Le CEO du groupe Lufthansa a confirmé que compagnie aérienne allemande va créer une deuxième filiale de type CityLine, qui aura pour mission d’alimenter ses hubs de Francfort et Munich – et d’employer quelques 250 pilotes sans emploi depuis la fermeture de Germanwings

Carsten Spohr a souligné suite à la présentation des résultats financiers annuels que Lufthansa lancera en 2023 cette nouvelle filiale, qui devrait disposer d’une quarantaine d’Airbus. Le nouvel AOC (certificat d’opérateur aérien) aura pour objectif de « protéger les emplois de 250 pilotes qui les ont perdus avec la fermeture de Germanwings », basée à l’aéroport de Cologne-Bonn et disparue il y a deux ans quand Lufthansa avait lancé sa restructuration (son code 4U avait été remplacé par le EW d’Eurowings). La filiale aura aussi pour mission de baisser les coûts unitaires du groupe, en particulier dans des deux principaux aéroports

Ces pilotes seront nécessaires dès cet été avec la reprise attendue du trafic moyen-courrier, a souligné le CEO ; et les laisser partir pour les réembaucher l’année prochaine au sein de la nouvelle filiale « serait très coûteux au regard du droit allemand ». Ils auront les mêmes contrats que ceux en vigueur chez Lufthansa Cityline. Qui de son côté pourrait bénéficier de la nouvelle filiale pour augmenter la taille de sa flotte, taille dont la limite est actuellement en cours de renégociation avec les syndicats de pilotes (elle opère 50 monocouloirs Airbus, Bombardier et Embraer).

Pour Casten Spohr, le syndicat de pilotes Vereinigung Cockpit (VC) « ne peut pas arrêter ce projet, car on peut ouvrir des AOC autant qu’on veut. Ces pilotes auraient également pu rejoindre d’autres AOC, Lufthansa ou CityLine, mais le syndicat ne voulait pas cela parce qu’il ne voulait pas que ces pilotes contournent la séniorité des pilotes existants ».

VC justement exprimait au début du mois son « incompréhension » face au projet : son président Stefan Herth n’y voit « aucune réorientation de la stratégie globale. Nous reconnaissons un besoin de consolidation et la nécessité d’une réorientation globale du groupe Lufthansa. La stratégie consistant à établir et à fermer constamment de nouvelles plates-formes n’a pas apporté le succès souhaité à Lufthansa dans le passé, et est à courte vue et non créative ».

Le syndicat estime que Lufthansa devrait définitivement se concentrer sur « l’amélioration de la qualité de ses produits et sur des structures plus efficaces, au lieu de chercher le salut dans des plates-formes toujours nouvelles », ajoute son président. Un autre responsable a dénoncé une augmentation de « la complexité déjà déroutante du groupe, qui risque de l’enliser ».

Rappelons qu’en décembre 2020, le groupe assurait qu’il n’y aurait « aucun licenciement sec » dans le cadre de son accord avec les quelque 5000 pilotes exerçant dans les filiales Lufthansa, Germanwings, Austrian Airlines, Brussels Airlines et SWISS – un accord prolongé seulement jusqu’en avril 2021 ; le chômage partiel de ces pilotes avait été prolongé jusqu’à la fin de l’année dernière. Mais ceux de Germanwings n’étaient pas « couverts » par la dérogation aux licenciements obligatoires » comme leurs collègues.

Lufthansa : une nouvelle filiale MC pour 2023 1 Air Journal

©Lufthansa