Un tribunal du Texas a acquitté Mark Forkner sur toutes les charges pesant contre lui, notamment celle d’avoir menti à la FAA à propos des modifications logicielles des Boeing 737 MAX, dont le MCAS avait entrainé deux crashes ayant fait 346 victimes chez Lion Air puis Ethiopian.

Dans le procès ouvert la semaine dernière à Fort Worth, l’ancien chef pilote d’essai de Boeing – le seul employé poursuivi au pénal – était accusé par le gouvernement pour son implication dans la genèse du monocouloir remotorisé : Mark Foster avait découvert en 2016 un important changement effectué sur le logiciel de contrôle des commandes de vol du 737 MAX, le MCAS, censé empêcher l’avion de partir en piqué et impliqué dans les deux accidents. Dans un message à un collègue révélé en 2019, il avait notamment indiqué que le logiciel rendait l’avion « difficile à piloter en simulateur ». Mais il a selon l’accusation « délibérément choisi de ne pas partager toutes les informations avec la FAA », qui n’avait en conséquence pas exigé de référence au MCAS dans la formation des pilotes.

Le pilote était en outre accusé d’avoir cherché à « induire en erreur » les clients de Boeing American Airlines et Southwest Airlines, en ne présentant pas aux deux compagnies aériennes toutes les informations disponibles « lorsqu’ils finalisaient leur commande, notamment sur la formation nécessaire » ; et ce afin de ne pas faire perdre d’argent à Boeing.

Mais la défense de Mark Forkner a réfuté les allégations selon lesquelles il aurait menti à ses supérieurs chez Boeing, affirmant que les ingénieurs et les pilotes d’essai de Boeing qui avaient conçu le logiciel MCAS et construit l’avion « ne l’avaient pas tenu au courant ». Et l’accusation n’a pas présenté de preuves tangibles aux accusations de certains témoins, à qui l’ex-chef pilote aurait avoué la dissimulation.

Le jury a donc déclaré Mark Forkner non coupable des deux chefs d’inculpation, pour lesquels il risquait jusqu’à 20 ans de prison après avoir été inculpé par les autorités américaines en novembre dernier. Son avocat David Gerger a remercié « un juge et un jury indépendants, intelligents et justes » ; quatre autres chefs d’accusation avaient été retoqués en février par le juge.

Rappelons qu’accusé de complot en vue de commettre une fraude pour avoir caché des informations sur le système MCAS lors de la certification du 737 MAX, Boeing avait déjà accepté en janvier 2021 de payer plus de 2,5 milliards de dollars pour échapper aux poursuites. Mais l’amende pénale n’était que de 243,6 millions pour les méfaits commis par seulement deux employés, le reste concernant les indemnisations des compagnies aériennes et un fonds de 500 millions à établir pour les familles des 346 victimes du vol JT610 de Lion Air et du vol ET302 d’Ethiopian Airlines.

Crashes des Boeing 737 MAX : le pilote d’essai acquitté 1 Air Journal

Crash Lion Air ©BASARNAS