L’avionneur brésilien Embraer met un terme définitif à son ambitieux programme de turbopropulseur de 70 à 90 sièges, après plusieurs années de réflexion et de suspense.

L’annonce, faite lors de la présentation des résultats du troisième trimestre 2025, marque un recentrage stratégique vers les jets régionaux et les avions d’affaires. Interrogé par un analyste lors de la conférence de presse financière du 5 novembre, Francisco Gomes Neto, PDG d’Embraer, a déclaré que  « le projet de turbopropulseur a été annulé ». «  Nous n’avons actuellement aucun plan dans cette direction. »
Cette déclaration met fin à plusieurs années de développement conceptuel autour d’un nouvel appareil régional censé moderniser le modèle existant des turbopropulseurs, un segment dominé depuis des décennies par le franco-italien ATR (filiale commune d’Airbus et de Leonardo). De premières esquisses conceptuelles publiées entre 2020 et 2021 avaient montré deux options : moteurs montés sous aile, puis moteurs arrière, dans une configuration inédite pour ce type d’avion.

Une technologie moteur jugée insuffisante

La raison principale de cette décision serait liée à la maturité des nouvelles générations de moteurs turbopropulsés. Embraer souhaitait initialement propulser son appareil avec une motorisation de nouvelle génération plus silencieuse, plus efficace et adaptée à des carburants durables (SAF). Or, ces technologies ne sont pas encore prêtes pour une industrialisation à court terme.

En contrepartie, Embraer affiche une amélioration sensible de sa chaîne d’approvisionnement après les difficultés post-Covid qui avaient freiné l’assemblage des appareils. « Le risque sur la supply chain en 2025… est écarté. Nous disposons de toutes les pièces nécessaires pour assembler nos avions », a souligné Francisco Gomes Neto.

Sur les neuf premiers mois de 2025, Embraer a livré 148 appareils, dont  46 E-Jets (E175, E190-E2, E195-E2) et 102 jets d’affaires. Pour atteindre son objectif annuel de 222 à 240 avions livrés, il lui reste environ 74 unités à remettre au quatrième trimestre. Une performance ambitieuse mais jugée réalisable par le groupe, désormais débarrassé de ses goulets logistiques.

Focus maintenu sur les E-Jets et les jets d’affaires

La décision de clôturer le programme de turboprop correspond à un repositionnement stratégique clair : Embraer concentre ses investissements sur les E-Jets de deuxième génération (E2), sur ses avions d’affaires et sur l’efficacité industrielle de ses lignes d’assemblage.

Le groupe brésilien affiche au troisième trimestre un chiffre d’affaires d’environ 2 milliards de dollars, en hausse de 18% sur un an, et un bénéfice net de 129 millions de dollars, en recul de 29%. Une baisse jugée conjoncturelle, liée à la montée en cadence de production et aux investissements sur les futurs programmes. L’avionneur affiche également un carnet de commandes de 31,3  milliards  de dollars, un sommet absolu jusqu’à maintenant.

Embraer n’exclut pas de futurs développements lorsque la technologie moteur ou les besoins du marché l’y  inciteront. L’avionneur évoque déjà des pistes autour d’appareils électriques, hybrides ou à hydrogène, en continuité avec ses travaux dans le cadre du projet Eve Air Mobility, filiale dédiée à la mobilité aérienne urbaine.

Fin de partie pour le futur ATR brésilien : Embraer annule son programme de turbopropulseur 1 Air Journal

©Embraer / Andre M.