L’Europe aura selon l’Association du transport aérien international (IATA) la reprise la plus lente du trafic aérien post-pandémie de Covid-19, en tout cas si la Commission ne poursuit et renforce pas sa politique de souplesse sur les créneaux d’aéroport.

Prolongée en février dernier jusqu’à la fin de la saison estivale, la dérogation aux règles de l’UE a réduit l’incertitude des compagnies aériennes sur la perte possible leurs créneaux horaires en raison de la réduction drastique des vols due à la crise sanitaire. Mais l’IATA pose déjà la question de la prochaine saison hivernale, qui débutera fin octobre 2021, même si les campagnes de vaccination progressent sur le Vieux continent et entraine déjà une hausse de la demande. Rafael Schvartzman, vice-président régional de l’IATA pour l’Europe, estime pourtant que de nombreux gouvernements « ne sont pas encore convaincus que les frontières peuvent être ouvertes en toute sécurité ». 

D’où la demande de l’association pour une décision rapide quant à la continuation de la prolongation des assouplissements actuels de la règle du « créneau utilisé ou perdu », mise en place fin mars 2020. Avec les règles actualisées sur l’utilisation des créneaux, les compagnies aériennes ne doivent utiliser que 50% de leurs créneaux de décollage et d’atterrissage prévus pendant l’été 2021 (au lieu de 80% requis avant la pandémie), afin de pouvoir les conserver lors de la saison suivante.

Mais pour l’IATA, le règlement de l’UE sur les créneaux reste une « version beaucoup plus limitée de la proposition de l’industrie » pour l’hiver 2021 : il permet uniquement l’adoption d’un seuil d’utilisation inférieur sans retour de créneaux. Par rapport à l’hiver dernier, lorsque la Commission européenne avait prévu une dérogation conditionnelle à l’utilisation des créneaux, il est cette fois seulement possible de décider du pourcentage d’utilisation ou de perte. En tant que tel, le besoin d’un seuil plus bas, à 30%, « est plus important, car les compagnies aériennes ne peuvent pas compter sur d’autres types de flexibilité complémentaire », assure Rafael Schvartzman.

Le Parlement européen précisait en février que la Commission européenne pourra à l’avenir « étendre ces nouvelles règles à d’autres saisons et ajuster le taux d’utilisation minimal entre 30 et 70% », l’objectif étant justement de « pouvoir réagir rapidement aux changements de niveau de trafic aérien pendant la pandémie ».

La demande de l’IATA à la Commission européenne, concernant en particulier le long-courrier, « pour la quatrième saison consécutive n’est pas une décision que nous prenons à la légère, mais personne n’aurait pu prédire l’ampleur de cette crise », explique le responsable de l’IATA dans son blog. Les hésitations des autorités se traduisent par « un manque de prévisibilité dans le réseau aérien mondial en raison de changements dans les restrictions, les fermetures de frontières et les réouvertures ». Et il souligne que les pays européens « à la mi-mai 2021 ont des restrictions de voyage et des exigences plus complexes pour les passagers qu’à tout autre moment pendant la crise ».

Selon Rafael Schvartzman, les compagnies aériennes « se sont rendu compte que même s’il est possible d’effectuer un redémarrage coordonné dans la zone UE, l’optimisme doit être au niveau de la capacité de réagir rapidement. Pour que cela se produise, ils ont besoin de flexibilité pour pouvoir déplacer leurs opérations pour répondre à la demande ». L’IATA et Eurocontrol (qui ont récemment abaissé leurs perspectives à court terme pour fin 2021/début 2022) prévoient des perspectives volatiles pour l’hiver à venir, en particulier pour le long-courrier.

Rappelons que cet assouplissement des règles avait entre autres empêché les compagnies aériennes de faire voler des avions vides (vols fantômes), dans le seul but de conserver leurs créneaux de décollage et d’atterrissage pour la saison suivante. L’IATA espère donc un seuil d’utilisation à 30% au maximum, « la seule solution viable et durable d’un point de vue environnemental et financier. Il y a encore trop d’inconnues sur les vaccinations, les rappels, les quatrièmes vagues et les variantes pour voir suffisamment de stabilité pour une utilisation élevée cet hiver ».

IATA : l’Europe à la traine pour la reprise du transport aérien si… 1 Air Journal

©Fraport