Le PDG du groupe Caire exploitant les compagnies aériennes Air Antilles et Air Guyane a annoncé mardi la cessation de paiement, qui pourrait entrainer un redressement – voire une liquidation judiciaire. La grève des pilotes entre mercredi dans son 12ème jour, et sera bientôt rejointe par un syndicat de PNC – au grand dam du personnel au sol.

Éric Koury, le PDG du groupe Caire, a annoncé le 24 juillet 2023 vouloir déposer auprès du tribunal une cessation de paiement, expliquant que les actionnaires « étaient prêts à recapitaliser le groupe, mais désormais la confiance est perdue, et tout le monde recule ». La grève continue des pilotes à l’appel du SNPL, qui avait déposé un préavis de cinq jours avant de le transformer en illimité, est pointée du doigt par le dirigeant. Selon lui, une augmentation de 5,5% leur a déjà été accordée, mais ils réclament désormais « d’appliquer une augmentation totale de 20%, plus un allongement des heures forfaitaires, ce qui revient à augmenter les coûts salariaux de 40% pour l’entreprise ». La suite pour le groupe aérien ? Vue la faiblesse de sa trésorerie, ce serait soit une liquidation judiciaire « avec poursuite d’activité très courte en vue d’une cession », soit une liquidation sans maintien de l’activité.

Éric Koury déplore aussi selon l’AFP que « les grévistes n’entendent pas l’impossibilité d’accéder à ces demandes dans le contexte de restructuration » de sa flotte de 16 avions, alors que la grève coûterait au groupe entre 80.000 et 120.000 euros par jour. « Nous allons arrêter tous les vols caribéens vers l’international pour nous recentrer sur les îles françaises », a précisé le PDG du groupe basé en Guadeloupe, rappelant que malgré la grève « 60 à 70% des vols restent assurés ».

Le SNPL de son côté soulignait la semaine dernière que « 95% des pilotes en Guyane et plus de 60% aux Antilles ont cessé le travail », entrainant l’arrêt des vols à l’aéroport de Cayenne-Félix Eboué et l’immobilisation au sol de « la moitié de flotte au sol aux Antilles ». Rappelons que le syndicat de pilotes dénonce depuis le début du mois un non respect des engagements pris après une grève en décembre dernier, un manque de considération des demandes des salariés, et plus généralement une dégradation du climat social « qui n’a cessé de se détériorer depuis plus de 20 ans ».

Une position soutenue désormais par le SNPNC-FO représentant les hôtesses de l’air et stewards d’Air Antilles et Air Guyane, qui dans une lettre ouverte au ministre délégué chargé de outre-mer Philippe Vigier dénonce « la situation alarmante résultant des actions du directeur actionnaire », dont les  agissements « menaçants envers les employés, notamment l’évocation d’un dépôt de bilan, ont créé un climat d’incertitude et de tension au sein de l’entreprise ».

Le syndicat de PNC demande donc l’intervention du ministre « en désignant un médiateur compétent et impartial pour faciliter des négociations constructives entre la direction et les salariés. La présence d’un médiateur pourrait permettre de trouver des solutions équitables, garantissant ainsi la pérennité de l’entreprise et préservant les emplois des travailleurs dévoués de CAIRE-Air Antilles-Air Guyane, acteur majeur du paysage aérien de Martinique, Guadeloupe et de la Guyane ».  En attendant, un préavis de grève illimitée a été déposé par le SNPNC-FO à partir du jeudi 27 juillet. 

Quant au personnel au sol d’Air Antilles, il a exprimé dimanche son « désarroi » face à cette longue grève des pilotes, se disant « d’accord pour rester solidaires, vigilants sur les choix stratégiques et la gestion de notre entreprise pour que chaque collaborateur puisse obtenir la juste rémunération de son travail et de ses efforts ». Mais le personnel au sol demande aussi une reprise des vols, déclarant : « Nous, les Femmes seules qui venons travailler le matin chez Air Antilles pour élever nos enfants avec parfois moins de 2000 € par mois, quel sera notre futur à compter de la semaine prochaine ? Nous, les Pères de famille doit-on expliquer à nos enfants que papa a perdu son travail à cause d’un pilote qui aurait trouvé son augmentation et ses primes insuffisantes ? ».

Vers une disparition d’Air Antilles et Air Guyane ? 1 Air Journal

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