La compagnie aérienne South African Airways n’ayant aucune valeur monétaire, elle devrait être vendue pour 51 rands (3 dollars) au consortium Takatso – si la transaction est finalement approuvée.

En février dernier, le gouvernement sud-africain annonçait avoir finalisé la vente de 51% du capital de sa compagnie nationale aérienne South African Airways au consortium Takatso ; le montant de cette vente est désormais connu : 51 rands, soit 3,03 euros. Takatso a précisé dans un communiqué que « les structures de cette nature se caractérisent généralement par un prix d’achat bas et d’importants engagements de financement futurs, et sont généralement utilisées pour des actifs en difficulté tels que SAA qui nécessitent une restructuration et une recapitalisation importantes pour assurer un modèle économique durable ».

 

Le consortium s’est en effet engagé à investir 3 milliards de rands (178,5 millions d’euros) dans la compagnie aérienne en fonds de roulement sur deux ans (au lieu de trois comme indiqué initialement), les 51 rands étant officiellement « sa part des frais de transaction nominaux » légalement requis. Le tout doit encore être définitivement approuvé : le ministre des Entreprises publiques Pravin Gordhan a d’ailleurs annoncé que la transaction « était toujours avec les avocats », sans aucune visibilité sur le moment où elle serait officialisée. Car il faut aussi changer la « loi SAA » ayant conduit à sa création, un processus très politique et pas encore entamé…

Après onze mois de tractations et de négociations, l’avenir privé de la compagnie nationale sud-africaine basée à l’aéroport de Johannesburg-OR Tambo progresse donc, toujours aussi lentement. Le consortium Takatso est une coentreprise entre Global Aviation Operations (qui détient entre autres la low cost Lift) et le gestionnaire de fonds Harith General Partners (et de l’aéroport Lanseria près de Johannesburg).

Le gouvernement ajoutera 1,8 milliard de rands supplémentaires (107 millions d’euros) aux 3 milliards du consortium durant cette année fiscale, notamment pour éponger une partie des dettes de SAA ; il s’agit de la dernière tranche du milliard mis de côté en 2020 pour sauver la compagnie aérienne, mais une nouvelle aide publique est déjà discutée. Rappelons que les filiales de SAA (la low cost Mango, SAA Technical et AirChefs) sont exclues du processus de sauvetage.

La compagnie de Star Alliance a depuis le début du mois un nouveau CEO, John Lamola, qui assume également rôle de président exécutif. Parmi ses défis : un audit montre que le groupe a accumulé « près de 1,4 milliard de dollars en dépenses irrégulières et inutiles » entre 2016 et 2018, un chiffre susceptible d’augmenter selon l’Autorité sud-africaine d’audit (AGSA), « car les situations financières du groupe pour quatre exercices n’ont pas encore été établies ». Un premier rapport sur la corruption au sein des entreprises d’état avait déjà détaillé les allégations de « corruption, mauvaise administration, fraude ou blanchiment d’argent entre autres », particulièrement au sein du groupe South African Airways.

SAA dispose désormais de sept avions, trois Airbus A319, deux A320, un A330-300 et un A340-300, contre 46 avant la pandémie de Covid-19 ; la reprise des vols long-courriers est espérée au second semestre 2022.

South African Airways vendue pour 3 euros 1 Air Journal

©South African Airways