La compagnie aérienne Emirates Airlines souhaite un remplacement au moins aussi grand que l’Airbus 380, mais plus léger grâce aux matériaux composites et équipé de moteurs plus performants – comme l’Open Fan développé par CFM International par exemple.

La compagnie émiratie basée à l’aéroport de Dubaï a programmé décembre 61 vols par jour opérés en A380, dont les aménagements vont de 484 sièges en quatre classes (avec la nouvelle Premium déjà déployée par exemple vers Paris-CDG) à 615 sièges en deux classes Affaires et Economie. Si elle n’a jamais caché son enthousiasme pour le superjumbo (74 sont en service sur un total de 119, qui devraient être tous redéployés au printemps prochain), Emirates doit penser à leur remplacement – prévu vers le milieu des années 2030. Dans un entretien accordé à CNN Travel, son président Sir Tim Clark a précisé ses rêves en la matière : « Est-il possible de reconcevoir un nouvel A380 ? Oui. Est-il possible d’alléger l’avion ? Oui. Imaginez une aile composite et un fuselage majoritairement composite. Imaginez des moteurs qui vous apportent 20 à 25% de mieux par rapport à ce que vous avez aujourd’hui. Vous obtenez un avion plus léger, beaucoup plus économe en carburant, qui coche toutes les cases en ce qui concerne les écologistes ».

Quand Airbus a mis le superjumbo sur le marché (son entrée en service remonte à 2007 chez Singapore Airlines), les matériaux composites n’étaient pas vraiment répandus, rappelle le dirigeant, d’où le poids de l’appareil. L’autre principal inconvénient de l’A380 réside dans ses quatre moteurs, inefficaces par rapport aux normes et aux prix du carburant d’aujourd’hui. Tim Clark évoque « des études très intéressantes » dans ce dernier domaine, tout en notant que la plupart des recherches des 20 dernières années se sont concentrées sur les monocouloirs. L’architecture Open Fan (qui justement va être testée en vol sur un A380 d’ici la fin de la décennie) est une piste, mais il faut pour Tim Clark que les motoristes « travaillent également sur de plus gros modèles pour les plus grands avions ». En cas de succès en termes d’efficacité énergétique et de puissance, « vous avez alors l’étoffe d’un avion qui égalerait ou surpasserait l’économie des bimoteurs que nous voyons aujourd’hui ».

Le président d’Emirates reconnait cependant que ses rêves pourraient ne jamais devenir réalité : « Est-ce que je pense que les compagnies aériennes vont se mobiliser et adhérer à ce projet ? Douteux à ce stade ». il se dit « d’un côté très désireux d’y jeter un sérieux coup d’œil, mais de l’autre pas optimiste sur le fait que les parties prenantes de l’écosystème sont prêtes à le faire ». Même si son éternel argument de la congestion des aéroports a été validé ce printemps entre reprise de la demande et pénurie de personnel dans les aéroports, plusieurs opérateurs ayant voué l’A380 aux gémonies ayant été forcés de le remettre en service. « Nous avons commencé à faire voler l’A380 vers Heathrow six fois par jour en octobre 2021, et nous n’avons pas eu de siège vide dans chacun d’entre eux depuis », a rappelé Tim Clark.

En attendant, Emirates estime que si la croissance annuelle du trafic de 4,5% avant la pandémie de Covid-19 revient, « même avec de multiples 787 et A350 occupés à voler autour du monde, je ne comprends toujours pas comment vous allez reprendre cette courbe de croissance ». Le carnet de commandes d’Emirates contient 50 Airbus A350-900 livrables à partir de 2024, trente Boeing 787-9 Dreamliner attendus au plus tôt en 2025 et 115 Boeing 777-9 a priori aménagés pour 364 passagers – dont les livraisons ne débuteront pas avant là encore 2025.

Airbus A380 : Emirates rêve d’un nouveau superjumbo et de l’Open Fan 1 Air Journal

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