Le nouveau procès en correctionnelle pour « homicides involontaires » d’Airbus et de la compagnie aérienne Air France débute lundi prochain à Paris, plus de treize ans après le crash du vol entre Rio de Janeiro et Paris en mai 2009, qui avait fait 228 victimes.
Pendant neuf semaines du 10 octobre au 8 décembre 2022, le tribunal correctionnel de Paris va de nouveau se pencher sur l’accident du vol AF447 entre Rio de Janeiro et Paris, opéré en Airbus en A330-200. – comme l’avaient demandé le parquet général et les familles de victimes. En aout 2021, la Cour de Cassation avait rejeté les pourvois de la compagnie aérienne et de l’avionneur, suite à l’annulation trois mois plus tôt du non-lieu qui avait suivi le précédent procès.
Le parquet général, allant plus loin que ses prédécesseurs selon qui seule Air France devait être encore poursuivie, reproche à cette dernière des « manquements fautifs », en particulier pour ne pas avoir pris en compte le « niveau de gravité des multiples incidents de perte d’indication de vitesse qui s’étaient succédés sur quinze autres vols entre mai 2008 et mai 2009 ». En ce qui concerne Airbus, le parquet général expliquait qu’il aurait « sous-estimé la dangerosité des incidents anémométriques consécutifs au givrage des sondes ».
Les 216 passagers et 12 membres d’équipage du vol AF447 avaient péri dans l’accident du 31 mai 2009, le plus meurtrier de l’histoire d’Air France. Les magistrats avaient lors de l’annonce du non-lieu initial considéré que « cet accident s’explique manifestement par une conjonction d’éléments qui ne s’était jamais produite, et qui a donc mis en évidence des dangers qui n’avaient pu être perçus avant ».
Selon le rapport du BEA publié en juillet 2012, le givrage en vol de sondes de vitesse Pitot avait conduit à un dérèglement des mesures de vitesse de l’A330, et désorienté les pilotes jusqu’au décrochage de l’appareil. Des facteurs humains seuls (des erreurs de pilotage en l’occurrence) ou techniques seuls (givrage des sondes Pitot, vitesses affichées erronées, alarmes intempestives,…) ne pouvaient expliquer le crash selon les enquêteurs.
Les familles « attendaient depuis plus de dix ans de pouvoir enfin demander des comptes », expliquait en février Me Jean-Claude Guidicelli, qui représente les proches de Clara Amado, hôtesse de l’air sur le vol AF447. « La défectuosité des sondes Pitot a rendu les pilotes aveugles, ils ont été atteints de cécité aérienne », déplorait l’avocat selon lequel tout n’avait pas été mis en œuvre pour éviter l’accident.
Alex a commenté :
5 octobre 2022 - 11 h 47 min
Il s’agit là d’une affaire politique très délicate…
Le gouvernement français est à la fois le principal actionnaire d’Air France et d’Airbus. Tout le monde sait aujourd’hui que nous avons affaire à une erreur humaine de pilotage. Le problème des sondes Pitot n’a durée que quelques secondes et d’autres compagnies aériennes ont connues ça sans incidents majeurs.
Kiki a commenté :
5 octobre 2022 - 12 h 31 min
Actionnaire oui, “principal” non:
-Air France 29%
-Airbus 11%.
Justin Fair a commenté :
5 octobre 2022 - 12 h 49 min
Oui… y compris Air France !
Des cas de pertes de sondes…mais pas tout à fait de la même façon que l’AF447
inex a commenté :
5 octobre 2022 - 14 h 00 min
Comme dans 95% des cas, il s’agit là encore d’une erreur humaine…
Alors certes, il y a un dysfonctionnement d’un système, mais en aucun cas, cela aurait du mener à la catastrophe qu’on a connu. Il s’agit d’une succession d’erreurs qui ont conduit au crash.
