Le bras de fer social se poursuit chez Boeing, où 3 200 ouvriers de plusieurs sites dédiés à la production d’avions et d’armements militaires sont en grève depuis le 4 août dernier.

Face à cette situation, la direction de l’avionneur américain anticipe une poursuite du mouvement « pendant des semaines, voire des mois », selon un mémo interne adressé au personnel de la région de St. Louis (Missouri). Pour maintenir son activité, la direction de Boeing a décidé de franchir une nouvelle étape dans la gestion de la crise : le recours aux sous-traitants pour remplacer les grévistes dans certaines tâches, et l’élargissement du recrutement de salariés permanents.

Recrutements et sous-traitance : une stratégie à risque
Boeing avait déjà lancé en septembre le recrutement de salariés non syndiqués pour pallier l’absence des grévistes, une opération qualifiée de « succès » selon la direction. Désormais, l’avionneur mise également sur l’externalisation de certaines fonctions vers des sous-traitants, notamment pour les usines de St. Louis, St. Charles (Missouri) et Mascoutah (Illinois), où sont assemblés les F-15, F-18, le T-7 Red Hawk et le drone MQ-25. Cette décision, bien qu’elle vise à éviter l’explosion des retards de livraison sur des programmes militaires stratégiques, risque d’alimenter les tensions avec le syndicat des machinistes IAM District 837, qui a rejeté à trois reprises les propositions de la direction depuis le début du conflit.

Contexte social et incidences financières
Le mouvement touche un segment clé de Boeing, avec chaque semaine de grève représentant des milliers d’heures de travail perdues et un impact sur la livraison des commandes militaires. Les ouvriers ont déjà perdu en moyenne 18 000 dollars de salaires depuis le début du conflit, et la continuité industrielle apparaît de plus en plus fragile. Le recours aux sous-traitants rappelle la grève historique de 2008, où Boeing avait dû réduire la sous-traitance sur ses futurs avions pour sortir de l’impasse sociale. Plus récemment, en 2024, la grève dans ses usines d’aviation civile avait coûté près de 850 millions de dollars à l’entreprise, illustrant la sensibilité de l’avionneur aux mouvements sociaux prolongés.

Un géant en turbulence
Boeing traverse depuis plusieurs années une période mouvementée, entre retards de livraison, problèmes de qualité sur certaines chaînes d’avions de ligne, et tensions sociales à répétition. Le recours massif à la sous-traitance pour maintenir la production face à une grève longue marque un nouveau tournant, mais pose aussi la question des relations à long terme avec son personnel et ses partenaires institutionnels. Le syndicat IAM a averti que le remplacement massif de techniciens qualifiés pourrait non seulement porter atteinte à la sécurité des produits, mais aussi accentuer l’attrition des savoir-faire internes.

Conflit social chez Boeing : l’ombre de la sous-traitance plane sur la production des avions militaires 1 Air Journal

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