Entrée en vigueur le 1er mars 2025, la hausse de la TSBA renchérit significativement le prix des billets, tout en pesant sur l’activité des compagnies françaises déjà confrontées à une forte concurrence intra-européenne. Le SNPNC-FO alerte sur un « cercle vicieux » où fiscalité, pression sur les coûts et arbitrages sociaux se combinent au détriment de l’emploi et des conditions de travail des personnels navigants commerciaux.
Une taxe qui alourdit la facture des passagers…
Selon l’étude d’impact publiée par la DGAC en novembre 2025, la hausse de la TSBA décidée dans la loi de finances 2025 se traduit par une augmentation quasi intégrale des prix finaux payés par les passagers. La DGAC chiffre le supplément à environ 4,77 euros sur un billet intra-européen en économie, avec des hausses pouvant atteindre 120 euros sur un long-courrier en classe affaires, voire davantage pour l’aviation d’affaires, conduisant jusqu’à 2 points d’inflation supplémentaires sur les billets d’avion.
Pour le SNPNC-FO, cette fiscalité accrue accroît la sensibilité de la demande aux prix, notamment sur les segments loisirs et sur certaines liaisons domestiques ou ultra-marines déjà fragilisées. Le syndicat rappelle que la TSBA, dite « taxe Chirac », a été régulièrement revalorisée depuis sa création, au point de représenter désormais un poste non négligeable dans la structure tarifaire d’un billet.
… et des compagnies françaises
L’étude de la DGAC met également en évidence un ralentissement de la croissance de l’offre de sièges au départ de la France : +1,5% seulement au deuxième trimestre 2025, contre environ +4,5% en moyenne dans le reste de l’Europe. Pour les acteurs du secteur, cette divergence traduit un décrochage progressif du marché français face à des hubs concurrents situés dans des environnements fiscaux perçus comme plus favorables.
Le SNPNC-FO estime qu’« en renforçant la fiscalité du transport aérien français, l’État affaiblit sa compétitivité ». Le syndicat fait écho aux analyses d’organisations professionnelles comme le SCARA, qui dénoncent un niveau de taxes et redevances susceptible de détourner capacités et investissements vers d’autres pays européens.
Pour le SNPNC-FO, la hausse de la TSBA s’inscrit dans un « cercle vicieux » qui part de l’augmentation des coûts des compagnies (taxes, redevances aéroportuaires, charges réglementaires) pour se terminer par une pression accrue sur les salariés. Les compagnies aériennes répercutent ces coûts sur les tarifs, ce qui limite la demande et la croissance de l’offre, puis invoquent ces « contraintes économiques » pour modérer les salaires ou repousser les investissements dans les conditions de travail.
Le syndicat prévient que « ce sont toujours les salariés qui paient le prix » d’un environnement fiscal jugé défavorable au pavillon français. Il estime qu’un dialogue social crédible devient difficile lorsque les directions se présentent d’emblée comme « contraintes par la fiscalité », notamment lors des négociations sur les rémunérations ou les effectifs à bord.
Revendications du SNPNC-FO
Dans son communiqué, le SNPNC-FO formule deux demandes principales. D’une part, il réclame que l’État « reconsidère la structure de la TSBA afin de restaurer la compétitivité du pavillon français », en cohérence avec les objectifs de maintien de l’activité sur le territoire et de desserte des régions et DROM.
D’autre part, le syndicat demande aux compagnies de « compenser les effets de cette fiscalité sur leurs activités en préservant réellement les budgets destinés à l’emploi, aux salaires et aux conditions de travail ». Il insiste sur la nécessité de garantir que les efforts demandés aux passagers et aux entreprises ne se traduisent pas exclusivement par un gel des rémunérations ou par une dégradation des conditions de travail à bord.
Pour étayer son argumentaire, le SNPNC-FO met en avant l’exemple allemand, où la coalition du chancelier Friedrich Merz a annoncé un accord visant à réduire la charge fiscale pesant sur le transport aérien. Berlin prévoit notamment de revenir sur la dernière hausse de la taxe sur les billets d’avion à partir de juillet 2026, pour un allègement estimé à environ 350 à 400 millions d’euros par an pour le secteur.
