Le gouvernement néerlandais va aller de l’avant dans son projet de limiter le nombre de vols à l’aéroport Schiphol d’Amsterdam l’année prochaine afin de réduire le bruit, a-t-il annoncé vendredi, une décision à laquelle s’opposent farouchement la compagnie aérienne nationale KLM et les groupes de l’industrie du transport aérien.

« L’aviation peut apporter beaucoup de bien aux Pays-Bas, à condition que nous soyons attentifs aux effets négatifs pour les personnes qui vivent à proximité de l’aéroport », a déclaré le ministre des Transports Mark Harbers dans un communiqué annonçant le plafond, qui entrera en vigueur en 2024 en attendant approbation de la Commission européenne. Les vols seront plafonnés à 452 500 par an, a déclaré Harbers, soit 9,5 % en dessous des niveaux de 2019 et inférieur à une proposition précédente de 460 000.

Les compagnies aériennes qui utilisent Schiphol, dont Air France-KLM, ont intenté une action en justice pour tenter d’empêcher le plafond dans l’un des aéroports les plus fréquentés d’Europe. Ils affirment que cela nuirait aux entreprises et violerait les accords antérieurs. KLM a ainsi qualifié vendredi ce plafond d’ « incompréhensible » et a déclaré que sa mise en œuvre nuirait aux Pays-Bas . « Malheureusement, le gouvernement néerlandais a annoncé aujourd’hui l’intention du gouvernement de réduire considérablement le nombre de vols opérés à l’aéroport néerlandais de Schiphol. Ce faisant, le ministre choisit de se concentrer uniquement sur la réduction de la capacité comme un objectif en soi. Nous trouvons cela incompréhensible. Il ne s’agit pas ici du nombre de mouvements de vol mais de la réduction du bruit. Les objectifs en matière de bruit peuvent être mieux atteints, ce qui profiterait réellement aux résidents locaux, au climat, aux compagnies aériennes et à l’économie néerlandaise. »

La compagnie partenaire d’Air France affirme que son plan « plus propre, plus silencieux et plus efficace » montre qu’elle peut atteindre les objectifs en matière de bruit, tout en assurant le nombre actuel de vols. « Ce plan incarne un engagement sérieux de la part de KLM. Nous pouvons y parvenir si nous disposons de l’espace nécessaire pour le faire. Notre plan atteindra les objectifs tout en assurant un renouvellement plus rapide de nos avions, en soutenant des opérations aériennes plus propres, plus silencieuses et plus efficaces. » Elle ajoute : « En revanche, le ministre opte pour des réductions inutiles plutôt que de véritables améliorations. Nous trouvons inconcevable que le ministre envisage de démolir ce que KLM a contribué à construire pendant près de 104 ans. » La décision est « arbitraire, mal réfléchie et va à l’encontre des procédures normalement utilisées », a  de son côté déclaré Ourania Georgoutsakou, directrice générale du groupe industriel Airlines For Europe (A4E).

La principale raison invoquée par le gouvernement pour justifier ce plafond est de lutter contre la pollution sonore, mais il a également évoqué la nécessité de réduire les émissions de gaz à effet de serre, ainsi que les problèmes logistiques récurrents à l’aéroport. Les groupes environnementaux et Schiphol lui-même soutiennent les réductions.

Les compagnies aériennes opposées à l’interdiction ont fait appel devant la Cour suprême néerlandaise après avoir perdu leur appel en juillet. L’Association du transport aérien international (IATA), qui soutient la cause des compagnies aériennes, a demandé jeudi au gouvernement intérimaire néerlandais de ne pas procéder avant les élections nationales de novembre. « Dans quelques mois, ce gouvernement ne sera pas tenu responsable des graves conséquences qui pourraient découler de la décision de Schiphol, notamment en ce qui concerne les relations avec les partenaires commerciaux des Pays-Bas, ainsi que la perte d’emplois et de prospérité dans le pays », a déclaré l’IATA dans un communiqué.

Le gouvernement néerlandais poursuit le plafonnement des vols à Amsterdam-Schiphol 1 Air Journal

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