Le nouveau système d’entrée/sortie dans l’espace Schengen entre en vigueur dimanche 12 octobre 2025. « Progressivement », les données biométriques et informations de voyage de tous les étrangers extracommunautaires seront enregistrées dans une base de données commune.
À partir du 12 octobre, 29 pays européens lanceront le système d’Entrée/Sortie (Entry/Exit System, EES), une base de données biométriques destinée à enregistrer automatiquement les passages des ressortissants de pays tiers aux frontières extérieures de l’espace Schengen. Ce dispositif, mis en place après plusieurs années de préparation, remplacera progressivement le tampon manuel des passeports. Son objectif est clair : mieux lutter contre le dépassement de séjour et moderniser le contrôle frontalier.
Le système enregistrera, à chaque passage, les données personnelles, les empreintes digitales, la photo faciale, ainsi que l’heure et le lieu précis d’entrée ou de sortie des voyageurs non européens effectuant de courts séjours dans l’espace Schengen. Les interdictions d’entrée seront également intégrées. Ce projet constitue une avancée majeure dans la digitalisation des frontières, après des années de discussions au sein de l’Union européenne sur la modernisation des contrôles. À terme, l’EES couvrira 29 pays européens appliquant les règles de Schengen, dont la France, l’Allemagne, l’Italie, ou encore l’Estonie, à l’initiative du lancement.
Fin du tampon papier, place au contrôle biométrique, exemple de l’Estonie
« L’EES remplacera le système actuel de tampons manuels sur les passeports, une procédure chronophage et incapable de détecter systématiquement les dépassements de séjour », a ainsi expliqué Marko Voog, chef de projet au Bureau de gestion des frontières de la police estonienne. Selon lui, le dispositif « rendra les contrôles plus efficaces et plus sûrs, en contribuant à prévenir l’immigration illégale et à protéger les citoyens européens. » Toujours d’après Voog, ce nouvel outil profitera également aux voyageurs de bonne foi : « Le système favorisera une détection plus rapide des fraudes documentaires et permettra de développer les contrôles automatisés et libre-service, plus rapides et confortables. »
En Estonie, le coup d’envoi sera donné simultanément dans tous les points de passage frontaliers, du poste terrestre de Narva aux ports en passant par l’aéroport de Tallinn. Katre Vahtra, responsable des services de développement informatique au ministère de l’Intérieur (SMIT), met toutefois en garde : « Dans les premières semaines, il pourrait y avoir plus de files d’attente que d’habitude. Mais il s’agit d’une phase normale lors du lancement d’un tel changement. »
Les autorités conseillent ainsi aux voyageurs d’arriver en avance aux aéroports ou terminaux maritimes afin d’éviter le stress lié à un éventuel rallongement des formalités. Les passagers européens, eux, ne sont pas concernés par ces nouvelles procédures mais pourraient ressentir indirectement un ralentissement lié à l’introduction des prises d’empreintes et photos pour les ressortissants extérieurs à l’UE. L’aéroport de Tallinn rappelle par ailleurs que les citoyens de l’Union européenne et de Suisse, âgés de plus de 12 ans et disposant d’un passeport biométrique, peuvent utiliser les sas automatisés dits ABC gates. Ces bornes permettront de fluidifier le passage des voyageurs réguliers.
Une réponse aux défis migratoires et sécuritaires de l’UE
Le nouveau système d’Entrée/Sortie fait partie intégrante du paquet européen de gestion des frontières, qui comprend également le futur système ETIAS, attendu en 2026, et qui obligera les voyageurs de pays tiers exemptés de visa (comme les Britanniques ou les Canadiens) à obtenir une autorisation de voyage préalable. Le système facilitera également la détection des usurpations d’identité et le suivi des personnes qui dépassent la durée de séjour autorisée. Actuellement, les voyageurs peuvent rester dans l’espace Schengen jusqu’à 90 jours sur toute période de 180 jours. L’agence européenne eu-LISA, chargée de la gestion opérationnelle des systèmes informatiques à grande échelle dans le domaine de la liberté, de la sécurité et de la justice, est responsable du développement et de la gestion de ce système.
La montée en puissance de l’EES s’inscrit dans un contexte marqué par l’augmentation des flux migratoires vers l’Europe et la nécessité, exprimée par Bruxelles, d’améliorer la traçabilité des séjours de courte durée. Actuellement, plus d’un million de voyageurs par jour franchissent les frontières extérieures de Schengen. La Commission européenne insiste depuis plusieurs années sur les limites du tampon manuel, jugé obsolète face aux enjeux sécuritaires et à la mobilité croissante.
En pratique, l’EES devrait à la fois améliorer la détection des séjours irréguliers et accélérer la modernisation technologique des contrôles, une évolution comparable à ce qui existe depuis plus de 15 ans aux États-Unis avec le programme US-VISIT.

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