Une route qui aurait pu/du être évitée comme l’ont fait les avions (LH et IB) qui précédaient d’à peine quelques minutes le 330 d’AF, un CDB (qui aurait fait la bringue la veille) qui était absent et a mis “trop” de temps a réapparaitre dans le cockpit, un des deux co-pilotes qui n’a pas réagit correctement aux alertes, des manoeuvres contradictoires de ces derniers…
L’intégrité de l’avion a donc été mise en péril par des actions humaines fautives.
atplhkt a commenté :
5 octobre 2022 - 15 h 04 min
Comme toujours les commentaires des « experts » fleurissent et, à les lire, il est à se demander pourquoi tenir un procès puisqu’ils savent tout, ont déjà jugé et condamné.
Les propos simplets sur de tels sujets sont absurdes et choquants.
Ils montrent les idées toutes faites, ex nihilo, de ceux qui ont conclu après avoir lu, par ci par là, quelques articles sut ce drame.
Combien ont-ils même lu le document Airbus de 2007 (avant le drame) et le thème ” IAS DISCREPANCY ” (voir page 16 et suivantes de la publication)?
https://safetyfirst.airbus.com/app/themes/mh_newsdesk/pdf/safety_first_05.pdf
Combien ont lu (et / ou été capable d’en appréhender tous les aspects) le rapport du B.E.A et savent ce qu’il en a été de l’inhibition de l’alarme de décrochage (en dessous de 60 kts) ?
https://bea.aero/docspa/2009/f-cp090601/pdf/f-cp090601.pdf
Face à ce drame et au procès qui va se tenir, un minimum de retenue serait souhaitable.
Turbofan a commenté :
5 octobre 2022 - 16 h 08 min
Pour résumer, si ils avaient mis le main sur la tête 3 minutes et laissé l’avion à lui-même, ils seraient tous en vie…
gravlax a commenté :
5 octobre 2022 - 16 h 54 min
Donc en gros… tous les messages émis étaient faux, et les pauvres pilotes qui ne se fient qu’à ce qu’ils présument entendre n’ont fait que respécter les procédures…
Mais y’en avait quand même un qui a mis une plombe à rejoindre le cockpit, et un autre qui suggérait le contraire de ce que disait le premier…
Sans compter la route qui a été choisie.. alors que les autres vols transatlantiques sur la même direction et le même couloir, à savoir l’Europe, ont tous évité la zone la plus tempétieuse.
C’est justement à tous ces “détails” qu’on voit qui est bon pilote ou pas. La préparation, la condition physique, la condition mentale, la prudence, la bonne réaction… C’est ce qui a, entre autre, fait toute la différence dans l’amerrissage du 320 dans l’Hudson. Le bon pilote, au bon moment, avec la bonne analyse, les bonnes réactions, les bonnes décisions…
Ah oui, j’oubliais, “par respect des victimes”, chut ne rien dire! Et bien au contraire, je crois que les familles des victimes sont impatientes de savoir la vérité…
CDB777 a commenté :
6 octobre 2022 - 13 h 03 min
Quand on lit les commentaires et qu’on voit le nombre d’experts qui en tous genres sévissent sur les rezosocios, on se demande pour on fait encore des enquêtes et des procès.
Quelques rappels factuels :
– Le gel de sondes pitot et la perte de vitesse était un problème connu depuis longtemps sur A320 puis sur A330/340.
– Le replacement des sondes pitot n’avait pas été demandé par Airbus.
– face aux tergiversations d’Airbus sur le changement des sondes suite aux demandes répétées d’Air France et d’autres compagnies, AF avait décidé le replacement des sondes avant l’ accident. C’est la flotte A320 qui a été modifiée en premier car c’est sur ce type qu’il y avait eu le plus d’incidents.
– l’ergonomie du poste de pilotage des 320/330/340 devra être commentée lors du procès. Le fait que le pilote en place gauche ne sache pas ce que fait le pilote en place droite avec le manche latéral
Pose un problème.
– pourquoi 3 pilotes professionnels et très bien formés n’ont pas été capables d’identifier un décrochage ?
– pourquoi les pilotes n’étaient pas sensibilisés au décrochage à haute altitude ?
Je terminerais par un souvenir personnel …
Lorsque j’étais jeune copi B727, j’ai é participe chez Airbus à Toulouse aux tous premiers stages de qualif A320.
