Une étude de ForwardKeys sur les principales tendances de voyage en 2021 montre que les voyages d’agrément aux États-Unis ont mené la reprise, que la paralysie de l’Asie-Pacifique s’est poursuivie mais que l’Amérique centrale, les Caraïbes et une grande partie de l’Afrique se sont avérés les plus résistants. Les aéroports de Doha et Amsterdam ont avancé dans la bataille des hubs, tandis que parmi les dix grandes villes sorties du Top 20 des destinations figurent Bangkok, Tokyo, Hong Kong et Los Angeles.

Toutes les tendances de 2021 résumées par ForwardKeys sont naturellement liées à la pandémie de Covid-19 : dans l’ensemble, les voyages aériens internationaux représentaient un peu plus du quart (26%) de leur niveau de 2019, avant la crise sanitaire. La région Asie-Pacifique n’a atteint que 8% de ce niveau, alors que l’Europe a atteint 30%, l’Afrique et le Moyen-Orient 36% et les Amériques 40%.

Une comparaison des principales villes de destination dans le monde, avant la pandémie en 2019 et tout au long de 2021, illustre « la forte tendance vers les voyages d’agrément en tête de la reprise ». Plusieurs grandes villes ont été poussées vers le bas ou hors du Top 20, « tandis que les principales destinations de loisirs, en particulier pour les vacanciers américains, ont grimpé en flèche », résume ForwardKeys. Alors que Dubaï reste en tête de classement (c’est une destination de loisirs majeure ainsi qu’une plaque tournante importante pour les voyages et le commerce), les progressions les plus notables incluent Miami, du 18e au 5e rang, Madrid du 16e au 10e. Nouveautés dans la liste, Cancun (Mexique) prend la 2eme place, Le Caire (Égypte) la 9eme, Punta Cana (République dominicaine) la 12eme, San Juan (Porto Rico) la 13eme devant Lisbonne, Athènes, Mexico, Palma Majorque, et Francfort en 20eme position. Les deux plus fortes progressions, Cancun et Miami, sont toutes deux “des destinations de loisirs majeures appréciées des vacanciers américains”. La plupart des nouveaux entrants en bas de la liste sont également des destinations de loisirs de premier plan, appréciées des vacanciers européens. Doha, qui est entrée à la 7e place, s’est particulièrement bien comportée en tant que plaque tournante de transit.

Paris en revanche à reculé de la 4eme à la 6eme place, et Londres de la 2eme à la 8eme. Les principales destinations pré-pandémie ne figurant plus dans le Top 20 incluent dix grandes villes : Bangkok, Singapour, Séoul, Tokyo, Osaka, Hong Kong, Shanghai, Taipei, Djeddah et Los Angeles, soit huit en Asie.

Transport aérien : les gagnants et les perdants de 2021 1 Air Journal

©ForwardKeys

Un point positif toutefois, souligne ForwardKeys : les voyages internationaux dans le monde ont plus que doublé entre le premier et le second semestre de l’année 2021, passant de 16% à 36% des niveaux d’avant la pandémie. Cependant, la reprise a été extrêmement inégale : en Asie-Pacifique, les arrivées de vols sont passées de 5% à 10%, en Europe de 14% à 45%, au Moyen-Orient et en Afrique de 24% à 48%, et dans les Amériques de 30% à 52%.

Certains pays ont été beaucoup plus résilients que d’autres face à l’impact de la Covid-19 sur les voyages. Les destinations les plus remarquables dans le maintien du nombre de visiteurs étaient l’Amérique centrale, en particulier le Salvador et le Belize, et les Caraïbes, « toutes des destinations de vacances pour les touristes américains ». Beaucoup d’entre eux ont réussi à enregistrer des taux de visite supérieurs à 60% des niveaux de 2019 tout au long de l’année. Le même degré de résilience aux voyages était vrai pour environ deux douzaines de pays d’Afrique ; « cependant, leur niveau de résilience est un peu moins remarquable car nombre d’entre eux ont des économies beaucoup moins dépendantes du tourisme ».

Transport aérien : les gagnants et les perdants de 2021 2 Air Journal

©ForwardKeys

Les voyages intérieurs ont été dominants en particulier dans les grands pays, rappelle l’étude. S’ils ont été nombreux à pouvoir imposer de sévères restrictions aux voyages internationaux en invoquant la nécessité de protéger leurs propres populations, « imposer des contraintes tout aussi strictes à ses propres populations est politiquement plus difficile ». Par conséquent, il y a eu une augmentation relative des voyages intérieurs, en particulier dans les pays géographiquement grands comme le Brésil, la Chine, la Russie et les États-Unis, où il est possible de voler pendant quelques heures sans franchir la frontière. En Chine, les volumes de voyages intérieurs sont revenus aux niveaux d’avant la pandémie dès septembre 2020 ; cependant, ils ont reculé en janvier et à nouveau en août, en raison d’une résurgence des cas de contamination. Au Brésil, en Russie, aux États-Unis et donc en Chine, les voyages domestiques ont atteint respectivement 148%, 128%, 87% et 76% des niveaux d’avant la pandémie au second semestre 2021, contre 50%, 28%, 39% et 1% pour les voyages internationaux dans ces quatre pays.

En grande partie en raison de la tendance aux voyages intérieurs dans les grands pays, les compagnies aériennes de ces marchés ont mieux résisté à la tempête que les transporteurs dont l’activité est davantage orientée vers les voyages internationaux court-courriers. Ceci est illustré par une analyse des 20 premières compagnies aériennes en 2021 par rapport à 2019. Les principaux transporteurs européens sont tous tombés ou hors du classement ; et ils ont été remplacés par des compagnies aériennes qui ont des activités importantes en Chine et aux États-Unis, qui ont mieux réussi à maintenir leur capacité. Par exemple, Ryanair et easyJet, les deux plus grands transporteurs européens, sont passés respectivement de la 5e position à la 7e et de la 8e à la 16e. Lufthansa, British Airways et Air France, les plus grands transporteurs historiques d’Europe, sont sortis de la liste des 20 premiers, tout comme Emirates et Air Canada ; ils ont été remplacés par Shenzhen Airlines, JetBlue, Spirit, Hainan et Xiamen.

Transport aérien : les gagnants et les perdants de 2021 3 Air Journal

©ForwardKeys

Enfin dans ce que ForwardKeys appelle « la bataille des hubs », en Europe l’aéroport d’Amsterdam a comblé l’écart avec Francfort pour les transits intra-européens et les connexions avec l’Amérique du Nord, tandis que Doha a dépassé Dubaï pour devenir le principal aéroport du Moyen-Orient pour le trafic aérien entre l’Asie du Sud, le Moyen-Orient, l’Amérique du Nord et l’Afrique subsaharienne. Avant la pandémie, la liste des dix principaux aéroports mondiaux était dominée par Dubaï avec 7,7% de parts de marché des liaisons aériennes intercontinentales, suivi par Francfort, Amsterdam, Doha, Istanbul, Paris, Hong Kong, Munich, Londres et Abou Dhabi. En 2021, l’aéroport Schiphol avec 8,3% de part des vols intercontinentaux devance Francfort (8,2%), Istanbul (6,8%), Doha (6,7%), Dubaï (5,9%), Paris (5,0%), Panama City (3,5%), Addis-Abeba (3,1%), Munich (2,9%) et Madrid (2,4%).

Transport aérien : les gagnants et les perdants de 2021 4 Air Journal

©ForwardKeys