Depuis son arrivée à la présidence, Donald Trump a intensifié la politique d’expulsion des immigrés clandestins aux États-Unis, déployant des moyens importants notamment pour le transport aérien de ces personnes vers leurs pays d’origine.

Cette politique, largement relayée et critiquée, s’est aussi transformée en une source financière inédite pour plusieurs compagnies aériennes américaines spécialisées dans les vols charters. L’agence fédérale Immigration and Customs Enforcement (ICE), chargée d’organiser ces expulsions, dispose d’un budget initial de 721 millions de dollars annuel dédié au transport des migrants. Selon le quotidien Financial Times cité par BFMTV, ce budget a récemment été augmenté de 3,6 milliards de dollars supplémentaires par an. Ces fonds permettent à l’ICE de réaliser des dizaines de vols quotidiens entre les centres de détention américains et les pays réceptifs.

Une entreprise privée, CSI Aviation, est au cœur de ce dispositif. Spécialisée dans les négociations de vols charters pour le gouvernement, CSI Aviation a signé un contrat d’affrètement d’une valeur estimée à 3,6 milliards de dollars sur cinq ans. Ce contrat, qui a connu des interruptions suite à un litige, continue néanmoins en régime intérimaire avec des revenus déjà conséquents.

Plusieurs compagnies aériennes comme GlobalX et Avelo bénéficient directement de ces contrats gouvernementaux. Depuis le début de l’année, GlobalX a effectué environ 5 300 vols pour l’ICE, ce qui représentait jusqu’à 58% de son chiffre d’affaires pour le deuxième trimestre. De son côté, Avelo, que la politique d’expulsions a aidée à se redresser financièrement, a opéré au moins 568 vols liés à ces missions d’expulsion. Pour protéger son image, la compagnie aérienne a pris soin de repeindre ses avions en blanc afin d’effacer sa marque visible.

Cette activité soulève cependant d’importantes critiques, notamment sur les conditions de vol des migrants expulsés. Attachés à leurs sièges souvent pendant plus de 20 heures, ces expulsions sont dénoncées par plusieurs associations, qui appellent au boycott des compagnies aériennes impliquées, notamment Avelo. Interrogée par le Financial Times, Avelo répond sans détour : « Quelle que soit l’administration, en tant que compagnie aérienne nationale américaine, lorsque notre pays appelle et demande de l’aide, notre pratique est de dire oui ».

En France aussi, la tendance à la hausse des expulsions se confirme en 2024, avec 21 601 étrangers en situation irrégulière reconduits à la frontière, soit une augmentation de 26,7% par rapport à 2023, selon les données publiées par le ministère de l’Intérieur. Le coût moyen d’une expulsion est estimé entre 3 000 et 5 000 euros, comprenant les frais administratifs et le transport aérien.

Etats-Unis : les expulsions d'illégaux, un marché juteux pour les compagnies charters 1 Air Journal

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