Plusieurs pays européens ont fait face à des survols répétés de drones non identifiés au-dessus de leurs aéroports, perturbant leur trafic aérien tout au long de la semaine. Hier encore, une piste de l’aéroport Amsterdam-Schiphol a été temporairement fermée en raison de la présence d’un « petit objet volant ».

Le Danemark a signalé des drones volant au-dessus de sa plus grande base militaire de Karup, ainsi que sur plusieurs aéroports civils, entraînant des fermetures temporaires. La Norvège a également rapporté des observations similaires près de sa principale base aérienne d’Orland et de l’aéroport d’Oslo. D’autres pays comme la Pologne, la Roumanie et l’Allemagne ont eux aussi été touchés par ces incursions. Ces opérations semblent orchestrées par un « acteur professionnel » selon les autorités danoises, qui pointent la Russie comme principale suspecte, bien que Moscou rejette fermement ces accusations.

Jusqu’à présent, aucune source officielle danoise ou européenne n’a clairement attribué ces drones à la Russie. Parallèlement, certains observateurs évoquent une guerre de l’ombre où les services secrets ukrainiens pourraient utiliser des drones pour créer de la confusion et faire porter la responsabilité à la Russie. « Je vois mal un drone partir de Saint-Pétersbourg, faire 1 000 km en plein milieu de l’OTAN pour venir faire un tour à Oslo ou Copenhague », a par exemple commenté le général français Patrick Dutartre sur FranceTV, estimant nécessaire une « enquête complémentaire » pour en savoir plus sur ces survols de drones. Certains pays gonflent les « menaces de drones russes » pour « que ça aille plus vite au niveau du financement » des achats d’armement et de « l’opinion », a nuancé Richard Werly, journaliste du site suisse alémanique Blick invité sur LCI.

Le sabotage des gazoducs Nord Stream
Cette hypothèse rappelle le sabotage des gazoducs Nord Stream 1 et 2 en septembre 2022 en mer Baltique. Après plusieurs mois d’enquête, des sources officielles allemandes et internationales ont indiqué que cet acte avait été commis par un groupe lié aux services secrets ukrainiens. L’opération avait été supervisée par des responsables militaires ukrainiens, notamment le commandant en chef de l’armée ukrainienne de l’époque, Valeri Zaloujny. Le projet avait été approuvé initialement par le président Volodymyr Zelensky, qui a ensuite demandé son arrêt sans que l’ordre ait été totalement suivi. L’attentat aurait été réalisé par un commando agissant depuis un voilier loué et aurait coûté environ 300 000 dollars, financé par des hommes d’affaires ukrainiens. Un Ukrainien suspecté d’avoir coordonné le sabotage a été arrêté en Italie en 2025 sur mandat d’arrêt européen émis par la justice allemande.

Dans tous les cas, l’Union européenne (UE) a pris des mesures pour renforcer la protection de son espace aérien. Plusieurs ministres de la Défense appellent à la mise en place d’un « mur anti-drones », système coordonné combinant technologies de détection et moyens d’interception pour neutraliser les drones illégaux avant qu’ils ne menacent les infrastructures sensibles comme les aéroports. L’Allemagne va autoriser ses forces armées à abattre des drones en cas d’intrusion sur son territoire, a déclaré hier le ministre allemand de l’Intérieur après qu’un « essaim » d’appareils d’origine inconnue a été repéré la veille dans le nord du pays. L’OTAN a aussi renforcé sa présence dans la région baltique avec un renforcement des moyens militaires, comprenant notamment une frégate de défense aérienne.

Mise à jour : Le Danemark annonce interdire tous les vols de drones civils cette semaine en raison du sommet européen qui réunira les chefs de gouvernement à Copenhague, mercredi et jeudi.

Survols de drones non identifiés : une guerre de l'ombre menée par l'Ukraine ? 1 Air Journal

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