Airbus a demandé à ses compagnies clientes de clouer au sol, à très court terme, jusqu’à 6 000 monocouloirs de la famille A320 afin de corriger en urgence une vulnérabilité de leurs commandes de vol à des radiations solaires intenses. Cette mesure préventive, encadrée par une consigne de navigabilité d’urgence de l’EASA, entraîne déjà une vague d’annulations et de retards sur le trafic mondial.
Dans un communiqué publié depuis Toulouse, Airbus explique que l’analyse d’un « événement récent » impliquant un appareil de la famille A320 a montré que des radiations solaires intenses peuvent corrompre des données essentielles au fonctionnement des commandes de vol. Le constructeur a identifié un nombre important d’appareils potentiellement concernés et a émis un « Alert Operators Transmission » demandant aux compagnies de prendre « des mesures de précaution immédiates » sur les avions affectés. Selon les estimations des sites de données aériennes, environ 6 000 appareils sur les près de 10 000 A320 en service, soit environ 60% de la flotte mondiale de cette famille d’avions monocouloirs, sont équipés du logiciel de commande incriminé.
Une directive d’urgence de l’EASA
L’Agence européenne de la sécurité aérienne (EASA) a transformé l’alerte du constructeur en directive de navigabilité d’urgence, imposant des actions correctives avant le prochain vol pour les appareils les plus exposés. Les A319, A320 et A321 équipés d’un certain standard d’ordinateur de commandes de vol (Elevator Aileron Computer, ELAC) doivent être modifiés ou remplacés immédiatement, avec seulement la possibilité de courts vols de convoyage sans passagers pour rejoindre un centre de maintenance.
L’EASA rappelle qu’un A320 a récemment subi un ordre de piqué non commandé, avec une perte d’altitude limitée, incident qui est à l’origine de l’enquête ayant conduit à la découverte de la vulnérabilité liée aux radiations. Les autorités soulignent que, si elle n’est pas corrigée, cette défaillance pourrait, dans le pire des cas, provoquer un mouvement d’empennage non maîtrisé et conduire à un dépassement des capacités structurelles de l’avion.
Comment le logiciel est vulnérable au Soleil
Le problème touche l’architecture de commandes de vol « fly-by-wire » des A320, où les ordres du pilote passent par des calculateurs électroniques qui gèrent ailerons et gouvernes de profondeur. Un standard particulier d’ELAC, associé à un certain logiciel, s’est révélé sensible à des pics de radiations provoqués par l’activité solaire, susceptibles de corrompre les données utilisées pour piloter ces surfaces de contrôle.
Les radiations solaires peuvent augmenter fortement lors de tempêtes solaires ou d’éruptions, un phénomène cyclique dont un pic est attendu autour de 2025, et perturber divers systèmes électroniques ou de navigation. Dans ce cas précis, la corruption de données pourrait provoquer un ordre de mouvement des gouvernes inapproprié, même si l’autopilote reste engagé, ce qui justifie, selon Airbus et les autorités, une approche très conservatrice.
Annulations et retards en chaîne
La famille A320 est la colonne vertébrale du trafic court et moyen-courrier mondial, utilisée par la plupart des grandes compagnies européennes, américaines et asiatiques. Le fait de devoir immobiliser immédiatement plusieurs milliers d’exemplaires, ne serait-ce que pour quelques heures ou quelques jours, se traduit déjà par des vagues d’annulations et de retards, en particulier en Europe et en Amérique du Nord.
Air France a annulé 35 vols, soit environ 5% de son programme quotidien, principalement au départ ou à l’arrivée de Paris-Orly et Roissy-Charles-de-Gaulle, après la demande d’Airbus d’immobiliser en urgence certains A320 pour mettre à jour un logiciel de commandes vulnérable aux radiations solaires. La compagnie prévient que d’autres perturbations sont possibles, le temps d’identifier précisément les appareils concernés et de réaliser les opérations techniques, tandis que les passagers touchés sont prévenus individuellement par SMS et e-mail.
Aux États-Unis et en Inde, plusieurs transporteurs ont prévenu leurs clients que des retards significatifs étaient possibles durant le week-end le temps de déployer les mises à jour logicielles et, pour certains appareils plus anciens, de remplacer les calculateurs concernés. Des estimations évoquent des millions de passagers potentiellement touchés, avec des transporteurs qui tentent de reprogrammer leurs vols sur des avions de réserve ou d’autres types d’appareils de leurs flottes.
Un correctif plus ou moins rapide
Pour la majorité des avions, la solution consisterait à revenir à une version précédente du logiciel ou à appliquer un patch, une opération qui pourrait être réalisée en quelques heures par appareil si les équipes et créneaux de maintenance sont disponibles. En revanche, environ un millier d’appareils plus anciens nécessiteraient un changement matériel de l’ordinateur de commandes, une intervention plus lourde susceptible de prolonger l’immobilisation.
