Le directeur général de Safran, Olivier Andriès, a annoncé qu’il éviterait à l’avenir, « d’investir en France dans une ville détenue par une majorité écologiste », après les attaques menées par des militants écologistes contre un projet d’usine à Rennes.

« Si c’est pour se faire accueillir par des tomates, ce n’est pas la peine, je ne le ferai pas. Chaque fois que l’on aura un choix de localisation, je bannirai une offre faite par une ville détenue par une majorité écologiste », a déclaré le patron lundi, à l’occasion d’une commission d’enquête de l’Assemblée nationale sur les freins à la réindustrialisation.

En février 2024, l’équipementier aéronautique avait annoncé un nouveau site de fonderie à Rennes, dédié à la production d’aubages de turbine pour ses programmes de motorisation majeurs, respectivement le M88 dans le domaine militaire et le LEAP de CFM International dans le domaine civil. Opérationnel dès 2027 et employant 500 personnes à l’horizon 2029, ce futur site permettra à Safran Aircraft Engines de compléter son réseau mondial de production d’aubages de turbine avancées.

Que reprochent les écologistes à Safran ?

Ils arguent que l’aviation est un secteur polluant, responsable d’émissions importantes de gaz à effet de serre. Ils estiment que, dans un contexte d’urgence climatique, l’aéronautique « n’est pas un secteur d’avenir » et que les investissements publics devraient prioriser des industries plus durables, comme les transports ferroviaires ou les énergies renouvelables. Une partie des critiques vise la production de Safran pour des applications militaires, notamment les moteurs du Rafale. Les écologistes ont dénoncé cette dimension, qualifiant ces activités de « pas bien » et s’opposant à l’idée de soutenir une industrie liée à l’armement, perçue comme contraire à leurs valeurs pacifistes.

À Rennes, les élus écologistes ont exprimé leur frustration face à l’absence de consultation préalable sur le projet d’usine Safran à La Janais. Ils ont dénoncé une « rupture de confiance » et un « coup de force » de la part de la maire socialiste Nathalie Appéré, qui a soutenu le projet sans impliquer les écologistes. Cette opacité a exacerbé les tensions entre les deux formations de gauche, alliées au sein de la majorité métropolitaine.

Les écologistes, comme la députée Sandrine Rousseau, ont contesté l’argument selon lequel la création des 500 emplois justifie le projet. Ils estiment que ces emplois, liés à une industrie polluante, seraient de courte durée et nuiraient à long terme à la planète. Ils appellent à une réorientation vers des secteurs alignés sur la transition écologique. « 500 emplois pour quoi faire ? De quelle pérennité ces emplois sont-ils le nom ? Si c’est pour détruire la planète, on a 500 emplois qui vont durer un temps très court et n’auront pas de débouchés industriels intéressants », a déclaré Sandrine Rousseau, invitée mercredi sur BFMTV.

Bien que Safran mette en avant des efforts pour réduire son empreinte carbone (plan « bas-carbone » visant 30 % d’émissions de CO2 en moins dès 2025 par rapport à 2018), les écologistes restent méfiants. Ils doutent que le site de Rennes respecte pleinement les ambitions de décarbonation, notamment pour un site produisant des pièces pour moteurs d’avions, un secteur émetteur de CO2. En tout cas, selon une porte-parole de Safran, citée par France 3 Région, le projet d’usine à Rennes n’est pas remis en cause : « Le site doit être opérationnel en 2027. La pose de la première pierre est d’ailleurs prévue dans un mois, à la mi-mai 2025 ».

Pourquoi les écologistes s'en prennent-ils à Safran à Rennes ? 1 Air Journal

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