La Cour d’appel de Paris examine à partir d’aujourd’hui la demande de renvoi en correctionnelle pour la compagnie aérienne Air France comme pour le constructeur Airbus, requise par le parquet général dans l’enquête sur le crash du vol AF 447 entre Rio de Janeiro et Paris qui avait fait 228 victimes il y a presque douze ans.

Ce 4 mars 2021, le parquet général et les familles de victimes plaideront à huis-clos pour un nouveau procès de la compagnie nationale française et du constructeur de l’A330-200 disparu le 31 mai 2009 au milieu de l’Océan Atlantique, après le non lieu obtenu il y a 17 mois au grand dam des familles de victimes et du syndicat SNPL (les pilotes étant tenus seuls responsables). Air France et Airbus avaient été mis en examen pour homicide involontaire deux ans après l’accident.

Le parquet général, allant plus loin que ses prédécesseurs selon qui seule Air France devait être encore poursuivie, reproche à cette dernière des « manquements fautifs », en particulier pour ne pas avoir pris en compte le « niveau de gravité des multiples incidents de perte d’indication de vitesse qui s’étaient succédés sur quinze autres vols entre mai 2008 et mai 2009 ». En ce qui concerne Airbus, le parquet général explique qu’il aurait « sous-estimé la dangerosité des incidents anémométriques consécutifs au givrage des sondes ».

« On commençait à désespérer et on entrevoit désormais la possibilité d’un procès », a commenté avec prudence dans Le Figaro Danièle Lamy, présidente de l’association Entraide et Solidarité AF447, dont un avocat expliquait que les familles de victimes ne « recherchent qu’une chose : qu’il y a ait un débat contradictoire » lors de ce nouveau procès. Le résultat de l’audience de ce jeudi ne sera pas connu avant plusieurs semaines.

Tous les passagers et membres d’équipage du vol AF447 avaient péri dans l’accident, le plus meurtrier de l’histoire d’Air France. Les magistrats avaient lors de l’annonce du non-lieu considéré que « cet accident s’explique manifestement par une conjonction d’éléments qui ne s’était jamais produite, et qui a donc mis en évidence des dangers qui n’avaient pu être perçus avant ».

Selon le rapport du BEA publié en juillet 2012, le givrage en vol de sondes de vitesse Pitot avait conduit à un dérèglement des mesures de vitesse de l’A330 et désorienté les pilotes jusqu’au décrochage de l’appareil.

Vol AF447 : Air France et Airbus devant la Cour d’appel 1 Air Journal

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