Ces mesures s’accompagnent d’actions sur d’autres postes de coûts, comme la navigation aérienne ou certaines charges réglementaires, avec l’objectif déclaré de redonner de l’élan au transport aérien allemand, qui n’a pas encore retrouvé ses niveaux de trafic pré-Covid. Aux yeux du SNPNC-FO, cet exemple illustre qu’« il est possible de desserrer le carcan fiscal du transport aérien » sans renoncer aux objectifs environnementaux, en travaillant sur l’efficacité et l’incitation plutôt que sur la seule hausse des taxes.
Le SNPNC-FO ne conteste pas la nécessité de la transition environnementale mais considère que la charge fiscale actuelle se concentre excessivement sur le transport aérien français, au détriment de l’emploi et de la qualité de service. Le syndicat plaide pour une approche équilibrée, combinant politiques climatiques, soutien à l’innovation (carburants durables, modernisation de flotte) et préservation de la compétitivité du pavillon.
Appel à une « ambition collective »
En conclusion, le SNPNC-FO appelle « tous les acteurs – pouvoirs publics, compagnies, syndicats – à faire preuve d’ambition collective » pour éviter que la fiscalité ne devienne un instrument de blocage pour l’emploi et les conditions de travail dans le transport aérien français. Le syndicat souhaite que les débats autour de la TSBA conduisent à une réflexion plus large sur le modèle économique de l’aérien en France, sa place dans la mobilité des Français et la protection du pavillon national face à la concurrence européenne et extra-européenne.

SERGE13 a commenté :
28 novembre 2025 - 8 h 15 min
La taxe Chirac est payée par le consommateur. Donc, à moins de gabegie, les compagnies reversent cette taxe à l’Etat. En quoi 4€ de plus plombent les comptes d’une compagnie aérienne, d’autant que le prix des billets ont explosés, plus particulièrement chez AF. Cette taxe a bon dos, elle permet aux compagnies de se justifier sur leurs piètres résultats.
@serge a commenté :
28 novembre 2025 - 16 h 43 min
Beaucoup d’inexactitudes dans vos propos Serge.
En réalité la taxe n’est pas payée par les consommateurs.
Dans un environnement concurrentiel, les prix d’une compagnie française doivent s’aligner sur ceux de leurs concurrents pour pouvoir continuer à vendre quoi que ce soit. La concurrence est MONDIALE et AF n’a pas fait augmenter ses tarifs plus que le marché ne l’y autorise, c’est évident …
Les taxes sont donc déduites des bénéfices des entreprises de transport aérien françaises et sont donc au final réglées par les salariés et les actionnaires dont la masse salariale et les dividendes constituent les seules variables d’ajustement …
Vous imaginez une taxe sur les salaires des cheminots, des banquiers ou des boulangers ? Non ! Alors pourquoi aller chercher cet argent dans la poche des salariés du transport aérien français ?
« Les taxes c’est le faux problème » !?! Allez raconter ça aux comptables des compagnies aériennes …..
Vous êtes loin mais très loin du compte et ce syndicat, que je n’ai pas l’honneur de connaître par ailleurs, semble savoir de quoi il parle ….
Non a commenté :
28 novembre 2025 - 17 h 28 min
La taxe n’est pas que de 4€, elle est de 7 à 60€. Non négligeable, surtout que les transporteurs étrangers n’y sont soumis que sur le tronçon France-Etranger, tandis que les compagnies françaises payent sur les deux vols.
Après venant d’un fanboy Ryanair c’est pas surprenant ce genre de réflexion basse et ces hors-sujets.
SERGE13 a commenté :
28 novembre 2025 - 8 h 19 min
Je rajouterais que Londres Heathrow s’est trouvé avec un nombre record de passagers malgré l’autorisation d’entrée payante (bien au delà de 4€) qu’en même temps les aéroports d’Indonésie ont imposé à chaque passager un pseudo visa qui n’est rien d’autre qu’une taxe d’aéroport de 35$, et qu’ils annoncent des records de fréquentations. On peut aussi parle de CPH, AMS et j’en passe. Les taxes c’est LE faux problème. Les politiques le savent.
jean a commenté :
29 novembre 2025 - 20 h 45 min
Tant mieux y’en a marre des pollueurs