Airbus assure travailler en étroite coordination avec les compagnies et les autorités pour sécuriser au plus vite l’ensemble de la flotte, tout en reconnaissant que ces actions « entraîneront des perturbations opérationnelles ». Plusieurs compagnies insistent pour leur part sur le caractère préventif de la mesure et rappellent que la priorité absolue reste la sécurité des vols, quitte à devoir réduire temporairement leur programme.

©AFI KLM E&M/Patrick Delapierre
CHECK LAST a commenté :
29 novembre 2025 - 8 h 57 min
Les anti Airbus en extase
5100 A320 auront juste besoin d une re programmation du logiciel incriminé dont Airbus n est pas le constructeur
Une info sensationnaliste sans commune mesure avec les 3 ans durant lesquelles le barbecue a dû être immobilisé et il ne s agit pas de clouer au sol 6000 Airbus
Effectivement oui 900 appareils des anciens modèles devront recevoir une nouvelle installation avec courte immobilisation
L info 2.0 on et on en reparle quand les 320 devront restés groundés 3 ans comme le soi disant avion de rêvé ou la saucisse lancé en 2013 et toujours pas certifié…
On sait où est l’excellence et où est l’esprit criminel
A320 a commenté :
29 novembre 2025 - 10 h 48 min
Ah…la faute à Thales…
@checklast a commenté :
29 novembre 2025 - 11 h 26 min
Chacun se rassure comme il peut… Vous essayez de trouver des excuses là où il n y en a pas… Si c’était Boeing qui était incriminée, vous ne diriez pas la même chose et vous seriez en train d’attaquer le constructeur. Conclusion, vous êtes un petit joueur à double morale.
Ah Bon ? a commenté :
29 novembre 2025 - 12 h 32 min
” si c’était Boeing…” Vu l’historique du ” constructeur” américain, pas besoin d’utiliser le conditionnel
Bio a commenté :
1 décembre 2025 - 12 h 38 min
ça reste la responsabilité d’Airbus d’un point de vue certification…
Boooeing a commenté :
29 novembre 2025 - 9 h 00 min
C’est la faute à Boeing😂
Fred83 a commenté :
29 novembre 2025 - 9 h 14 min
Rien ne vaut les bons vieux cables et chaînes de bicyclettes comme dans les 737 !
CHECK LAST a commenté :
29 novembre 2025 - 12 h 01 min
Le 737 a le plus fort pourcentage d accidents au monde …Calme ta joie
atplhkt a commenté :
29 novembre 2025 - 20 h 21 min
@ CHECKLAST
Ce que vous alléguez est inexact :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Statistiques_d%27accidents_d%27avion
Mamadou DIALLO a commenté :
1 décembre 2025 - 11 h 27 min
Le Boeing 737 MAX a le plus fort taux d’accidents de l’aviation civile moderne, et de très loin. Ceci est un fait.
Son concurrent direct, l’A320neo, quant à lui, a le meilleur bilan de sécurité de l’Histoire de l’aviation, avec 0 accident mortel à ce jour malgré le nombre considérable d’exemplaires en exploitation et d’heures de vol. Ceci aussi est un fait.
@ Fred83 a commenté :
29 novembre 2025 - 14 h 18 min
A l’âge de la bicyclette vous ne seriez pas ici sur votre clavier….
Tous les avions sont bardés d’électronique et ont des calculateurs.
On a vu le temps mis par Boeing pour le 737MAX 😅🤣😂.
Et encore, Boeing doit remercier les 346 cobayes…c’est grâce à eux que les choses ont été rendues possibles et accélèreées.
Rien ne dit que Boeing ne rencontrera pas un problème similaire prochainement…
SAV a commenté :
29 novembre 2025 - 9 h 26 min
airbus : problème de sécurité = mise à l arrêt immédiat, qq jours ou semaines pour remise à niveau des avions
Bing Bing : problème de sécurité avec l enclume = on cache tout, on ment , on laisse les avions en vol VOLONTAIREMENT = 346 morts
Alors, soyons modeste, un défaut peut arriver à chaque constructeur mais le traitement sav est totalement différent : sérieux pour l un et criminel pour l autre.
Mon choix est vite fait.
Pierre a commenté :
29 novembre 2025 - 10 h 22 min
Le niveau de qualité de fabrication qui baisse considérablement dans l’aviation (moteurs PW./ boeing / airbus….)
Devient un problème récurrent…..
Surtout face à une montée des cadences de fabrication qui semble iréalisable face à la complexité des technologies….
Mamadou DIALLO a commenté :
29 novembre 2025 - 11 h 43 min
« C’était mieux avant »… Bah non.