Au cours de la formation, un de mes collègues osé poser une question : « allons nous aborder le problème du décrochage en croisière ? »
Réponse du formateur et des ingénieurs d’Airbus présents avec un sourire et un ton narquois : cet avion ne peut pas décrocher. Nous n’allons pas perdre du temps à vous former à un événement qui ne peut ps arriver…
Justin Fair a commenté :
8 octobre 2022 - 9 h 38 min
“– pourquoi les pilotes n’étaient pas sensibilisés au décrochage à haute altitude ?”
Parce qu’en Loi Normale , l’avion ne peut pas décrocher même à haute altitude…
Les équipages ne faisait que de l’approche du décrochage… et en Loi Normale.
Protections “Hautes incidences” perdues, bien sûr comme tout avion, il le peut, mais les simulateurs ne sont pas programmés pour …
Le constructeur a jugé que cela était inutile.
Dans ce cas, il suffit à un équipage de réagir aux alarmes ( stall ) comme sur un avion classique, ce qu’il est sensé connaître bien avant de voler sur Airbus…
Justin Fair a commenté :
8 octobre 2022 - 13 h 51 min
” les équipages ne faisaiENT”…, pardon!
Wrangel a commenté :
6 octobre 2022 - 13 h 27 min
Bonjour à tous
Faut-il rappeler en mémoire de ceux qui ne sont plus là pour se défendre et de ceux qui n’y pouvaient mais que lorsque nous avons des atteintes à la vie humaine, le conditionnel n’est guère de mise même si au correctionnel les tribunaux sont moins à cheval qu’au pénal ?
Des faits et rien que des faits.
Belle journée.
Dakota a commenté :
6 octobre 2022 - 13 h 51 min
Il est vrai qu’il convient d’être discret et prudent dans les commentaires par respect pour les victimes et proches des victimes. Cependant, on prle très peu des sondes en elles-mêmes comme s’il existait de mauvaises sondes (Thales Dassault) et de bonnes (Goodrich). Ce n’est pas le cas. Toutes les sondes peuvent avoir leur partie frontale encombrée, malgré le système de chauffage et de purge, par des cristaux de glace. Dans le cas de l’AF 447 , cela a duré entre vingt et cinquante secondes pour les trois sondes. Mais à l’origine les A 340 et A 330 avaient des Goodrich qu’on a remplacé par des Thales à l’époque réputées plus fiables… Et puis il y a eu une nouvelle version des Goodrich et une nouvelle version des Thales…En tout cas, on ne peut pas affirmer qu’il suffisait de remplacer les Thales nouvelle génération par des Goodrich pour que le problème soit réglé. En revanche, avec des “si” on pourrait faire beaucoup…Si le cdb n’avait pas eu besoin de sommeil (de son propre aveu), s’il était resté quinze minutes de plus dans la cabine de pilotage (le rapport final du BEA insiste sur ce point), peut-être aurait-il réagi plus calmement et plus posément face à la perte des vitesses, au roulis à droite et à l’indication de perte d’altitude (erronée, sans doute elle aussi). Si le PF avait pris le temps de demander l’avis de l’OPL assis à sa gauche et plus expérimenté (par exemple, il sut repérer l’odeur de l’ozone, ce que n’avait pas su faire le PF de trente-deux ans) et ne s’était pas précipité sur son mini-manche pour donner à l’appareil un ordre à cabrer, etc; nous ne serions pas ici en train de débattre sur ce qu’il aurait fallu faire, qu’ont fait d’autres équipages et que n’a pas fait le malheureux trio de l’AF447…
Justin Fair a commenté :
7 octobre 2022 - 13 h 11 min
“Mais à l’origine les A 340 et A 330 avaient des Goodrich qu’on a remplacé par des Thales à l’époque réputées plus fiables…”
Plus précisément…
A l’origine les A340 puis A330 étaient équipés de ROSEMOUNT P/N 0851GR . Jugées moins fiables, la DGAC en a imposé le remplacement par des GOODRICH P/N 0851HL ou des SEXTANT (THALES) P/N C16195-AA.
Ce sont ces dernières qui ont été installées, en remplacement, sur la flotte A340 d’Air France et à leur réception par AF, les A330 en étaient équipés d’origine .
Fred33 a commenté :
6 octobre 2022 - 14 h 46 min
Tirer sur le manche de 10 000 m à 0 tout simplement incroyable !
