coûts, en participant aux programmes de soutien à la masse salariale de l’UE, en annulant les rachats d’actions et en reportant les investissements non essentiels. Cette solidité financière lui permettra de « capitaliser sur les nombreuses opportunités de croissance disponibles après la Covid-19 ».

Côté flotte, Ryanair a rappelé lundi que cela fait plus de 18 mois qu’il devait prendre livraison de son premier Boeing 737 MAX-200. Boeing s’attend à un retour en service du MAX 8 au quatrième trimestre, le groupe attendant le premier -200 « début 2021 », avec 30 exemplaires livrés avant le pic de l’été prochain. Les discussions sur la compensation « ne seront ni finalisées ni conclues avec Boeing tant que le MAX ne sera pas remis en service et que les calendriers de livraison révisés n’auront pas été finalisés et convenus », précise la low cost qui en attend 135 fermes (et pourrait en recommander).

« Nous restons attachés au Boeing 737, en particulier au nouvel avion Gamechanger de la série 200 qui a 4% de sièges en plus, 16% de consommation de carburant en moins et 40% d’émissions sonores en moins. Ces nouveaux appareils permettront à Ryanair de passer à 200 millions de passagers par an au cours des 5 ou 6 prochaines années, tout en abaissant la base de coûts et en réduisant considérablement son empreinte environnementale », souligne la low cost.

Le risque d’un Brexit sans accord reste élevé, rappelle d’autre part Ryanair qui espère tout de même un accord entre Londres et l’Europe « avant la fin de la période de transition en décembre ». Même si « en tant que groupe aérien de l’UE », il devrait être moins touché que ses concurrents enregistrés au Royaume-Uni. Mais le Brexit aura quand même des conséquences négatives sur les échanges. « Nous espérons donc que les AOC du Groupe en Autriche, en Irlande, à Malte et en Pologne continueront à fonctionner librement », tandis que l’AOC britannique de Ryanair UK « pourra bénéficier de tout accord bilatéral négocié entre le Royaume-Uni et des pays tiers tout en facilitant l’exploitation des vols intérieurs britanniques ».

L’exercice 21 « continuera d’être une année extrêmement difficile » pour Ryanair, qui ne fournit pas de prévision financière compte tenu de l’incertitude actuelle. Le Groupe prévoit de transporter environ 38 millions de passagers durant cette année financière (qui se termine fin mars 2021), bien que ces prévisions « pourraient être révisées à la baisse si les gouvernements de l’UE continuent de mal gérer les voyages aériens et imposent plus de restrictions de voyage non coordonnées ou verrouillent cet hiver ». Et les pertes seront plus élevées au deuxième semestre qu’au S1. « Alors que nous regardons au-delà de la crise de Covid-19 et de l’émergence de vaccins efficaces au début de 2021, le groupe Ryanair s’attend à avoir une base de coûts plus faible, un bilan plus solide, ce qui lui permettra de financer des tarifs plus bas et d’ajouter de nouveaux avions aux coûts moins élevés pour capitaliser sur les opportunités de croissance », conclut son communiqué.

Ryanair dans le rouge alors que le trafic s’effondre 1 Air Journal

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