Le niveau de sécurité des avions n’a jamais été aussi élevé qu’aujourd’hui. Les statistiques le démontrent.
Et cela s’explique justement par le fait que lorsqu’un problème est détecté, les mesures de prévention et de correction sont prises.
Boeing a tenté de s’affranchir de ces règles avec notamment (mais pas seulement) ses 737 MAX, on a vu le résultat.
@ Pierre a commenté :
29 novembre 2025 - 13 h 01 min
Il ne faut pas tout mélanger.
Aucun rapport Pierre ici avec la qualité de fabrication…
Cela inclut des versions plus anciennes.
Et on vous parle d’un cas particulier qui est celui d’un risque possible en cas de radiation solaire intense.
Dans le cas de Jetblue, ça s’est traduit par une chute d’altitude, cependant le calculateur avait ben récupéré l’avion.
Ben Voyons a commenté :
29 novembre 2025 - 10 h 30 min
Un incident sérieux a eu lieu, mais la réaction immédiate, massive et parfaitement maîtrisée d’Airbus démontre son sens des responsabilités, sa réactivité et son professionnalisme.
À moyen terme, malgré le bruit médiatique et l’emballement de certains commentateurs en quête de sensationnel, cette gestion exemplaire joue clairement en faveur d’Airbus. Le constructeur apparaît comme une entreprise responsable et transparente — à l’opposé d’un autre acteur du secteur, que l’on ne nommera pas, qui a longtemps tenté de minimiser ses problèmes, retardé les mesures correctives et attendu, hélas, plusieurs accidents pour agir sous la contrainte des autorités et de la justice.
Francois a commenté :
29 novembre 2025 - 11 h 06 min
Je n arrive pas a comprendre quelque chose .
Comment cela se fait il qu il a fallu attendre un incident pour mettre a jour les logiciels des A320 , alors que le correctif existait et qu il a été certainement testé et approuvé par les instances de l aéronautique ?
Mamadou DIALLO a commenté :
29 novembre 2025 - 12 h 20 min
Votre information est inexacte.
C’est l’incident survenu récemment sur l’A320 de Jetblue qui a permis d’identifier ce problème de sensibilité aux radiations solaires pouvant entrainer la corruption des données de commandes de vol.
La réaction d’Airbus a été quasiment immédiate.
La solution proposée pour remédier au problème n’est pas “un correctif qui existait” mais tout simplement de revenir à l’ancienne version du logiciel impliqué, lequel ne présente pas cette vulnérabilité.
Pour les modèles concernés les plus anciens (environ 1 millier sur 6000), un changement matériel sera nécessaire, avec par conséquent une immobilisation plus longue. Pour tous les autres, l’intervention n’immobilisera les avions que quelques heures.
Pas de mauvais procès à Airbus donc, la réaction a été extrêmement rapide et transparente.
Pas si Cool a commenté :
29 novembre 2025 - 12 h 30 min
Hmm, c’est comme les sondes Pitot de l’A330-200 … Ils savaient mais n’ont rien fait !!
Cette fois, ils l’ont fait, ils l’ont imposé et .. ouf, pas d’avions sous la mer !!
@ Pas si Cool a commenté :
29 novembre 2025 - 21 h 32 min
@ Pas si Cool
Pas du tout ⚠️
Airbus avait PARFAITEMENT diffusé l’information ⚠️
Facilement vérifiable…. Airbus avait communiqué sur ce point en 1996 soit 3 ans avant le Vol RIO.
Tous les vols ayant rencontré un problème identique pendant ces 3 ans ne se sont pas crashé et tous ont bien récupéré leur vol.
Air France avait décidé de différer son remplacement… Mauvaise décision.
D’autre part même avec ce problème de sonde, l’avion était rattrapable….si les pilotes n’avaient pas fait les mauvais choix….
@ François a commenté :
29 novembre 2025 - 12 h 51 min
Le problème a été découvert et analysé récemment suite à un vol de Jet Blues le 30 octobre.
Airbus et/ou Thalès ont travaillé sur la cause de cet incident et donc en moins d’un mois ont trouvé et la cause et un correctif.
On se rappelle que chez Boeing cela avait pris des mois avant de trouver une solution et encore ! Boeing avait menti, rejeté la faute sur les pilotes, retardé le correctif parce que mis au pied du mur…
American Airlines, qui dispose de la plus grande flotte d’A320 dans le monde, a déclaré qu’environ 340 de ses 480 appareils auraient besoin d’un changement de logiciel. Elle a précisé que l’ensemble de ces réparations seraient terminées ce samedi, chaque intervention nécessitant environ deux heures.
Des compagnies comme EasyJet, Lufthansa et Indigo ont annoncé qu’elles immobiliseraient brièvement leurs avions pour effectuer les réparations.
