La Cour de cassation a rejeté les pourvois de la compagnie aérienne Air France et de l’avionneur Airbus, qui seront donc bien jugés de nouveau en correctionnelle pour « homicides involontaires » après le crash du Rio – Paris.

Suite là l’annulation en mai dernier du nom lieu qui avait suivi le précédent procès dans l’accident du vol AF447 en A330-200 entre Rio de Janeiro et Paris il y a douze ans (228 victimes), la compagnie nationale française et le constructeur européen s’étaient pourvu en cassation. La Cour a jugé le 25 aout 2021 ces pourvois irrecevables, et le procès en correctionnelle aura donc bien lieu, comme le demandaient au printemps le parquet général et les familles de victimes, à une date inconnue. Ni Air France ni Airbus n’ont réagi dans l’immédiat, l’arrêt complet n’ayant pas été publié.

Cette décision « vient clore douze années de procédures peuplées d’espoirs, d’incertitudes, d’humiliations mais jamais de résignation », a déclaré Danièle Lamy, présidente de l’association Entraide et Solidarité AF447, dans un communiqué publié par Sud-Ouest. « Toute la lumière pourra enfin être faite sur (cette) tragédie, l’histoire d’un crash annoncé depuis 2008 », a-t-elle ajouté, espérant un procès « équitable qui n’oubliera aucune des contingences coupables ». 

Rappelons que le parquet général, allant plus loin que ses prédécesseurs selon qui seule Air France devait être encore poursuivie, reproche à cette dernière des « manquements fautifs », en particulier pour ne pas avoir pris en compte le « niveau de gravité des multiples incidents de perte d’indication de vitesse qui s’étaient succédés sur quinze autres vols entre mai 2008 et mai 2009 ». En ce qui concerne Airbus, le parquet général explique qu’il aurait « sous-estimé la dangerosité des incidents anémométriques consécutifs au givrage des sondes ».

Les 216 passagers et 12 membres d’équipage du vol AF447 avaient péri dans l’accident du 31 mai 2009, le plus meurtrier de l’histoire d’Air France. Les magistrats avaient lors de l’annonce du non-lieu considéré que « cet accident s’explique manifestement par une conjonction d’éléments qui ne s’était jamais produite, et qui a donc mis en évidence des dangers qui n’avaient pu être perçus avant ». Selon le rapport du BEA publié en juillet 2012, le givrage en vol de sondes de vitesse Pitot avait conduit à un dérèglement des mesures de vitesse de l’A330, et désorienté les pilotes jusqu’au décrochage de l’appareil.

Crash du vol AF447 : Air France et Airbus iront bien en correctionnelle 1 Air Journal

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