L’Union des Aéroports Français (UAF) a livré son diagnostic : « le trafic des aéroports français est entré dans une phase de reprise » mais reste en recul de 18, 8 % par rapport à celui de 2019.

Oui, certes, le trafic en 2022 est incomparablement supérieur à celui de 2021 où le Covid et ses mesures contraignantes pénalisaient durement le trafic aérien, puisqu’il est en augmentation de 91,8% par rapport à 2021, indique l’UAF. Le trafic des aéroports français s’élève ainsi en 2022 à 174 millions de passagers commerciaux, contre plus de 214 millions en 2019. A noter qu’il faut remonter jusqu’à l’année 2013 pour retrouver le niveau de trafic passagers de 2022 (172 millions de passagers), précise l’UAF. La même dynamique se retrouve au niveau européen : une reprise du trafic par rapport à 2021 (+122% pour les pays de l’Union européenne), mais un trafic toujours en retrait par rapport à 2019 (-21%).

On observe cependant différentes inégalités en terme de trafic. Les plateformes parisiennes représentent par exemple plus de la moitié du trafic des aéroports métropolitains (53,3% du trafic, une proportion équivalente à celle de 2019). Avec encore des marchés long-courriers perturbés, l’aéroport de Paris – Charles de Gaulle (CDG) est en retrait de 25% par rapport à son trafic de 2019, tandis que l’aéroport de Paris – Orly, plus tourné vers le court et moyen-courrier, affiche une baisse de 8,4%.

Un aéroport métropolitain sur deux (49 %) a retrouvé plus de 80 % de son trafic de 2019, mais avec des situations régionales très inégales. La Bretagne est la région de France où la reprise du trafic est la plus faible (63 %), avec les deux principaux aéroports, Brest et Rennes, respectivement à 64,9 % et 75,5 %. Clermont-Ferrand accuse également un fort déficit (56,3% par rapport à l’avant-crise) et Strasbourg 28,6%. À Lyon-Saint-Exupéry c’est 27,1%, à Toulouse 26,9% et Bordeaux 25,9%.

Plusieurs aéroports ont déjà fait mieux en 2022. On peut ainsi citer la plateforme de Beauvais qui, avec 15,8% de plus que trois ans auparavant, a bénéficié de la force de frappe de la low-cost Ryanair qui y exploite sa principale base en France. On remarque aussi la bonne tenue des plateformes corses : Figari (+21,2% par rapport à 2019), Ajaccio (+2,7%) et Bastia (-4,5%). Paris-Orly (-8,4%), Montpellier (-9%) et Marseille (-9,9%) ont également fait mieux que la moyenne.

En 2022, le trafic low-cost se porte le mieux : il représente 43% du trafic de la France métropolitaine, soit plus de 69 millions de passagers, alors qu’il représentait 35% de ce trafic en 2019. Il a pratiquement retrouvé son niveau de 2019 (-1,7%), tandis que le trafic traditionnel reste en retrait de 28,8% par rapport à son niveau de 2019.

Le trafic à l’international, fortement réduit en 2020 et 2021 en raison des restrictions mises en place, a rattrapé son retard en 2022 sur le trafic national. En un an, le trafic international a augmenté de +127,2%, contre seulement +36.9% pour le trafic national qui avait connu la reprise dès 2021. Le trafic international et le trafic national restent tous les deux en retrait de 19% par rapport à leur niveau de 2019. Le trafic international représente 74% du trafic de la France métropolitaine en 2022, c’est-à-dire la même proportion qu’en 2019.

Comme les deux années précédentes, les aéroports d’Outre-mer enregistrent une meilleure reprise que les aéroports métropolitains. Le trafic passagers des aéroports d’Outre-mer est en retrait de -11,7% par rapport à son niveau de 2019. Les aéroports d’Outre-mer ont accueilli en 2022 11,3 millions de passagers contre 12,9 millions en 2019. Parmi eux, 70% ont retrouvé en 2022 plus de 80% de leur niveau de trafic de 2019.

« Les aéroports français sortent fragilisés de la crise même si la reprise du trafic amorcée en 2022 est une bonne nouvelle pour la connectivité de notre pays. Pour l’avenir, notre inquiétude principale porte sur le financement des missions régaliennes de sécurité et de sûreté aéroportuaires. Le déficit de financement du dispositif (estimé à 237 M€ fin 2023), le remboursement des avances effectuées par l’Etat durant la crise de la COVID-19 (747 millions d’€) et les tendances inflationnistes imposeront inéluctablement des niveaux du T2S (ex-taxe d’aéroport) incompatibles avec les enjeux de compétitivité de nos aéroports. Il nous faut désormais tout à la fois assurer le coût de touchée le plus bas, la juste couverture des besoins de financement des missions régaliennes, intégrant les enjeux de qualité de service, et le remboursement d’une dette excessive. Aussi l’UAF milite-t-elle de longue date en faveur de la conversion de tout ou partie des montants d’avance en subventions directes aux aéroports », a déclaré Thomas JUIN, Président de l’UAF, à l’issue de la présentation des résultats 2022.

Le trafic des aéroports en France reste de 18,8 % inférieur à celui de 2019 1 Air Journal

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