Chez Brussels Airlines, concerné par les problèmes logiciels d’Airbus, aucune annulation de prévue, la plupart des avions ont reçu la maintenance nécessaire durant la nuit dernière, tandis que d’autres seront mis à jour au cours de la journée.
Voilà pour quelques exemples.
Mamadou DIALLO a commenté :
29 novembre 2025 - 11 h 37 min
Chez Airbus, quand un problème de sécurité est identifié, on prend des mesures drastiques immédiates pour le solutionner rapidement.
Chez Boeing, on pratique la dissimulation pour maximiser les profits, en espérant que rien de fâcheux ne se passe.
@ Mamadou DIALLO a commenté :
29 novembre 2025 - 17 h 46 min
Peut être maintenant oui, avec une communication bien roulée….dans le passé, ils ont fait la sourde oreille…mais on ne peut que se féliciter…ils ont appris de leurs erreurs, espérons le de l’autre côté….
29 novembre 2025 - 12 h 30 min
Alors on va mettre l église au centre du village
La problematique est la corruption de lignes de code et/ou du l’exécution erroné de bonnes lignes de code
C est du a une corruption de l exécution d une puce à transistor ou aux pistes de transport de l information.
C est un phénomène archi connu qui arrive quand des particules solaires très très energetiques réussissent à traverser les couches de l atmosphère
Cela est responsable des aurores
Et comme vous avez pu le constater cette année elles arrivent à des latitudes bcp plus basses que d habitude
Les appareils sont plus ou moins bien protégés et gèrent plus ou moins bien les conséquences de ces corruptions
Donc la on parle d un évènement rare ou l avion doit être en vol dans une zone à haute altitude ( moins il y a de couches d atmosphère moins elle est protectrice) dans une période de colère solaire dans une phase où l avion manœuvre
La particule chargée en percutant et libérant son énergie dans l ordinateur peut y changer alors la valeur 0/1 d une action
On parle quand même d un incident qui a duré sur 2 mouvements de stabilisateur
Le deuxième étant celui qui corrigé l erreur de mouvement du premier
Certes cette succession entraîner des blessés similairement a des turbulences
Mais il y a une solution logicielle pour les modèles équipés de puces/memoires pouvant faire un usage intensif d autocorrection (ECC) qui force des boucles de plus avant l action
Les modèles plus anciens n ayant pas cette capacité eux doivent avoir un changement physique de boîtier pour acquérir cette capacité
Donc le logiciel n est pas en cause!
Il n a pas fait d erreur.
Il a été corrompu ou plutôt son action a été corrompu
Bencello a commenté :
29 novembre 2025 - 12 h 36 min
Merci pour cette information claire, pertinente, et accessible pour des non initiés à l’électronique.
Mamadou DIALLO a commenté :
29 novembre 2025 - 14 h 27 min
À partir du moment où le problème peut être corrigé de façon logicielle, on ne peut pas vraiment dire que “le logiciel n’est pas en cause”.
Il n’y a certes pas d’erreur de code logique mais une vulnérabilité à la corruption de données par des particules de haute énergie. Cette vulnérabilité peut être corrigée par des redondances de boucles de code ou des codes d’autocorrection.
Ceci dit, bravo à Airbus pour la promptitude et la radicalité de sa réaction. C’est bien plus rassurant que le comportement irresponsable du concurrent qui dissimule les défauts sous le tapis jusqu’à ce qu’une catastrophe se produise.
atplhkt a commenté :
29 novembre 2025 - 13 h 37 min
La publication EASA est ci-dessous (le lien vers le fichier PDF est en bas de la page) :
https://ad.easa.europa.eu/ad/2025-0268-E
Les deux sites dédiés connus (anglophone et francophone) détaillent les aspects techniques (exposés en résumé par ” le toulousain ” en son commentaire).
Le logiciel ELAC B L 104 est celui de la publication Airbus de 2024 (Introduction of ELAC B Standard L104 (voir page 38) :
https://d10x.airbus.com/wp-content/uploads/2024/02/A320-Family-Digest-of-available-enhancements-2024-Digital.pdf
Bencello a commenté :
29 novembre 2025 - 14 h 19 min
On imagine la chaine de réaction entre:
– la survenue de l’incident le 30 octobre,
– la remontée par Jetblue vers les équipes d’Airbus et Thalès,
– l’investigation puis l’identification du problème, et des appareils concernés
– la conception de la réponse, sa validation par des essais
– l’édition du protocole pour les compagnies clientes et les prestataires MRO
– la transmission le 28 Novembre
– le suivi par le support Airbus et Thalès durant la nuit de milliers d’interventions simultanées sur les 5 continents pour réduire au maximum les perturbations.
impressionnant
A suivre: l’enquête interne /du BEA qui expliquera comment ce manquement n’a pas pu être évité dans la conception du logiciel