Le rapport de trafic pour l’année 2024 publié par ACI EUROPE confirme que les aéroports européens ont finalement dépassé les volumes de passagers d’avant la pandémie (2019) l’année dernière, accueillant plus de 2,5 milliards de passagers. Le trafic de passagers sur l’ensemble du réseau aéroportuaire européen en 2024 a augmenté de +7,4 %, terminant à +1,8 % au-dessus des niveaux d’avant la pandémie.

La dynamique de croissance a été essentiellement tirée par le trafic international de passagers (+8,8 % par rapport à 2023) plutôt que par le trafic intérieur de passagers (+2,5 % par rapport à 2023). Ce dernier est resté -6,3 % en dessous des niveaux d’avant la pandémie.

Plus prononcée au premier semestre de l’année (S1 à +8,9 % contre S2 à +6 %) ainsi que pendant les mois hors pointe traditionnellement associés à un trafic plus faible. Cela reflète les changements structurels du marché de l’aviation, notamment un transfert modal partiel vers le rail, une forte mobilité transfrontalière au sein du marché unique de l’UE et une demande en forte croissance sur les marchés émergents hors UE.

« Les aéroports européens ont accueilli 200 millions de passagers supplémentaires l’année dernière, dont beaucoup ont dépassé leurs records historiques précédents. Ce résultat a été obtenu malgré des tarifs aériens très gonflés, des pressions continues sur l’offre, une croissance économique généralement tiède et des tensions géopolitiques. Cela en dit long sur la façon dont les consommateurs accordent désormais la priorité aux expériences et aux voyages en particulier », s’est exprimé Olivier Jankovec, Directeur Général d’ACI EUROPE. « Mais 2024 a également confirmé des changements structurels majeurs post-Covid, avec la demande de loisirs et de visites d’amis et de parents (VFR) et les transporteurs à bas prix définissant largement les performances du trafic – ainsi que la consolidation des compagnies aériennes, l’évolution de la dynamique de connectivité aérienne et la géopolitique. Cela signifie qu’au-delà de nos résultats positifs, près de la moitié des aéroports européens sont restés en dessous de leurs niveaux de trafic d’avant la pandémie l’année dernière. Nous sommes désormais dans un marché aéroportuaire européen à plusieurs vitesses où les pressions concurrentielles ne cessent d’augmenter. »

« Dans les mois à venir, nous nous attendons à ce que la demande de transport aérien reste résiliente, défiant la confiance fragile des consommateurs et les économies européennes généralement moroses. Nous prévoyons donc une croissance de +4 % du trafic passagers pour 2025, mais nous devrons garder ces prévisions sous surveillance, compte tenu des incertitudes politiques et économiques mondiales accablantes. Pour l’instant, les risques de baisse du trafic concernent principalement les problèmes de gestion de la flotte des compagnies aériennes, les pénuries de capacité ATM, les politiques aériennes mal avisées et, bien sûr, la géopolitique », a-t-il ajouté.

Les aéroports du marché UE (UE, EEE, Suisse et Royaume-Uni) ont vu leur trafic passagers augmenter de +7,8% en 2024 par rapport à l’année précédente, surpassant ceux du reste de l’Europe (+5,2%), où l’impact de la géopolitique a été plus prononcé, touchant les aéroports d’Israël (-33,3%), de Russie (-13,5%) et bien sûr d’Ukraine (aucun trafic).

Les marchés UE les plus performants ont été ceux de la partie orientale du bloc, où la propension à prendre l’avion continue de converger vers des marchés plus matures, ainsi que ceux du Sud qui dépendent du tourisme entrant : Hongrie et Tchéquie (+18,9%), Estonie (+18%), Pologne (+15,6%), Malte (+14,8%), Croatie (+13,7%), Italie (+11,0%) et Grèce (+10,1%).

Dans le reste de l’Europe, les aéroports d’Albanie (+47,5%), de Moldavie (+46,0%), d’Ouzbékistan (+36,6%), de Bosnie-Herzégovine (+33,8%) et de Géorgie (+23,9%) ont enregistré une croissance impressionnante.

Comparés aux niveaux d’avant la pandémie (2019), les écarts de performance en matière de trafic passagers en 2024 sont marqués, reflétant à nouveau l’évolution de la dynamique du marché et l’impact continu de la géopolitique :

  • Les aéroports de 20 marchés nationaux n’ont toujours pas retrouvé leurs niveaux d’avant la pandémie, notamment l’Ukraine (-100 %) et Israël (-38,9 %), touchés par la guerre, ainsi que la Finlande (-24,9 %) et la Suède (-23,1 %).
  • À l’autre extrémité du spectre, un certain nombre de marchés de l’aviation en pleine émergence ont largement dépassé leurs niveaux d’avant la pandémie – l’Albanie (+220,8 %) et l’Ouzbékistan (+185,9 %) étant en tête, suivis du Kazakhstan (+74,7 %), du Kosovo (+72,1 %), de l’Arménie (+66,3 %) et de l’Azerbaïdjan (+59,9 %).
  • Parmi les plus grands marchés de l’aviation, la Turquie (+23,1%), l’Italie (+17,0%) et l’Espagne (+13,0%) ont enregistré des performances bien supérieures à leurs niveaux d’avant la pandémie, contrairement au Royaume-Uni (-0,1%), à la France (-3,0%) et à l’Allemagne (-16,6%).
  • Le trafic passagers des aéroports européens dépasse enfin les niveaux d'avant Covid en 2024 1 Air Journal

    ©Munich Airport

    Dans le même temps, sur le marché de l’UE+, les meilleures performances ont été enregistrées par l’Islande (+24,2%), Malte (+22,5%), la Grèce et la Pologne (+22,1%), le Portugal (+17,0%) et la Croatie (+16,6%).