Lundi 18 août, la justice australienne a infligé à Qantas, principale compagnie aérienne du pays, une amende historique de 90 millions de dollars australiens (soit près de 59 millions de dollars américains) pour avoir licencié illégalement plus de 1 800 salariés au sol durant la pandémie de Covid-19.
Cette décision met un terme à une bataille judiciaire de cinq ans entre le géant du transport aérien et le syndicat Transport Workers’ Union (TWU), qui avait intenté une action en justice au nom des employés évincés. Selon le jugement du juge Michael Lee, cette sanction vise à « servir de véritable dissuasion » pour d’autres entreprises, leur rappelant que le non-respect du droit du travail ne doit pas être réduit à un coût dans les affaires courantes. La moitié de la pénalité sera reversée directement au syndicat TWU, qui s’est félicité d’une victoire « David contre Goliath » et d’un « moment de justice pour des employés dévoués, attachés à leur métier ».
Les licenciements, intervenus en août 2020, période de confinements et de fermetures de frontières, alors qu’aucun vaccin n’était largement disponible, avaient été justifiés par Qantas comme une nécessité financière. La compagnie avait choisi d’externaliser ses équipes de manutention, de bagagistes et de nettoyeurs pour faire face à l’arrêt brutal du secteur aérien. Mais la justice a estimé que cette mesure portait atteinte aux droits des salariés, notamment ceux de négocier collectivement ou de mener des actions syndicales.
Ce record d’amende s’ajoute aux 120 millions de dollars australiens (78 millions de dollars américains) que Qantas a déjà accepté de verser, après avoir perdu plusieurs appels et n’avoir pu justifier la légalité de ses choix en Haute Cour fin 2024. Fait marquant : la somme économisée par l’externalisation (estimée à plus de 125 millions de dollars australiens par an) aurait malgré tout pu dépasser le montant de la sanction, soulevant des interrogations sur l’efficacité réelle des pénalités à dissuader de telles pratiques.
La sincérité des excuses formulées par Qantas a été mise en doute au tribunal, le juge Lee pointant la stratégie juridique « implacable et agressive » de la compagnie, davantage motivée, selon lui, par la protection de ses intérêts que par la réparation du préjudice subi par les employés. Vanessa Hudson, directrice générale depuis 2023, a présenté des excuses publiques aux salariés et à leurs familles en reconnaissant les « difficultés réelles » causées par la décision d’externalisation.
Ce scandale s’ajoute à d’autres controverses récentes ayant terni l’image de la compagnie centenaire, surnommée le « Spirit of Australia » : hausse des prix, qualité de service critiquée, et vente de billets sur des vols finalement annulés, qui avait valu à Qantas une précédente amende de 80 millions de dollars US en mai 2024.

Anna Stazzi a commenté :
18 août 2025 - 12 h 36 min
Pauvre Qantas ..
Un pourboire de 2700€ par salarié lourdé, en plus des 3700€ du précédent montant.
Super indemnisation.
Dommage que les médias ne regardent jamais que par un seul côté de la lorgnette.
Ça a permis à Qantas parmi beaucoup d’autres de bien dégraisser le mammouth.
Pas si cool a commenté :
19 août 2025 - 10 h 22 min
Beaucoup de compagnies occidentales ont rapidement licencié pour alléger leurs charges en période de COVID.
Cela avait été fait de manière plus ou moins légale.
Qantas a eu la main un peu lourde et avec des arguments qui se sont retournés contre elle.