Avec la reprise du trafic post-Covid, les compagnies aériennes traditionnelles retrouvent leurs vieilles pratiques commerciales. Fini la flexibilité qui permettait de modifier son vol ou se faire rembourser intégralement son billet pendant la pandémie. Aujourd’hui, un billet non-modifiable et non-remboursable est… non-modifiable et non-remboursable. Un point, c’est tout !

Une pratique commerciale, jugée clairement « abusive » par les associations de consommateurs, refait surface : la clause du « no show » (non-présentation à l’embarquement) qui prévoit qu’un passager n’ayant pas utilisé une première partie d’un vol combiné ou le vol aller -et ce quelle qu’en soit la raison !- se voit refuser l’embarquement par la suite. Pour exemple, chez Air France-KLM, le passager qui n’utilise pas son vol aller doit payer un supplément de 125 à 3000 euros (selon qu’il s’agit d’un court, moyen ou long courrier) pour pouvoir prendre son vol retour. D’autres compagnies aériennes annulent purement et simplement la réservation du vol retour, au client d’acheter un nouveau billet d’avion. « C’est comme si vous commandez au restaurant un menu entrée-plat-dessert. Vous ne mangez pas l’entrée, le restaurant ne vous sert ni le plat ni le dessert et vous facture le menu quand même », résume, désabusé, un passager victime du « no show ».

Les voyagistes, qui subissent le mécontentement des clients, dénoncent également cette clause. Selon eux, elle entache l’image de marques des agences de voyages que le client imagine complice de l’aberration qui le frappe : « Il ne se passe un jour sans qu’un client qui se sent floué, ne nous contacte désespéré parce que son vol retour a été annulé au motif qu’il a raté le vol aller. C’est incompréhensible d’être privé du solde d’un service au motif qu’on n’en ait pas consommé l’entame. Incompréhensible ? Sauf à savoir que les compagnies aériennes revendent le siège du passager radié sur le vol retour. C’est double bénéfice pour la compagnie aérienne et entache l’image de marques des agences de voyages que le client imagine complice du malheur qui le frappe », raconte Fabrice Dariot, patron du spécialiste du vol pas cher Bourse-des-vols.com.

Plusieurs associations européennes de consommateurs, réunies au sein du Bureau européen des consommateurs (BEUC), ont engagé des recours collectifs contre la clause du « no show ». Une clause mentionnée dans les CGV (conditions générales de vente) des compagnies aériennes qui l’appliquent. Abusive certainement, mais légale selon les autorités françaises : « Le non-respect de cette clause par un passager constitue donc une modification unilatérale des termes du contrat de transport conclu avec la compagnie aérienne… Dès lors que la stipulation contractuelle relative à l’usage obligatoire des coupons de vols dans un certain ordre a été préalablement portée à la connaissance du consommateur lors de l’achat de son titre de transport, elle se doit d’être respectée par le passager », a indiqué en mars 2021 le ministère français chargé des Transports, en réponse à une question du Sénat.

Rappelons que le ministère chargé des Transports était alors dirigé par Jean-Baptiste Djebbari, ancien pilote et ancien employé à la Direction générale de l’Aviation civile (DGAC) et réputé proche du lobby des compagnies aériennes. Pendant la crise sanitaire, le ministre français s’opposait à la commissaire européenne aux Transports, la Roumaine Adina Valean, qui réclamait des sanctions contre les compagnies aériennes refusant de rembourser les vols annulés, au mépris du règlement des droits des passagers de l’Union européenne.

Soulignons aussi que dans leur grande majorité, les compagnies low cost -tant décriées par les compagnies traditionnelles qui s’adonnent à la clause du « no show »- ne pratiquent pas cet abus. Ryanair n’indique rien dans ses CGV en cas de non-présentation à l’aller. Idem pour Transavia, qui est pourtant la filiale à bas coût d’Air France-KLM. EasyJet est plus que limpide dans ses CGV, indiquant noir sur blanc : «si vous annulez, manquez ou ne prenez pas votre vol, cela n’affectera pas les autres vols de votre réservation ».

Clause du « no show » : les voyageurs français sacrifiés 1 Air Journal

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