Interdire des liaisons aériennes courtes au nom de la lutte contre les émissions de CO2, comme le fait la France, est “complètement absurde“, selon l’Association internationale du transport aérien (IATA).

Si on éliminait tous les vols de moins de 500 km en Europe, typiquement visés pour les remplacer par des liaisons en train […] on supprimerait 24 % des vols en Europe. Mais les émissions de CO2 [du secteur aérien] ne baisseraient que de 3,84 %“, a déclaré jeudi le directeur général de l’IATA, Willie Walsh, citant un rapport de l’organisme de surveillance du trafic aérien Eurocontrol. “Ces dirigeants politiques disent que la solution est de supprimer les vols courts : c’est complètement absurde“, a-t-il ajouté, en plaidant une nouvelle fois pour l’adoption du “ciel unique européen”.

Ce “ciel unique européen” permettrait de passer d’un système d’organisation du trafic aérien épousant les frontières nationales à une zone cohérente où les trajectoires des avions se rapprocheraient de la ligne droite. “Cela réduirait les émissions de 10 % du jour au lendemain“, a souligné Willie Walsh, pour qui le débat sur les émissions de l’aérien “doit être fermement ancré dans la réalité des données“.

Les critiques de l’IATA, dont les compagnies aériennes membres se sont engagées à “zéro émission nette” à l’horizon 2050, interviennent cinq jours après que la Commission européenne a validé la suppression de vols intérieurs français lorsqu’un trajet en train de moins de 2 heures 30 est possible, point emblématique de la loi climat de 2021.

Cette mesure française, qui se traduit dans les faits par l’interdiction des vols entre Paris-Orly d’une part et Bordeaux, Nantes et Lyon d’autre part, doit encore être formalisée dans un décret du gouvernement français. Les chiffres évoqués par Willie Walsh sont cohérents avec ceux cités par l’ONG Transport & Environment (T&E), qui estime que “l’interdiction des vols [courts] en France est une mesure symbolique qui n’aura malheureusement que très peu d’impact sur les émissions“. Selon T&E, la principale source d’émissions de l’aviation provient des vols long-courriers, “qui ne sont toujours pas taxés ni réglementés“.

IATA : la suppression des vols courts en France est "complètement absurde" 1 Air Journal

@AJ