Après la quasi-collision du 21 septembre et suite à des retards répétés sur l’aéroport azuréen, Christian Estrosi, maire de Nice, demande à l’État de remplacer les contrôleurs aériens par des militaires.

Le conseil municipal de Nice, ce mercredi, a été marqué par une annonce surprenante de Christian Estrosi (Horizons). Le maire a demandé à l’État « de remplacer les contrôleurs aériens par des militaires », accusant ces derniers de comportements « inadmissibles » et de « dérives » qui affecteraient gravement le fonctionnement de l’aéroport Nice-Côte d’Azur. Face à la presse locale, le maire de Nice a de même exprimé sa colère : « Les contrôleurs du ciel et la DGAC qui n’est pas capable de les tenir, ça suffit ! Nous sommes de plus en plus pénalisés par ce comportement inadmissible des contrôleurs aériens, aussi bien de Nice qu’Aix-en-Provence. Cela a des conséquences économiques et sociales. » Estrosi entend soumettre sa proposition au vote lors du prochain conseil municipal. L’élu a choisi de s’exprimer dans un contexte tendu, quelques jours seulement après un incident aérien qui aurait pu tourner au drame.

Dimanche 21 septembre, un Airbus d’easyJet, qui s’apprêtait à s’élancer sur le piste pour décoller, a été frôlé par un appareil de la compagnie tunisienne NouvelAir qui s’était engagé par erreur sur la même piste pour atterrir. L’équipage tunisien a dû remettre les gaz en urgence. Ce quasi-accident a traumatisé plusieurs passagers et conduit à l’ouverture d’une enquête par le BEA (Bureau d’Enquêtes et d’Analyses), qui a qualifié l’événement d’« incident grave ». Les premiers éléments confirment que l’avion de NouvelAir « s’est bien trompé de piste », mais les investigations (analyse des différentes boîtes noires, auditions des équipages et des contrôleurs, conditions météo…) doivent encore déterminer pourquoi l’erreur n’a pas été corrigée à temps par le contrôle aérien.

Pour appuyer son propos sur la nécessité de faire appel aux militaires, M. Estrosi s’est permis une comparaison historique. Il a rappelé que l’ancien président américain Ronald Reagan, en 1981, avait licencié plus de 11 000 contrôleurs aériens en grève, les remplaçant temporairement par des militaires jusqu’à la formation de nouvelles recrues. En France, une telle solution serait néanmoins sans précédent. Les contrôleurs aériens font partie d’un corps hautement qualifié, dépendant de la DGAC, et toute substitution impliquerait une décision gouvernementale majeure.

Des retards à répétition à Nice depuis la quasi-collision

Depuis le 21 septembre, quand s’est déroulé « l’incident grave », la plateforme azuréenne fait face à de nombreux retards. Interrogée par France 3 Provence-Alpes-Côte d’Azur, la Direction générale de l’aviation civile (DGAC) reconnaît des « difficultés opérationnelles », qu’elle explique par « des effectifs tendus de contrôleurs aériens » et « l’indisponibilité temporaire d’une partie de l’équipe de contrôle » suite à l’incident.

À ces problèmes structurels s’est ajouté un trafic exceptionnel lié au Monaco Yacht Show, grand rendez-vous annuel où de super clients font usage de l’aviation privée. La DGAC assure néanmoins que « la sécurité demeure la priorité absolue » et qu’elle applique des « ajustements opérationnels » en lien avec les compagnies aériennes pour limiter les perturbations. Ces « ajustements » vont encore perdurer lors des trois prochains jours de grève des contrôleurs aériens en France, du 7 au 9 octobre.

“Deuxième aéroport” du pays après Paris (en incluant CDG et Orly), Nice-Côte d’Azur a accueilli 14,7 millions de passagers en 2024. Avec plus de 120 destinations directes dans 45 pays, dont treize liaisons long-courrier – uniques en province – la plateforme joue un rôle vital pour l’économie régionale et le tourisme azuréen. Toute perturbation prolongée du contrôle aérien pèse donc non seulement sur les voyageurs, mais aussi sur de nombreux secteurs d’activité.

Suite aux retards et à la quasi-collision à Nice, Christian Estrosi réclame l’armée au contrôle aérien 1 Air Journal

©Aéroports de la côte d’AzurJ.Kélagopian