Les représentants du personnel des compagnies aériennes ont appelé le 28 mai Bruxelles à agir rapidement pour autoriser l’achat par Lufthansa, pour 325 millions d’euros, des actions de l’État italien d’ITA Airways.

La lettre ajoute à la pression sur Margrethe Vestager, la principale responsable antitrust de la Commission européenne, alors que le temps presse pour qu’elle se prononce sur l’accord. « Une décision rapide et positive » concernant la fusion peut « signaler que vous, la Commission européenne, vous concentrez sur la force, la compétitivité dans un environnement de marché équitable et la croissance en Europe », indique la lettre datée du 28 mai et signée par 11 syndicats de l’aviation y compris le ver.di allemand et l’ANPAC italien. « L’objectif doit être de renforcer notre industrie aéronautique européenne, sa création de valeur, ses emplois aux normes européennes et de maintenir ses recettes fiscales en Europe », ajoute la lettre envoyée à Vestager et à la présidente de la Commission Ursula von der Leyen. La lettre cite également le fardeau actuel des lois environnementales de l’UE, des sanctions russes et de l’accès asymétrique au marché pour le secteur.

L’affaire provoque une tempête politique en Italie, et le ministre des Transports Matteo Salvini a déclaré que si Bruxelles bloquait l’accord, cela équivaudrait à un « acte hostile ». Le ministère italien de l’Économie et des Finances est l’unique actionnaire d’ITA, qui a succédé à Alitalia, la compagnie aérienne nationale de 70 ans, endettée, qui a effectué son dernier vol en 2021.

Pour rappel, la Commission européenne (CE) a reporté au 4 juillet la date limite à laquelle elle examinera une « offre de concessions considérablement améliorée » soumise le 6 mai par le groupe Lufthansa pour apaiser les inquiétudes antitrust de Bruxelles concernant son offre d’acquisition de 41% dans la compagnie publique italienne ITA Airways. Les engagements pris par le Ministère de l’Economie et Lufthansa pour obtenir le feu vert de l’UE pour la vente de la compagnie italienne comprennent une réduction des liaisons, qui incluent Milan Linate et Rome Fiumicino et une vingtaine d’autres liaisons. Mais Bruxelles a demandé davantage, les dernières concessions de Lufthansa reposant sur des accords avec eaysyJet ou Volotea pour permettre aux deux compagnies low-cost de démarrer des liaisons  courte distance entre Linate et Rome Fiumicino et l’Europe centrale afin de garantir une saine concurrence après la fusion. D’autres concessions ont été proposées comme le renoncement à 12 paires de créneaux quotidiens à Linate, la vente d’ entre six et neuf paires de créneaux horaires à Rome Fiumicino ou la séparation des activités commerciales d’ITA Airways de celles d’A++, sa coentreprise transatlantique avec United Airlines et Air Canada.

Lufthansa fait déjà partie de Star Alliance avec de grands acteurs mondiaux tels que United Airlines, et Bruxelles craint qu’une consolidation supplémentaire ne freine encore davantage la concurrence long-courrier sur les liaisons vers les États-Unis, le Canada et le Japon.

Lors d’une conférence de presse avant-hier, Vestager a déclaré que l’affaire Lufthansa-ITA était « en cours », les autorités examinant toujours les solutions potentielles. Vestager a déclaré qu’elle avait approuvé la « grande majorité » de milliers de cas de fusion, avec des interdictions pures et simples « vraiment rares ». Mais Bruxelles a parfois résisté à la pression politique, bloquant un projet de rapprochement du secteur ferroviaire entre Siemens et Alstom, défendu par Paris et Berlin. L’ultime réponse de la CE interviendra le 4 juillet prochain.

Les syndicats poussent Bruxelles à approuver le rachat d’ITA par Lufthansa 1 Air Journal

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