Seule compagnie aérienne européenne à desservir la Russie depuis l’invasion de l’Ukraine, Air Serbia a renoncé à augmenter ses fréquences vers Moscou, tandis que la low cost Flydubai y a suspendu deux routes indéfiniment. Les vols de rapatriement depuis la Chine ou le Nigeria entre autres se multiplient, Safran a suspendu ses coentreprises notamment dans le programme du Sukhoi SSJ100, et un commandant de bord de le compagnie russe Pobeda s’est publiquement déclaré contre la guerre.

Alors que la Serbie n’a toujours pas condamné l’invasion, Air Serbia confirmait la semaine dernière son intention d’augmenter ses fréquences entre sa base à Belgrade-Nikola Tesla et les aéroports de Moscou-Sheremetyevo et St Petersburg-Pulkovo, afin de répondre à la demande (née entre autres de l’interdiction de vol d’Aeroflot dans l’espace aérien européen). Mais elle a finalement renoncé à doubler ses vols vers la capitale russe, devant les critiques et la « chasse aux sorcières » pour reprendre la phrase du Président serbe Aleksandr Vucic – quand la vice-ministre ukrainienne des Affaires étrangères soulignait sur les réseaux sociaux que « gagner de l’argent sur le sang ukrainien est indigne d’un pays candidat à l’Union européenne ».

Un Airbus A330-200 d’Air Serbia a par ailleurs été victime d’une alerte à la bombe vendredi peu après son départ vers Moscou, le forçant à revenir à Belgrade. Rien n’a été découvert à bord de l’avion immatriculé YU-ARB. Il a depuis opéré des rotations vers New York et Istanbul, avant de repartir hier soir vers la capitale russe.

A Dubaï en revanche, la low cost Flydubai a annoncé son intention du maintenir sine die la suspension de ses routes vers les aéroports de Rostov et de Krasnodar dans le sud de la Russie. « Nous sommes en contact avec nos passagers concernant leurs options de remboursement et de changement de réservation. Cela pourrait ouvrir demain, ou prendre plus de temps, cela dépend vraiment de la situation elle-même », a-t-elle déclaré à The National. Ces deux destinations avaient initialement été suspendues au début de l’invasion, en même temps que ses vols vers l’Ukraine et la Biélorussie ; Flydubai continue cependant de desservir Moscou-Vnukovo. Rostov en particulier n’accueille plus aucune compagnie étrangère, Turkish Airlines y ayant déjà suspendu sa route depuis Istanbul.

Les vols de rapatriement se poursuivent aux frontières de l’Ukraine : la Chine par exemple en a opéré sept depuis le début du mois pour évacuer ses ressortissants, vers les aéroports de Varsovie (avec Xiamen Air) et Bucarest (avec Air China, China Eastern Airlines et China Southern Airlines), et d’autres sont prévus vers la Roumanie cette semaine. Au Nigeria, Azman Air a déployé samedi un Airbus A340-600 (5N-AAM) entre Kano et l’aéroport de Budapest, ramenant à Abuja 310 étudiants – le sixième vol de rapatriement du pays vers la zone de guerre, les précédents étant opérés par Air Peace vers la Pologne, la Hongrie et la Roumanie.

En Finlande où elle a du modifier considérablement son programme de vols, Finnair a annoncé pour les réfugiés ukrainiens des réductions pouvant atteindre 95% (hors taxes) sur le prix de l’aller simple vers Helsinki, au départ de Varsovie, Cracovie, Gdansk, Prague et Budapest. L’offre est valable jusqu’à la fin mars, la compagnie nationale soulignant que ses clients ont déjà donné plus de 200.000 euros en points de fidélité pour l’aide humanitaire.

Pour les Russes ordinaires coincés à l’étranger par les sanctions occidentales, le retour est en revanche beaucoup plus compliqué : les compagnie locales ont quasiment suspendu tous leurs vols internationaux depuis le 8 mars, et le blocage des cartes de crédit occidentales et des transferts d’argent leur empêche d’acquérir un nouveau billet d’avion sur un transporteur différent. En Thaïlande par exemple, où quelque 6500 ressortissants russes se trouvaient au début du conflit, les autorités ont levé les règles habituelles de visa le temps que des solutions soient trouvées.

Ces sanctions ont aussi des conséquences industrielles : après les annonces d’Airbus, Boeing et Embraer, c’est Safran qui selon le Wall Street Journal a mis fin à ses coentreprises en Russie. Cela concerne en particulier celle avec UEC NPO Saturn pour les moteurs et trains d’atterrissage des Sukhoi SSJ100 Superjet, et celle avec Volgaero qui produit des pièces de moteurs vendus en occident. « Toutes les activités mentionnées ci-dessus ont été arrêtées pour se conformer aux sanctions américaines et européennes », a indiqué la société, ces coentreprises employant environ 500 personnes et rapportant à Safran quelque 300 millions d’euros par an, 2% des revenus globaux selon le WSJ.

Enfin on retiendra l’histoire d’un commandant de bord de la low cost Pobeda (filiale d’Aeroflot), qui lors d’un vol vers Antalya en Turquie a déclaré aux passagers : « Bienvenue à Antalya et merci d’avoir volé avec Pobeda. Je parle pour moi et non pour l’entreprise. Je pense que la guerre en Ukraine est un crime. Je crois aussi que tout citoyen raisonnable sera d’accord avec moi et fera tout pour l’arrêter ». Certains passagers auraient applaudi selon l’auteur de la vidéo mise en ligne. L’histoire ne dit pas s’il est reparti vers la Russie.   

Guerre en Ukraine : Air Serbia, rapatriements, SSJ100 et CdB courageux 1 Air Journal

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