Plus de 20 membres du Bureau européen des unions de consommateurs (BEUC), dont UFC-Que Choisir et et CLCV en France, déposent plainte auprès de la Commission européenne contre 17 compagnies aériennes dont Air France-KLM, « pour greenwashing et pratiques commerciales trompeuses envers les consommateurs ».

Alors que le Salon du Bourget « célèbre cette année la décarbonation dans l’aéronautique », l’UFC-Que Choisir, la CLCV et vingt autres associations de 18 pays ont « mis en demeure » 18 compagnies européennes, suite à l’analyse menée par le BEUC et ses membres qui met en lumière une multitude d’allégations trompeuses utilisées par ces transporteurs. La liste inclut airBaltic, Air Dolomiti, Air France, Austrian Airlines, Brussels Airlines, Eurowings, Finnair, KLM Royal Dutch Airlines, Lufthansa, Norwegian Air Shuttle, Ryanair, SAS Scandinavian, SWISS, TAP Air Portugal, Volotea, Vueling et Wizz Air.

Après les condamnations liées à la publicité pour Etihad Airways ou Lufthansa, les accusations des associations citent :

  • Sous-entendre que « le transport aérien peut être « durable », « écoresponsable » et « vert ». Aucune des stratégies déployées par le secteur de l’aviation n’est actuellement en mesure de limiter les émissions de gaz à effet de serre. Il est essentiel de mettre fin à ces allégations, car si le trafic aérien poursuit son expansion, les émissions continueront d’augmenter dans les années à venir ».
  • Inciter à payer un supplément au moment de l’achat du billet d’avion pour « compenser » les émissions de CO2 d’un vol, « quand bien même les avantages climatiques de ces compensations sont très critiqués, alors que les dommages causés par les émissions de CO2 des trajets aériens sont indiscutables » ;
  • Inciter à payer un supplément significatif pour contribuer au développement de « carburants d’aviation durables » (SAF). « Ces derniers ne sont pas prêts à être commercialisés et la législation européenne récemment adoptée fixe des objectifs très bas quant à la part qu’ils devraient représenter dans le mélange de carburants des avions. Cela signifie que jusqu’à ce qu’ils soient massivement disponibles – au plus tôt, à la fin des années 2030 – ils ne représenteront au mieux qu’une part mineure dans les réservoirs des avions ».

Bien qu’il contribue significativement aux émissions de gaz à effet de serre, le secteur du transport aérien « a bien noté la prise de conscience des consommateurs (62% des Européens considèrent qu’il est « assez ou très important » de prendre en considération l’impact environnemental lorsque l’on choisit une compagnie aérienne) et a fait évoluer sa stratégie marketing, afin de « verdir » son image auprès des consommateurs, souligne l’UFC-Que Choisir. Air France-KLM par exemple « a recours à cette pratique et propose aux consommateurs de souscrire des options onéreuses, pour supposément couvrir leur propre impact carbone, sur de futurs vols à horizon inconnu. Sur un vol Paris-Copenhague, un consommateur devra débourser la coquette somme de 138 euros, en plus de son billet, pour contribuer à cette prétendue future réduction de CO2 », accuse l’association.

« Alors qu’il n’est plus à démontrer que le transport aérien contribue de manière significative et croissante aux émissions de gaz à effet de serre, il est inadmissible que les compagnies aériennes puissent se targuer d’œuvrer pour le climat » a commenté Marie-Amandine Stévenin, Présidente de l’UFC-Que Choisir. Le président de la CLCV, Jean Yves Mano, rappelle de son côté que « les mauvaises allégations vertes envahissent désormais l’univers commercial et le secteur aérien représente un cas d’école. Ces allégations doivent cesser pour la protection des consommateurs et les pouvoirs publics doivent donc agir avec fermeté ».

Le BEUC dépose donc une plainte auprès de la Commission européenne via le mécanisme « d’alerte externe pour pratiques commerciales trompeuses ». Cette action européenne entend « que soit lancée une enquête à l’échelle européenne sur les pratiques de ces compagnies aériennes, et du secteur dans son ensemble ; qu’une décision contraignante et commune soit prise par les autorités de protection de consommateurs concernées, notamment pour interdire l’utilisation de toute allégation visant à faire croire aux consommateurs que prendre l’avion est une pratique respectueuse de l’environnement, et exiger que les compagnies remboursent les consommateurs ayant été incités par ces allégations trompeuses, à souscrire des options supplémentaires pour limiter leur impact environnemental ».

Les associations en question sont Arbeiterkammer (Autriche), Test Achats/Test Aankoop (Belgique) ; Асоциация Активни потребители (Bulgarie) ; Forbrugerrådet Tænk (Danemark) ; ASUFIN, CECU and OCU (Espagne), Kuluttajaliitto – Konsumentförbundet ry (Finlande) ; UFC-Que Choisir et CLCV (France), EKPIZO (Grèce) ; Tudatos Vásárlók Egyesülete (Hongrie) ; Altroconsumo (Italie) ; Forbrukerrådet (Norvège) ; Fundacja Konsumentów and Federacja Konsumentów (Pologne), DECO (Portugal), Spoločnosti ochrany spotrebiteľov (Slovaquie), Zveza potrošnikov Slovenije (Slovénie), Sveriges Konsumenter (Suède), Fédération romande des consommateurs (Suisse) et VZBV (Allemagne).

Greenwashing ? UFC-Que Choisir et d’autres attaquent 17 compagnies aériennes dont Air France 1 Air Journal

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