L’Association du transport aérien international (IATA) prévoit que le secteur perdra encore cette année quelque 9,7 milliards de dollars, une nette amélioration par rapport aux deux années précédentes, et avant un possible retour aux bénéfices en 2023.

L’IATA a mis à jour le 20 juin 2022 ses perspectives pour les performances financières de l’industrie du transport aérien cette année, « alors que le rythme de reprise après la crise de la Covid-19 s’accélère ». Les pertes de l’industrie devraient se réduire à 9,7 milliards de dollars, une amélioration par rapport aux prévisions d’octobre 2021 qui évoquaient une perte de 11,6 milliards, pour une « marge de perte nette de -1,2% ». Il s’agit selon l’association représentant 290 compagnies aérienne assurant 83% du trafic mondial d’une « énorme amélioration » par rapport aux pertes de 137,7 milliards de dollars (-36,0 % de marge nette) en 2020 et de 42,1 milliards de dollars (-8,3 % de marge nette) en 2021.

La rentabilité en 2023 à l’échelle de l’industrie « semble à portée de main », prédit désormais l’IATA, soulignant que la seule Amérique du Nord devrait générer un bénéfice de 8,8 milliards de dollars dès 2022. Les gains d’efficacité et l’amélioration des rendements aident les compagnies aériennes à réduire leurs pertes « même avec la hausse des coûts de la main-d’œuvre et du carburant (ces derniers étant entraînés par une augmentation de 40% du prix mondial du pétrole et un élargissement de la propagation du crack cette année) », précise son communiqué.

L’optimisme de l’industrie et son engagement à réduire les émissions « sont évidents dans la livraison nette prévue de plus de 1200 avions en 2022 ». La forte demande refoulée, la levée des restrictions de voyage sur la plupart des marchés, le faible taux de chômage dans la plupart des pays et l’augmentation de l’épargne personnelle « alimentent une résurgence de la demande qui verra le nombre de passagers atteindre 83% des niveaux d’avant la pandémie en 2022 ». Et malgré les difficultés économiques, les volumes de fret devraient atteindre un niveau record de 68,4 millions de tonnes en 2022, prédit l’IATA.

« Les compagnies aériennes sont résilientes. Les gens sont de plus en plus nombreux à voler. Et le fret se porte bien dans un contexte d’incertitude économique croissante. Les pertes seront réduites à 9,7 milliards de dollars cette année et la rentabilité est à l’horizon pour 2023. L’heure est à l’optimisme, même s’il reste des défis en matière de coûts, en particulier de carburant, et des restrictions persistantes sur quelques marchés clés », a déclaré Willie. Walsh, directeur général de l’IATA, à l’occasion de la 78eme AG qui se déroule à Doha.

Pour l’association, les revenus augmentent à mesure que les restrictions liées à la COVID-19 s’assouplissent et que les gens recommencent à voyager, mais l’enjeu de cette année 2022 reste de maîtriser les coûts. « La réduction des pertes est le résultat d’un travail acharné pour contrôler les coûts à mesure que l’industrie se développe. L’amélioration des perspectives financières provient de limitation de la hausse des coûts à 44%, tandis que les revenus ont augmenté de 55%. À mesure que l’industrie reviendra à des niveaux de production plus normaux, et face à des coûts de carburant élevés susceptibles de se maintenir pendant un certain temps, la rentabilité dépendra d’un contrôle continu des coûts. Et cela englobe la chaîne de valeur. Nos fournisseurs, y compris les aéroports et les prestataires de services de navigation aérienne, doivent être aussi concentrés sur le contrôle des coûts que leurs clients pour soutenir la reprise de l’industrie », a ajouté le CEO de l’IATA.

Les revenus de l’industrie devraient atteindre 782 milliards de dollars (+54,5% par rapport à 2021), soit 93,3% des niveaux de 2019, tandis que le nombre de vols opérés en 2022 devrait atteindre 33,8 millions au total, soit 86,9% des niveaux de 2019 (38,9 millions de vols). Les revenus des passagers devraient représenter 498 milliards de dollars de revenus de l’industrie, soit plus du double de 2021. Le trafic devrait atteindre 3,8 milliards de passagers réguliers, avec des passagers-kilomètres payants (RPK) en croissance de 97,6% par rapport à 2021, atteignant 82,4% du trafic 2019. « Alors que la demande refoulée est libérée avec l’assouplissement des restrictions de voyage », les rendements devraient augmenter de 5,6% ; cela fait suite à une évolution des rendements de -9,1% en 2020 et de +3,8% en 2021. Les revenus du fret devraient représenter 191 milliards de dollars, une légère baisse par rapport aux 204 milliards de dollars enregistrés en 2021 mais près du double des 100 milliards de dollars atteints en 2019. Dans l’ensemble, l’industrie devrait transporter plus de 68 millions de tonnes de fret en 2022, « ce qui est un record ».

Les dépenses globales devraient atteindre 796 milliards de dollars, une augmentation de 44% par rapport à 2021 « reflétant à la fois les coûts de soutien des opérations plus importantes et le coût de l’inflation dans certains éléments clés ». Avec 192 milliards de dollars, le carburant est le poste de dépenses le plus important de l’industrie en 2022 (24% des coûts globaux, contre 19% en 2021), basé sur un prix moyen prévu pour le brut Brent de 101,2 $/baril et de 125,5 $ pour le kérosène d’aviation. Les compagnies aériennes devraient consommer 321 milliards de litres de carburant en 2022, contre 359 milliards de litres consommés en 2019. La guerre en Ukraine maintient les prix du pétrole brut Brent à un niveau élevé, rappelle l’IATA, selon qui « une caractéristique particulière du marché du carburant de cette année est l’écart élevé entre les prix du brut et du carburéacteur, bien supérieure aux normes historiques, principalement en raison des contraintes de capacité des raffineries ».

La main-d’œuvre est le deuxième poste de coût opérationnel le plus élevé pour les compagnies aériennes : l’emploi direct dans le secteur devrait atteindre 2,7 millions, en hausse de 4,3% par rapport à 2021, » alors que l’industrie se reconstruit après la baisse importante de l’activité en 2020 ». L’emploi reste cependant légèrement inférieur aux 2,93 millions d’emplois en 2019, et « devrait rester inférieur ce niveau pendant un certain temps ».

Le temps nécessaire pour recruter, former, effectuer des vérifications de sécurité / des antécédents et effectuer d’autres processus nécessaires avant que le personnel ne soit «prêt à l’emploi» présente un défi pour l’industrie en 2022, et dans certains cas les retards d’emploi peuvent constituer une « contrainte sur la capacité de la compagnie aérienne à répondre à la demande des passagers » – ce qui se vérifie depuis plusieurs semaine en particulier en Europe. La masse salariale de l’industrie devrait atteindre 173 milliards de dollars en 2022, en hausse de 7,9% par rapport à 2021 et « disproportionnée par rapport à l’augmentation de 4,3% du nombre total d’emplois », souligne l’association.

IATA : encore des pertes de 9,7 milliards avant un retour dans le vert en 2023 ? 1 Air Journal

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