En décembre dernier, Air Algérie a annoncé commencer à rembourser quelque 500 000 billets aux clients qui ne comptent pas voyager de nouveau et qui ne souhaitent pas utiliser leurs bons à valoir accordés pour des vols annulés pendant la pandémie de Covid-19.

La compagnie nationale algérienne n’avait pas d’autre choix que de passer à la caisse, face aux poursuites engagées par des clients lésés en Europe et au Canada. Elle rembourse effectivement bien aujourd’hui. Pour exemple, le voyagiste Bourse des vols obtenu mardi auprès de l’agence parisienne d’Air Algérie le remboursement intégral de 150 demandes qui étaient en attente depuis des mois. Selon une source bien informée, la compagnie nationale doit traiter quelque 25000 demandes en France, parmi lesquelles il y aurait 4000 à 5000 doublons, ce qui entraîne vérification et inévitablement du retard sur certains dossiers.

Si la vingtaine de compagnies aériennes qui tardaient à rembourser leurs vols annulés, et qui avaient été mises en demeure par des associations de consommateurs, ont fini par entamer des remboursements, certaines jouent encore la montre, au mépris du règlement du droit des passagers de l’Union européenne.

TAP Portugal, en pleine restructuration et réorganisation de son service clientèle, ne rembourse pas ou rembourse juste les taxes d’aéroport. Quant à Tunisair, elle avait remboursé une partie des demandes puis a tout arrêté, gardant depuis deux mois un silence radio complet sur la question. Thai Airways est la pire des élèves : elle demande aux particuliers d’utiliser leurs avoirs sur un prochain vol et propose aux voyagistes de les rembourser à hauteur de 2,5% par mois. Oui, 2,5% par mois ! Et donc avec la compagnie thaïlandaise (qui a repris sa desserte de Paris et s’apprête à la renforcer cet été), il faudra patienter jusqu’à 40 mois pour être totalement remboursé !  “On ne peut que regretter que des compagnies aériennes aussi sérieuses que les “trois T, TP, TU, TG (TAP Portugal, Tunisair et Thai Airways, ndlr) compromettent une réputation acquise de longue date, par des résistances inutiles au remboursement des billets Covid-19. Il est temps que notre industrie se réhabilite vis-à-vis des passagers“, souligne Fabrice Dariot de l’agence Bourse des vols.

Pour rappel, l’article 8 du règlement européen n°261/2004 de 2004 indique clairement qu’en cas d’annulation d’un vol par la compagnie aérienne, le passager a le droit à un remboursement du billet sous 7 jours. Une règle légèrement modifiée toutefois par la crise sanitaire : depuis le 13 mai 2020, la Commission européenne autorise les compagnies aériennes à proposer un avoir, qu’il est possible de refuser et qui est dans tous les cas remboursables au bout de 12 mois s’il n’a pas été utilisé.

Face aux pressions de Bruxelles, 16 compagnies aériennes, parmi lesquelles Air France, KLM, Lufthansa, Ryanair et easyJet se sont engagées à rembourser les passagers dont le vol est annulé dans un délai de 7 jours. Pour obtenir de l’aide et des infos en cas de problème pour son remboursement, le Centre européen des consommateurs a un portail dédié, de même que l’association UFC-Que Choisir.

Vols annulés : Air Algérie rembourse... mais d'autres jouent encore la montre 1 Air Journal

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