L’assemblée générale annuelle de Qantas a été tempêtueuse avec des actionnaires criant « honte à vous » au président du conseil d’administration, Richard Goyder, alors que les investisseurs rejetaient massivement l’accord sur la rémunération des dirigeants de la compagnie.

 

Les actionnaires mécontents de la compagnie aérienne australienne Qantas ont rejeté le rapport sur les rémunérations du conseil d’administration lors de l’assemblée générale annuelle de la compagnie aérienne à Melbourne vendredi, avec 82,93 % de voix contre. Le rapport avait recommandé que l’ancien PDG en disgrâce, Alan Joyce, reçoive une rémunération annuelle de 21,4 millions de dollars australiens (13,8 millions de dollars US), dont 2,14 millions de dollars de salaire de base pour 2022/2023 et des millions supplémentaires en primes du plan d’incitation à long terme, soit un décuplement par rapport à l’année précédente.

Une tentative visant à calmer l’humeur des investisseurs en retenant 2,2 millions de dollars supplémentaires de bonus à court terme et en promettant de récupérer 8,3 millions de dollars si le conseil d’administration le jugeait nécessaire n’a pas réussi à apaiser les actionnaires, qui ont finalement refusé de valider le rapport.

Ce résultat, qui marque l’un des plus grands votes de protestation jamais organisés en Australie contre la rémunération des dirigeants, est intervenu après que Goyder et la nouvelle directrice générale de la compagnie aérienne, Vanessa Hudson, se sont excusés auprès des investisseurs pour une année de sagas qui avait vu le cours de l’action de la compagnie chuter.

Rappelons que la direction fait également face à une crise de défiance fin septembre de la part du syndicat Association des pilotes australiens et internationaux (AIPA). Ce dernier appelait notamment à la démission du président de la compagnie aérienne dans une lettre accablante qui exposait une pléthore de griefs. Qantas a fait l’objet d’un examen minutieux après avoir perdu une bataille juridique avec un syndicat concernant le licenciement de 1700 employés au sol durant la pandémie de Covid pour les remplacer par du personnel externalisé en 2020. Elle était également poursuivie séparément par la Commission australienne de la concurrence et de la consommation (ACCC) pour la prétendue publicité et la vente de billets d’avion pour la compagnie aérienne. Parmi les autres dossiers, la direction de Qantas est soupçonnée d’avoir fait pression sur le gouvernement de Canberra pour empêcher Qatar Airways d’offrir davantage de vols vers l’Australie.

Au vu de l’enfilade de griefs, le rejet n’était pas totalement surprenant, étant donné qu’il s’agissait d’une cible facile pour les investisseurs frustrés qui ont vu la réputation de la compagnie nationale australienne très appréciée s’effondrer ces derniers mois. Le départ sacrificiel de Joyce n’a que partiellement restauré une certaine confiance dans la marque en difficulté, et des voix s’élèvent désormais pour que le président Richard Goyder parte immédiatement. Goyder dit qu’il démissionnera à la fin de l’année prochaine, mais son départ n’intervient pas assez tôt pour les actionnaires et de nombreux employés qui considèrent le président en difficulté comme emblématique de la culture d’entreprise qui a causé les problèmes de Qantas en premier lieu.

Le président de Qantas chahuté par les actionnaires, les rémunérations de dirigeants rejetées 1 Air Journal

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