La section CMA-CGM Air Cargo du Syndicat National des Pilotes de Ligne (SNPL CCAC) se dit « très inquiète » quant à l’emploi et la sauvegarde du pavillon français, suite aux annonces faites par la compagnie aérienne CMA-CGM AIR CARGO de mettre fin à sa coopération commerciale avec Air France-KLM.

 Le 15 janvier, CMA-CGM AIR CARGO et Air France-KLM ont annoncé conjointement mettre fin prématurément, ce, dès mars prochain, à leur accord commercial portant sur le fret aérien, qui avait pourtant été signé pour 10 ans.CMA-CGM AIR CARGO (CCAC) est la compagnie aérienne long courrier française, dédiée au fret, du Groupe français CMA-CGM dirigé par Rodolphe Saadé. Elle opère aujourd’hui 5 avions cargos basés à Roissy-CDG, et emploie un peu plus de 120 pilotes. 

Cet accord commercial devait permettre de démultiplier les synergies et favoriser le développement de la compagnie CCAC, qui, pour ce faire, a commandé de nouveaux avions : 2 Boeing 777 et 4 Airbus A350, voire plus. Alors que des A330 ont été ou vont être vendus, c’est l’annonce faite par la direction de CCAC sur le positionnement de ces futurs B777 qui inquiète le SNPL CCAC ainsi que le Bureau exécutif du SNPL. En effet, ces 2 B777, qui devaient entrer dans la flotte française, seront finalement délocalisés aux Etats-Unis dès leur livraison en 2024, par l’intermédiaire d’une compagnie sous certificat de transport aérien américain, indiquent les deux syndicats. « Les pilotes de CCAC et le SNPL sont donc doublement inquiets, tant pour la sauvegarde des emplois en France mais également pour le pavillon français, tant ce départ annoncé d’avions hors de France (et même hors de l’UE) est une très mauvaise nouvelle pour le fret aérien français et européen, et les emplois associés », affirme le communiqué commun. « Quel sera le sort des A350 à venir ? Vont-ils remplacer les A330 de la flotte CCAC actuelle et permettre le maintien de l’activité en France ? Ou sont-ils désormais également destinés aux compagnies et aux pilotes américains ? », s’interroge la section SNPL-CCAC.

Les pilotes CCAC ont besoin de réponses rapides quant à la pérennité de leurs emplois et quant à l’avenir même de CMA-CGM AIR CARGO en France.

Pour rappel, les deux groupes se disent malgré tout « déterminés à travailler en collaboration, afin que les clients du cargo puissent continuer à bénéficier de leurs réseaux respectifs ».

C’est un différend entre le gouvernement néerlandais et les autorités américaines, dans un contexte de fortes tensions commerciales entre l’Europe et les Etats-Unis, qui aurait entraîné le divorce à l’amiable. Pour des motifs antitrust, les avions de CMA CGM Air Cargo n’étaient pas autorisés à desservir les Etats-Unis en provenance d’Amsterdam-Schiphol, troisième plate-forme aéroportuaire européenne, puisque son partenaire était déjà associé à Virgin Atlantic et Delta Air Lines, un consortium pesant très lourd sur le fret aérien outre-Atlantique. Cet obstacle privait CMA CGM de débouchés sur un marché stratégique où il s’est renforcé depuis deux ans en achetant des terminaux dans les ports de Los Angeles-Long Beach et New York-New Jersey.

CMA CGM Air Cargo disposait de 6 appareils tout cargo, basés initialement à l’aéroport Paris-CDG, dont quatre Airbus A330-200F rachetés à Qatar Airways et deux Boeing 777F (avec des commandes en cours pour 6 appareils supplémentaires, quatre A350F et deux 777F).

Divorce entre CMA-CGM Air Cargo et Air France-KLM : des pilotes inquiets 2 Air Journal

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