La compagnie aérienne low cost Ryanair a dégagé au 1er trimestre un bénéfice net après impôts de 170 millions d’euros, contre une perte nette de 273 millions il y a un an. Profitant de l’envolée de son trafic passagers, multiplié par cinq par rapport à la même période en 2021. Mais son patron reste prudent pour la suite.

Durant le 1er trimestre de l’année financière 2023, clos au 30 juin 2022, Ryanair Holdings (qui regroupe la spécialiste irlandaise du vol pas cher et ses filiales au Royaume Uni, à Malte, en Pologne et en Autriche) a dégagé un chiffre d’affaires de 2,6 milliards d’euros, en hausse de 602% par rapport à l’année dernière, et donc un bénéfice net de 170 millions d’euros – inférieur toutefois à celui de la même période en 2019 avant la pandémie de Covid-19, qui avait atteint 243 millions. Les coûts n’ont augmenté sur la période « que » de 253%,  2,38 milliards d’euros. Le groupe profite d’un trafic ayant atteint 45,5 millions de passagers (+461% par rapport aux 8,1 millions du T1 2021), avec un coefficient d’occupation moyen ayant progressé de 19 points de pourcentage à 92%. Mais Ryanair souligne aussi que le prix du billet d’avion a été « gravement affecté » par l’invasion de l’Ukraine par la Russie.

La low cost précise que sa capacité pour la saison estivale en cours atteint 115% de celle d’avant la crise sanitaire, qu’elle a reçu avant la période de pointe de l’été 73 Boeing 737-8-200 (50 autres sont attendus d’ici l’été prochain, sur les 215 commandés au total), et que sa dette nette a été réduite à 400 millions d’euros au 30 juin (contre 1,45 milliard au 31 mars). Et qu’elle va étendre « la majorité » des contrats de location des Airbus A320 opérés par Lauda Air « de jusque à 4 ans à 2028 ».

Le CEO de Ryanair Holdings Michael O’Leary explique dans un communiqué qu’après le début de la reprise post-Covid du transport aérien au printemps, « nous avons agi rapidement avec nos syndicats pour négocier des accords de restauration accélérée des salaires, afin que nous puissions rétablir les réductions de salaire précédemment convenues avec tout notre personnel dès que nos activités reprendront » aux niveaux d’avant la crise sanitaire. « À ce jour, des accords accélérés de rétablissement de la rémunération ont été conclus avec des syndicats représentant plus de 80% de nos pilotes et environ 70% de nos équipages de cabine à travers l’Europe. Nous espérons conclure des accords avec le petit solde restant dans un proche avenir. Nous et nos partenaires syndicaux nous engageons à achever le rétablissement de ces réductions de salaire convenues, qui ont permis à Ryanair et à nos partenaires syndicaux de minimiser les pertes d’emplois pendant la pandémie de Covid-19, à un moment où nos compagnies aériennes concurrentes ont supprimé des milliers d’emplois hautement qualifiés ».

Les plans de croissance jusqu’en 2026 verront Ryanair « créer plus de 6000 emplois bien rémunérés pour les professionnels de l’aviation hautement qualifiés à travers l’Europe », ajoute Michael O’Leary. Au cours des 3 prochaines années, « nous prévoyons d’étendre nos centres de formation à la pointe de la technologie, en investissant plus de 100 millions d’euros dans 2 autres centres de formation hautement qualifiés (un dans la péninsule ibérique et un en CEE). Nous continuons d’investir massivement dans nos équipes d’ingénierie et de maintenance et avons récemment annoncé un nouveau hangar de maintenance à Malte, en plus des hangars récemment ouverts à Kaunas (Lituanie) et Shannon (Irlande). Ces installations internes nous permettent de créer des opportunités de cadets et d’apprentis pour les jeunes quittant l’école, faisant passer la prochaine génération d’aviateurs hautement qualifiés et de professionnels de l’entretien des aéronefs ».

Mais le CEO reste très prudent sur la suite des évènements : « bien que nous gardions espoir que le taux élevé de vaccinations en Europe permettra à l’industrie du transport aérien et du tourisme de se rétablir complètement et de mettre enfin Covid derrière nous, nous ne pouvons ignorer le risque de nouvelles variantes de Covid à l’automne 2022. Notre expérience avec Omicron en novembre dernier, et l’invasion de l’Ukraine en février, montre à quel point le marché du transport aérien reste fragile, et la force de toute reprise dépendra énormément de l’absence de développements défavorables ou inattendus pendant le reste de l’exercice 23 », .

Michael O’Leary voit « des signes clairs de demande refoulée », mais il évoque « une visibilité limitée sur la seconde moitié du T2 et une visibilité presque nulle sur le S2 », période où Ryanair est généralement déficitaire. Le groupe prévoit de porter le trafic FY23 à 165 millions de passagers (+11% sur le trafic pré-Covid), mais les prix élevés du pétrole « entraîneront une augmentation des coûts sur nos 20% de carburant non couverts pour le reste de l’exercice 23 ». Il est donc trop tôt « pour fournir des orientations significatives pour l’exercice 23 pour le moment. Nous espérons être en meilleure position pour le faire lors des résultats semestriels de novembre mais, comme le montre notre expérience avec Omicron en novembre dernier et l’Ukraine en février, toute orientation est sujette à un changement très rapide d’événements inattendus qui sont bien au-delà de notre contrôle pendant ce qui reste une reprise très forte mais encore fragile » conclut le dirigeant.

Ryanair est de nouveau bénéficiaire 1 Air Journal

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