Justin Fair a commenté :
7 octobre 2022 - 8 h 33 min
@Inex:
“Une route qui aurait pu/du être évitée comme l’ont fait les avions (LH et IB) qui précédaient d’à peine quelques minutes le 330 d’AF,”
Le LH a fait un évitement de 1min 15 sec, rien de plus que l’AF447… L’amplitude de la déviation du vol IB n’a été que de 30 NM et n’a duré que 4 min pour éviter un Cb…
Sur 9 avions dans la zone à l’heure de L’AF447, seul l’AF459 en provenance de GRU a fait un évitement significatif de 75 NM. Les autres n’ont fait qu’un écart moyen de 18 NM soit 2 min 25 sec; visiblement TOUS en évitement de noyaux orageux au radar de bord, comme le faisait AF447. (Cf CVR).
Pour qui fait des traversées du FIT, c’est généralement ainsi que cela se passe…
@ Inex: CDB (…) qui était absent et a mis “trop” de temps a réapparaitre dans le cockpit,
@ gravlax
“Mais y’en avait quand même un qui a mis une plombe à rejoindre le cockpit,”
Savez-vous combien de temps a mis le CDB pour revenir au poste?
Apparemment non!
Il a mis très exactement 24,3 secondes… ( Cf CVR )
24,3 secondes entre le moment où il a reçu l’appel, s’est extrait de la couchette , trouvé l’éclairage à tâtons , mis un pantalon probablement, au moins ses chaussures, et entré dans le poste…
C’est un minimum nécessaire pour qui connait le poste de repos d’un A330 !
J’espère que les experts qui seront appelés, auront bien plus d’expertise que vous sur le sujet !!!! Autre chose que des ragots…
Nom a commenté :
7 octobre 2022 - 17 h 51 min
Vous avez raison, mais je suppose que l’intervenant a fondé son commentaire sur la perception subjective que le PNF (c’est lui qui appelait le cdb) a eu du temps qui passait. Quand on regarde la chronologie, on se rend compte que le PNF a dû très vite (on parle de secondes, en effet) avoir la conviction que la situation exigeait dans le cockpit une personne ayant plus d’expérience que lui (37 ans ) et le PF (32 ans). Si on examine attentivement le descriptif du CVR, on peut noter que les enquêteurs du BEA émettent l’hypothèse qu’un certain bruit enregistré pourrait correspondre à un coup donné sur la paroi arrière de la cabine de pilotage (le PNF après s’être demandé ce que faisait le cdb, signe de l’extrême tension qu’il devait éprouver, se serait-il levé pour cogner de la main afin de solliciter autrement que par la sonnette le cdb ?)
Justin Fair a commenté :
8 octobre 2022 - 9 h 26 min
Non, ce n’est pas ça du tout. Lisez attentivement la transcription du CVR.
D’abord le PNF, après avoir constaté la montée , demande au PF de descendre. Ce qu’il commence à faire. Puis le PNF décide d’appeler le CDB,( 02:10:49,8) et à partir de ce moment ne vérifie plus ce que fait le PF et que la descente est bien effective (action-contrôle) …
Mais se trompe de bouton d’appel et appelle le PNC, qui répond ( 02:10:55,9: voix féminine “Allo?”). Sans réponse du CDB, et pour cause, il réitère son appel (02:11:09,8 et 02:11:13,5) avec le bon bouton cette fois. Le CDB accuse réception de l’appel par les deux coups portés sur la cloison du poste ( 02:11:18,2). C’est le signal convenu appliqué par tous les équipages d’ A340 et A330 d’AF pour indiquer que l’appel du cockpit a bien été entendu et pris en compte.
Appeler le CDB n’est pas du tout la priorité dans un cas pareil !
D’abord stabiliser la trajectoire, effectuer la procédure d’urgence ( sans délais!!) PUIS d’appeler le CDB.
30 secondes perdues, inutilement, à appeler le CDB et en se trompant de bouton, au lieu de contrôler les actions du PNF ( action de soutien du PNF), de se rendre compte qu’il avait repris la montée au lieu de redescendre au niveau de croisière…