La Suède, pays à l’origine du mouvement « flygskam » (en suédois « honte de prendre l’avion » pour des raisons écologiques), vient de prendre une décision marquante en annonçant la suppression de sa taxe aérienne à partir de juillet 2025.
Introduite en 2018, cette taxe aérienne visait à réduire l’impact environnemental du secteur aérien en encourageant des modes de transport moins polluants, comme le train de nuit réintroduit en Suède et les transports électriques. Selon The Guardian, la suppression de cette taxe devrait permettre de réduire le prix des billets d’avion au départ de la Suède de 80 couronnes (7,10 euros) sur les vols intra-européens et de 325 couronnes (29 euros) sur les vols hors-Europe. La low cost Ryanair a déjà annoncé son retour sur le marché intérieur suédois, avec de nouvelles liaisons et de nouveaux appareils. Deux autres compagnies à bas coût, Norwegian et easyJet, devraient également développer leur réseau en Suède.
Le terme « flygskam », popularisé en 2018 notamment grâce à l’activiste Greta Thunberg, incarne le sentiment de culpabilité lié à l’empreinte carbone des voyages en avion. Ce mouvement a incité de nombreux Suédois à privilégier le train pour les trajets domestiques et même internationaux, contribuant à une baisse notable du trafic aérien intérieur entre 2018 et 2019. Selon l’Agence suédoise des transports, le nombre de passagers sur les vols intérieurs avait chuté de 6 % en 2019, tandis que les compagnies ferroviaires, comme SJ, enregistraient une hausse significative de leur fréquentation.
La suppression de cette taxe aérienne, confirmée début juillet 2025 par le gouvernement suédois, s’inscrit dans une volonté de soutenir l’industrie aéronautique suédoise, fragilisée par la pandémie de Covid-19 et les défis économiques qui ont suivi. Le gouvernement conservateur, dirigé par le Premier ministre Ulf Kristersson, a justifié cette mesure comme un moyen de réduire les coûts pour les compagnies aériennes et de préserver la compétitivité du secteur. La compagnie SAS (Scandinavian Airlines), par exemple, a salué cette décision, y voyant une opportunité de relancer ses activités.
L’Association internationale du transport aérien (IATA) a également applaudi cette initiative, qualifiant la taxe de « contre-productive économiquement et inefficace environnementalement ». Selon l’IATA, les taxes sur les billets d’avion n’auraient pas eu l’impact environnemental escompté, tout en pesant sur les finances des compagnies et des voyageurs.
Cette décision a toutefois suscité des critiques de la part des défenseurs de l’environnement. Pour beaucoup, la suppression de la taxe aérienne marque un recul dans les efforts de la Suède pour atteindre la neutralité carbone d’ici 2045. Certains militants estiment que cette décision pourrait affaiblir le message du « flygskam » et inciter à une reprise des voyages aériens, au détriment des alternatives plus durables comme le train.
D’un autre côté, les partisans de cette mesure soulignent que le secteur aérien suédois a déjà pris des engagements pour réduire son empreinte carbone, notamment à travers l’utilisation croissante de biocarburants et des innovations technologiques visant à améliorer l’efficacité énergétique des avions. De plus, la Suède reste un pays à l’avant-garde des politiques climatiques, avec des investissements conséquents dans les infrastructures ferroviaires et les énergies renouvelables.
La suppression de la taxe aérienne illustre le délicate équilibre entre les impératifs économiques et les ambitions écologiques. Alors que le « flygskam » a profondément marqué les consciences en Suède et au-delà, son influence semble s’être atténuée ces dernières années, notamment après la pandémie, qui a redonné un élan aux voyages aériens internationaux. En Suède, où les distances géographiques rendent l’avion souvent incontournable pour relier le nord et le sud du pays, le retour à une croissance du trafic aérien semble répondre à un besoin pratique.

@Swedavia
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