La compagnie aérienne régionale brésilienne Voepass devrait se placer sous la protection de la loi sur les faillites dès cette semaine, citant notamment la plus grande compagnie sud-américaine, LATAM Airlines, comme la « principale responsable » de sa crise financière.

Cette décision intervient après deux mois de négociations infructueuses avec les créanciers alors que Voepass a connu un crash dramatique (62 morts) en août de l’année dernière. Au cœur de la crise se trouve le partenariat fragile de la compagnie avec LATAM, mis à rude épreuve par la suspension d’un contrat d’achat de capacité (CPA) entre les deux transporteurs.

Dans les documents consultés par Reuters, la compagnie aérienne régionale, qui a conclu un accord de partage de codes avec LATAM, accuse le transporteur d’exercer une influence significative sur leur relation commerciale et de manquer à ses obligations financières. Selon Voepass, après la tragédie dans la région de Campinas au Brésil, LATAM a demandé la suspension des activités de quatre avions, n’en gardant que six en fonctionnement. En outre, toujours selon Voepass, LATAM n’a pas transféré environ 35 millions de reais (5,37 millions d’euros) liés aux coûts de maintenance des avions. « Le Groupe Voepass ne pouvait pas ne pas signaler, dès le début, que le principal responsable de sa crise économique et financière et de la demande de redressement judiciaire qui lui est liée est LATAM, qui a exercé un pouvoir élevé d’ingérence dans la relation commerciale entre les parties, en plus de ne pas remplir les obligations financières pertinentes, en prenant des décisions commerciales tout aussi pertinentes et délétères », indique un extrait.

Dans un communiqué rendu public mercredi après-midi, LATAM Airlines a déclaré rejeter catégoriquement les allégations de Voepass lui attribuant une responsabilité dans sa crise financière. La compagnie aérienne a également indiqué que la fin du partenariat commercial avec Voepass était principalement motivée par l’accident aérien de 2024.

Voepass, qui revendique une dette totale d’environ 209,2 millions de reais (32 millions d’euros), est en difficulté depuis le crash de l’un de ses avions près de São Paulo en août 2024, tuant les 62 personnes à bord. Les pilotes ont fait part avant l’accident d’un problème dans le système de dégivrage, selon un rapport d’enquête préliminaire. Ce crash de Voepass a été la pire catastrophe aérienne sur le sol brésilien en 17 ans.

En mars dernier, l’Agence Nationale de l’Aviation Civile (ANAC) a décidé de suspendre, par mesure de précaution les opérations de Voepass en raison de non-conformités liées aux systèmes de gestion de la compagnie prévue par la réglementation. LATAM s’est justifié en indiquant que « Voepass ne dispose pas de certificat d’opérateur aérien (COA), conformément à la suspension décidée par l’Agence nationale de l’aviation civile (Anac). Cette suspension l’empêche d’exploiter des vols de transport de passagers, ce qui renforce les justifications de la résiliation du contrat. »

En février, la compagnie aérienne avait annoncé une restructuration financière et a réussi à suspendre les actions des créanciers et à saisir les avions. Ce mois-ci, toujours sans obtenir l’autorisation de l’ANAC pour reprendre ses activités, la compagnie a licencié des salariés, sans que le détail sur leur nombre soit communiqué.

Selon Voepass, la récente demande de placement sous la protection de la loi sur les faillites fait partie d’une stratégie visant à réorganiser les finances de l’entreprise et à structurer son capital, dans la continuité du processus de restructuration financière initié précédemment. « L’initiative intervient dans un contexte difficile pour le secteur de l’aviation régionale, qui connaît une réduction de l’offre d’accès au transport aérien à l’intérieur du Brésil, et reflète l’engagement de l’entreprise à préserver ses opérations, à maintenir le service client et à honorer ses engagements envers les employés et les fournisseurs », a déclaré Voepass dans un communiqué.

 

 

 

Brésil : Voepass va déposer le bilan et accuse LATAM d’en être responsable 1 Air Journal

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