En pleine paralysie partielle de l’administration fédérale américaine, le président Donald Trump a publié un message incendiaire sur son réseau Truth Social. Il y somme les contrôleurs aériens de « reprendre le travail immédiatement » sous peine de sanctions, tout en promettant une prime exceptionnelle de 10 000 dollars à ceux qu’il qualifie de « patriotes ».
Dans un message posté le 10 novembre 2025, Donald Trump a exhorté les contrôleurs aériens américains à « retourner au travail maintenant », fustigeant au passage les « équipements obsolètes » de la Federal Aviation Administration (FAA), les syndicats et les démocrates, responsables selon lui du blocage politique à Washington. « Tout contrôleur qui ne retourne pas immédiatement travailler verra sa paie fortement réduite », a-t-il écrit, avant d’ajouter qu’il recommanderait une prime de 10 000 dollars pour chaque contrôleur « ayant fait preuve de service distingué envers la Nation ».
Ce ton martelé, typique du président américain, intervient alors que le pays connaît sa plus longue fermeture gouvernementale depuis près d’une décennie. L’administration fédérale est paralysée depuis le 1er octobre 2025, faute d’accord budgétaire au Congrès.
Des contrôleurs sous pression croissante
La FAA, confrontée à une pénurie aiguë de personnel, a admis avoir réduit jusqu’à 10 % le nombre de vols dans une quarantaine de grands aéroports, dont ceux d’Atlanta, New York, Chicago et Dallas–Fort Worth. Selon plusieurs sources internes, entre 20 % et 40 % des contrôleurs seraient absents à un moment donné dans les centres les plus sollicités, beaucoup refusant de continuer à travailler sans être payés.
Le président du syndicat National Air Traffic Controllers Association (NATCA), Nick Daniels, a tenu à rappeler que la majorité des contrôleurs « continuent de se présenter malgré l’absence de salaire ». Il a mis en garde contre toute tentative de transformer ces professionnels « en pions politiques », soulignant un niveau de fatigue et de stress « alarmant dans les tours de contrôle ».
Un cadre légal incertain
Les menaces de retenue sur salaire ou les promesses de bonus présidentiels posent plusieurs problèmes juridiques. Les experts en droit public rappellent qu’un président ne peut modifier unilatéralement les rémunérations du personnel fédéral couvert par des conventions collectives. Les éventuelles primes devraient d’abord être votées par le Congrès ou intégrées dans un budget de rattrapage lorsque le shutdown prendra fin.
D’après le sénat américain, un projet de loi bipartisan visant à rouvrir l’État fédéral a franchi une première étape le 9 novembre. Le vote décisif est attendu dans les jours à venir. Si un compromis est trouvé, la FAA affirme pouvoir lever rapidement les restrictions de vols et rétablir le trafic normal.
Cette crise intervient dans un contexte déjà tendu pour l’aviation américaine. Depuis l’été, la reprise du trafic post-pandémie s’accompagne d’un déficit chronique de contrôleurs : plus de 2 500 postes resteraient vacants, selon la FAA.

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