La compagnie aérienne Rossiya Airlines a été autorisée par son régulateur à effectuer la maintenance de ses Airbus et Boeing encore en Russie, Vietnam Airlines suspend ses vols vers Moscou, la Moldavie rouvre une partie de son espace aérien, et Bombardier dit avoir annulé des commandes de jets privés destinés à la Russie.

Alors que les sanctions prises suite à l’invasion de l’Ukraine par la Russie continuent d’impacter le transport aérien, le régulateur russe Rosaviatsia a autorisé selon l’agence Interfax Rossiya Airlines, filiale du groupe Aeroflot, à opérer dans ses installations de Saint-Pétersbourg la « maintenance rapide et de routine » de ses appareils occidentaux et des composants. La compagnie aérienne ne pouvait jusque là effectuer ces opérations que sur les 67 Sukhoi SSJ100 Superjet (dont seulement 25 sont actifs selon Planespotters), mais sa flotte compte également 18 Airbus A319, huit A320, douze Boeing 737-800, neuf 747-400 et dix 777-300 et -300ER. Les deux grands constructeurs occidentaux appliquent l’embargo sur les services et sur les pièces détachées dans le cadre des sanctions.

Toujours selon Interfax, la même autorisation aurait été donnée à A-Technics, filiale MRO du groupe Aeroflot (272 Airbus et Boeing toutes filiales comprises) et à Azur Air (33 Boeing).

Le ministre des transports Vitaly Savelyev a par ailleurs expliqué mercredi que la Russie « utilisera l’expérience de l’Iran dans la gestion des sanctions », notamment en explorant des « voies légales » pour résoudre le problème des sociétés de leasing occidentales dont les avions opérés dans le pays ne peuvent être rendus à leurs propriétaires. Cela concerne plus de 500 appareils au total, principalement détenus par des sociétés basées en Irlande ; à ce jour, 78 des avions loués à l’étranger ont été saisis à la suite de vols vers l’étranger, a révélé le ministre lors d’une réunion du Comité de politique économique du Conseil de la Fédération de Russie, alors qu’ils étaient moins de 30 le weekend dernier. Rappelons que ces sociétés ont jusqu’à lundi prochain pour récupérer leurs appareils, selon les sanctions européennes.

Guerre en Ukraine : maintenance, saisies, vols vers Moscou et Bombardier 1 Air Journal

©Papas Dos

Hors de Russie, Vietnam Airlines a annoncé mercredi la suspension de ses vols entre sa base à Hanoi-Noi Bai et l’aéroport de Moscou-Sheremetyevo à compter de demain 25 mars et jusqu’à nouvel ordre. Raison donnée selon la presse locale : la compagnie nationale vietnamienne « doit revoir et clarifier les procédures, les exigences et les réglementations relatives aux assurances et aux opérations aériennes vers la Russie ». Vietnam Airlines a exprimé « ses profonds regrets face à ce cas de force majeure », et propose aux passagers affectés des remboursements ou des replacements sur d’autres vols. Elle était seule à opérer entre les deux capitales, une route relancée en janvier 2022 après deux ans de suspension liée à la pandémie de Covid-19. La compagnie de l’alliance SkyTeam « travaille dur avec les agences concernées afin de reprendre l’exploitation de cette liaison dès que possible ».

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©Airbus

En Moldavie où l’espace aérien avait été fermé dès le 24 février, un allègement de la mesure a été mis en place lundi par l’Autorité de l’aviation civile, afin de permettre des opérations régulières dans le seul aéroport du pays, celui de la capitale Chisinau. Selon le régulateur, cela concerne uniquement l’espace aérien au-dessus de la ville et vers l’ouest en direction de la Roumanie, à FL200 au maximum (altitude de 20.000 pieds). Des vols charters y étaient déjà opérés, notamment pour du fret humanitaire ; avant le déclenchement de la guerre en Ukraine voisine, Chisinau accueillait les avions d’une grosse quinzaine de compagnies aériennes dont la low cost locale FlyOne (qui dessert Paris et doit se poser à Nice en juin), Air Moldova, HiSky (qui desservent Beauvais) ou la low cost Wizz Air (avec des lignes vers Bâle-Mulhouse et Beauvais) Aucune n’a cependant annoncé le retour à un programme de vols régulier vers Chisinau, desservi également par Aeroflot et S7 Airlines.

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©Air Moldova

Au Canada, Bombardier a annoncé mercredi avoir annulé des commandes d’avions d’affaires destinées à la Russie, sans en préciser le nombre. Le directeur général Eric Martel a expliqué la décision par les sanctions occidentales, qui concernent en particulier les pièces détachées – un marché où la surveillance est particulièrement compliquée. « Bombardier ne vend plus de pièces à aucun avion exploité en Russie ou même simplement immatriculé dans le pays », a-t-il déclaré, avant de souligner que le marché des jets privés « est si fort que nous pouvons redéployer ces avions dans d’autres régions ».”

Les avions régionaux de Bombardier opèrent sur des lignes intérieures en Russie bien moins de vols que les Airbus et Boeing, et même que les Sukhoi, mais ses avions d’affaires comme ceux de ses rivaux y sont particulièrement recherchés (y compris par les oligarques).

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©Bombardier

On retiendra enfin un incident à l’aéroport de Pise-Galileo Galilei samedi dernier : près de 2000 personnes ont manifesté après que des employés de l’aéroport y ont dénoncé l’envoi d’armes vers l’Ukraine sous couvert de fret humanitaire. « Les employés de l’aéroport ont déclaré que les marchandises à l’intérieur de l’avion n’étaient ni de la nourriture ni des vêtements. Il y avait des armes. Alors ils ont dit que ce n’était pas leur travail. Et ils n’ont pas préparé la cargaison », a déclaré Cinzia Della Porta, représentante de la branche toscane de l’Unione Sindacale di Base (USB), l’un des plus grands syndicats du pays. Selon les normes de sécurité, une telle cargaison ne peut pas être expédiée depuis un aéroport civil, ce qui est dangereux pour les travailleurs, a souligné l’USB ; « il y a aussi un aéroport militaire à proximité, cela ne peut tout simplement pas être arrivé par erreur », a dénoncé la responsable. Mario Carrai, président de Toscana Aeroporti qui gère l’aéroport de Pise, a depuis assuré qu’il n’y aurait plus de livraisons d’armes depuis la plateforme civile.

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©Aeroporto di Pisa