La compagnie aérienne Emirates Airlines a de nouveau suspendu ses vols entre Dubaï et le Nigeria, où le blocage des fonds faute de devises s’étend toujours plus. Elle a d’autre part annoncé la commande supplémentaire de cinq avions cargo Boeing 777F.

Comme en aout dernier, la compagnie émiratie a décidé de suspendre ses vols entre Dubaï et les aéroports de Lagos et Abuja, après avoir négocié en vain avec les autorités sur le déblocage des fonds dus aux transporteurs étrangers. La nouvelle suspension des deux routes « pour atténuer de nouvelles pertes » selon Emirates a commencé le 29 octobre 2022, sans aucune date de reprise annoncée.

Selon l’agence Reuters, les discussion portaient sur « le rapatriement et la réception d’au moins 80% de nos fonds bloqués restants d’ici la fin octobre 2022 », en plus du lancement d’un « mécanisme garanti » pour éviter les futurs problèmes. Dans ces « circonstances extraordinaires, Emirates n’avait pas d’autre choix que de suspendre les vols à destination/en provenance du Nigeria ».

L’été dernier, Emirates déclarait au ministre nigérian de l’aviation Hadi Sitika qu’elle perdait « 10 millions de dollars chaque mois » en coûts opérationnels en desservant le pays. « Dans le passé, le Nigeria a démontré sa capacité, sa volonté et son équité pour résoudre ce type de problème », répondait le ministre, expliquant que « c’est arrivé lorsque nous avons pris le pouvoir en 2015 : il y avait beaucoup de fonds bloqués, environ 600 millions de dollars à l’époque. moment où le pays était en récession et que les revenus du pays diminuaient, mais nous avons honoré notre obligation de verser tous ces fonds bloqués ».

Sauf que depuis, le montant des fonds bloqués a encore augmenté, et le ministre a changé de ton. Hadi Sirika déclarait fin octobre ne « pas avoir peur d’être fermés. Le pays peut prospérer sans les opérations des compagnies aériennes étrangères (…). Nous ne pouvons pas être intimidés. Nous parlons ici du plus grand marché d’Afrique, qui ne peut être comparé à d’autres pays de cette partie du monde. Il est donc dans l’intérêt des opérateurs d’être en affaires ici »… Une position soutenue par la Banque centrale du Nigeria, qui veut éviter la sortie du pays de dollars très nécessaires au reste de l’économie.

Dans son briefing de juin dernier, l’IATA dénonçait ce blocage de fonds comme l’un des principaux obstacles à la reprise du trafic aérien en Afrique : le Nigeria retenait selon l’association 450 millions de dollars, le Zimbabwe 100 millions, l’Algérie 96 millions, l’Erythrée 79 millions et l’Ethiopie 75 millions. Soit environ 1 milliard de dollars bloqués dans douze pays africains, ce qui représentait alors 67% du problème à l’échelle mondiale (20 pays concernés).

Emirates et Boeing ont d’autre part annoncé ce 8 novembre une commande supplémentaire de cinq 777F, d’une valeur de 1,7 milliard de dollars au prix catalogue. Ces appareils rejoindront les onze déjà mis en service par SkyCargo, pour répondre à la demande « à court et moyen terme dans la région et au-delà ».

« Emirates investit dans de nouveaux cargos afin que nous puissions continuer à répondre à la demande des clients avec les derniers avions économes en carburant », a déclaré dans un communiqué Cheikh Ahmed bin Saeed Al Maktoum, PDG du groupe. « Cette commande reflète la confiance d’Emirates dans la demande de fret aérien et dans la croissance globale du secteur de l’aviation ».

Emirates suspend de nouveau le Nigéria, reprend du 777F 1 Air Journal

©Boeing