Les sociétés de leasing occidentales ont commencé à récupérer les avions loués aux compagnies aériennes russes, avec la fin mars comme date butoir en raison des sanctions de l’UE prises suite à l’invasion de l’Ukraine par les troupes de Moscou. Le secteur du fret risque de son côté

En plus des différentes fermetures d’espaces aériens et des sanctions touchant l’envoi de pièces détachées en Russie, l’Europe a donné aux sociétés de leasing qui y sont basées jusqu’au 28 mars 2022 pour résilier les contrats passés avec les Aeroflot, S7 Airlines ou autres Nordwind Airlines entre autres. Dans le cadre de l’interdiction des services, mais avec suffisamment de flou – y compris de la part des autorités russes – pour inquiéter ces loueurs. Ils se demandent comment récupérer aussi vite les appareils aujourd’hui stationnés dans les aéroports russes.

L’Irlande est particulièrement affectée puisqu’y sont basés deux géants du leasing, AerCap (149 avions loués aux compagnies russes) et SMBC Aviation Capital (34). Mais au total, ce sont 515 avions selon Cirium qui sont concernés ; et ch-aviation évoque 643 appareils occidentaux loués en Russie, sur les 804 fournis par les constructeurs Airbus, Boeing, ATR ou Embraer aux transporteurs du pays.

Environ 100 millions de dollars par mois sont versés par les compagnies aériennes russes aux sociétés de leasing basées en Irlande, d’après un analyste interrogé par le quotidien Irish Times ; « si les banques que ces compagnies aériennes utilisent sont sanctionnées, il sera très difficile d’effectuer des paiements ». Or les sanctions européennes incluent le système bancaire, et empêchent de fait les compagnies aériennes du pays de payer leurs traites.

La mise à l’arrêt du trafic aérien entre l’Europe et la Russie va compliquer un peu plus les avions concernés ; des appareils sont cependant dans des aéroports étrangers, comme le 737-800 VQ-BTC de la filiale low cost d’Aeroflot Pobeda (filiale low cost d’Aeroflot), qui aurait selon l’agence Tass été bloqué à Istanbul à la demande du loueur irlandais Avolon ; la société affiche aussi comme clients Redwings, UTair et Ural Airlines sur son site, mais pour un total inférieur à 20 avions. Et un 777-300ER (VP-BJP) de Norwind Airlines est apparemment bloqué à l’aéroport de Mexico, à la demande d’Aircastle (USA, mais avec des bureaux en Irlande).

Guerre en Ukraine : impact sur la location d’avion et le fret 1 Air Journal

©AerCap

Outre les sociétés de leasing, ce sont aussi les transporteurs de fret qui vont être affectés par la guerre en Ukraine, les capacités déjà réduites par la pandémie de Covid-19 (avec à la clé une augmentation des prix » devant être extrêmement affectées par les sanctions. La fermeture des espaces aériens va en effet avoir dues répercussions sur les activités des compagnies aériennes (le fret vers l’Asie du nord est déjà suspendu par les Air France-KLM Lufthansa Group ou autres Virgin Atlantic), mais parmi les plus grands acteurs du fret aérien se trouvent Volga-Dnepr et sa filiale AirBridgeCargo, avec 50 gros porteurs Antonov et Boeing basées en Russie – et qui représenteraient un cinquième du volume mondial de fret aérien (et 70% du trafic fret entre l’UE et la Russie).

Ces deux géants font face aux mêmes problèmes bancaires que les compagnies commerciales, et comme elles à la montée des cours du pétrole. « La fragile chaîne d’approvisionnement mondiale du fret aérien est déjà sensible aux chocs mineurs. La guerre en Ukraine et les sanctions qui en résultent pourraient à nouveau bouleverser l’industrie, juste au moment où l’impact de la Covid-19 semblait mieux maîtrisé », a résumé un analyste dans Aircargoeye.

Guerre en Ukraine : impact sur la location d’avion et le fret 2 Air Journal

©Boeing