La compagnie aérienne Thai Airways a mis en vente 34 avions dont tous ses Boeing 747 mais aucun Airbus A380, et en attendant de revoler vend des beignets à Bangkok, des sacs recyclés à partir de gilets de sauvetage – et un vol vers nulle part mais passant au-dessus de 99 sites bouddhistes dans le pays.

Clouée au sol par la pandémie de Covid-19, privée de vols internationaux a priori jusqu’en janvier et aux prises avec une restructuration compliquée après avoir frôlé la faillite, la compagnie nationale thaïlandaise basée à l’aéroport de Bangkok-Suvarnabhumi cherche de la trésorerie partout où elle peut. Et en particulier en vendant des avions, les acquéreurs intéressés ayant jusqu’au 13 novembre 2020 pour se faire connaitre (par courriel et pour des livraisons annoncées pour le premier trimestre 2021). Le site de Thai Airways détaillait hier les appareils proposés :

  • dix Boeing 747-400 assemblés entre 1993 et 2003 ;
  • six Boeing 777-300 assemblés entre 1998 et 2000 ;
  • six Boeing 777-200ER assemblés entre 1996 et 1998 ;
  • deux Boeing 737-400 assemblés en 1992 et 1993 ;
  • six Airbus A340-600 assemblés entre 2005 et 2008 :
  • trois Airbus A340-500 assemblés entre 2005 et 2007 ;
  • et un Airbus A300-600 assemblé en 1993.

Tous ses avions sont proposés « tels quels », précise la compagnie de Star Alliance qui bien sûr ne mentionne pas les prix demandés. Elle envisage donc de retirer tous les 747 (c’était prévu d’ici 2024), et ne conserver comme très gros porteurs que les 777-300ER (14) et A380 (6, seuls alors à inclure une Première classe). Le reste de sa flotte long-courrier est composé de quinze A330-300, douze A350-900, six 787-8 et deux 787-9 Dreamliner.

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En attendant que ces ventes se concrétisent, Thai Airways fait face à une dette de 9,1 milliards d’euros et multiplie les opérations pour faire rentrer du cash – par tous les moyens. Après l’ouverture d’un café ou les séances grand public de simulateur de vol, elle a récolté des milliers d’euros en vendant des beignet frits « pa tong go » pour 50 bahts (1,37 euro) dans les rues et certains magasins de Bangkok et Chiang Mai : avec 12.500 euros de recette quotidienne moyenne selon son président par intérim Chansin Treenuchagorn, Thai Airways envisage même d’ouvrir une franchise.

Des sacs fourre-tout en édition limitée, fabriqués à partir de gilets de sauvetage et de toboggans d’évacuation, sont la dernière trouvaille de la compagnie aérienne, peuvent être commandés depuis la semaine dernière pour des livraisons le 20 décembre. La collection Re-Life (« aidez-nous à sauver le monde du changement climatique ») était proposée en ligne à côté des avions, mais les quatre tailles semblent épuisées.

Thai Airways vend des avions, des beignets, des sacs et un vol bouddhiste 1 Air Journal

©Thai Airways

Dans les airs cette fois, le vol vers nulle part de Thai Airways le 30 novembre promet une expérience religieuse : décollant et revenant à Bangkok sans escale, le vol TG8999 partira à 13h30 pour être de retour trois heures plus tard – après avoir survolé 99 sites bouddhistes dans 31 provinces thaïlandaises et la capitale. Durant ce « vol de pèlerinage », des mantras seront chantés sous la direction de l’astrologue Dr. Katha Chinbanchorn ; chaque passager recevra en guise de souvenir un livre de prières et une amulette de Bouddha.

Pour un exercice spirituel aussi intense, les prix restent presque raisonnables : 9999 bahts en classe Affaires et 5999 en Economie (environ 276 et 165 euros respectivement). Wiwat Piyawiroj, VP opérations commerciales de Thai Airways, a déclaré que ce vol spécial faisait partie d’un programme « visant à renforcer le secteur du tourisme, ce qui est conforme à la politique du gouvernement » ; cette « nouvelle expérience de voyage » fait aussi partie de la campagne Magical Flying Experience de Thai Airways.

Thai Airways vend des avions, des beignets, des sacs et un vol bouddhiste 2 Air Journal

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