La « nouvelle » compagnie aérienne Jet Airways a décollé jeudi pour la première fois depuis plus de trois ans, mais il ne s’agissait que d’un vol d’essai autour d’Hyderabad. La relance des opérations commerciales reste prévue d’ici la fin de l’année.

Le 5 aout 2022, le Boeing 737-800 de la compagnie indienne (VT-SXE) a volé pendant 97 minutes autour de l’aéroport d’Hyderabad, avant d’être repositionné dans sa base à Delhi-Indira Gandhi. « Aujourd’hui, jour de notre 29e anniversaire, Jet Airways a de nouveau volé ! Une journée émouvante pour nous tous qui avons attendu, travaillé et prié pour cette journée, ainsi que pour les clients fidèles qui ont hâte que Jet reprenne ses opérations », a déclaré le la compagnie sur les réseaux sociaux. Précisant que le vol d’essai en question rentrait dans le cadre de sa campagne de certification, des « proving flights » devant être programmés « dans les prochains jours » sous l’égide du régulateur DGCA et des autorités indiennes de l’aviation.

Le dernier vol commercial de « l’ancienne » Jet Airways remonte au 17 avril 2019, et deux mois plus tard elle entamait une procédure de faillite avec une dette de 1,6 milliard de dollars. Elle a trouvé de nouveaux investisseurs qui ont obtenu en octobre 2020 le feu vert des créanciers pour un redémarrage des opérations. Le recrutement de pilotes a commencé en aout dernier, et son certificat de transporteur aérien (AOC) est donc en cours de « revalidation ».

La « nouvelle » Jet Airways planifie désormais de relancer des vols domestiques initialement entre Delhi et Mumbai fin 2022 ou début 2023, suivis par des liaisons vers l’Asie du Sud-est et le Moyen-Orient, puis sur le long-courrier. Mais elle ne dispose plus que de neuf avions, contre 123 au sommet de sa gloire : deux Boeing 737-800, un 737-900 et cinq 777-300ER selon Planespotters. Son nouvel actionnaire, le consortium Jalan-Kalrock, aurait donc lancé négociations avec Boeing et Airbus pour acquérir jusqu’à cent monocouloirs, avec un budget d’environ 12 milliards de dollars.

L’avionneur américain fait évidemment figure de favori pour cette possible commande, Jet Airways ayant opéré 150 Boeing 737 avant sa faillite – et avait reçu en juin 2018 le premier des 150 737 MAX alors attendus. Elle avait en outre commandé dix 787 Dreamliner. Boeing a par ailleurs le vent en poupe en Inde, après la commande de 72 MAX par la future low cost Akasa Air lors du Salon de Dubaï. Il fournit aussi des monocouloirs à la low cost SpiceJet, qui a déjà reçu 13 des 205 MAX commandés.

Airbus serait également sur les rangs avec la famille A320neo, qui règne dans les flottes des low cost indiennes telles qu’IndiGo (250 monocouloirs en service dont 184 A320neo et A321neo, plus de 300 neos commandés) et Go First (ex-GoAir, 59 Airbus dont 52 des 144 A320neo commandés). L’avionneur européen serait prêt à trouver des créneaux de livraisons plus rapprochés pour Jet Airways.

Rappelons que la « version 2.0 » de Jet Airways sera toujours full service, et cherchera à convaincre en particulier les voyageurs d’affaires avec un programme de fidélité étoffé. Ankit Jalan estime qu’il y a « assez de place » pour une offre supplémentaire, malgré la concurrence du nouveau géant indien formé par Tata (Vistara) suite au rachat d’Air India. D’après le neveu de l’actionnaire Murari Lal Jalan, le consortium pourrait investir environ 200 millions de dollars au cours des six prochains mois sous forme de capitaux propres et de prêts.

Inde : Jet Airways a redécollé (vidéo) 1 Air Journal

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