Delta Air Lines chiffre à 200 millions de dollars l’impact du plus long « shutdown » de l’histoire fédérale américaine, qui a paralysé le pays pendant 43 jours et désorganisé en profondeur le transport aérien aux États‑Unis. Les coupes de capacité imposées par la FAA (Federal Aviation Administration), la montée des annulations et un net ralentissement des réservations ont pesé sur les comptes de la compagnie, tout en alimentant les inquiétudes des voyageurs sur la sécurité et la fiabilité du réseau.

Entre le 1er octobre et le 12 novembre 2025, la fermeture partielle de l’administration fédérale a mis sous tension le ciel américain, au point de contraindre les autorités à limiter le nombre de vols dans 40 des aéroports les plus fréquentés du pays. Delta, première compagnie à chiffrer précisément l’impact, évoque une perte de 200 millions de dollars sur son résultat, soit environ 0,25 dollar par action, liée à la combinaison de vols annulés, de remboursements en hausse et d’une demande en berne.

Ce shutdown de 43 jours, le plus long de l’histoire des États‑Unis, s’est étendu du 1er octobre au 12 novembre 2025, affectant massivement les services fédéraux jugés « non essentiels » mais aussi des fonctions critiques comme le contrôle aérien, dont les personnels ont été contraints de travailler sans être payés. À mesure que la crise se prolongeait, les retards se sont accumulés et les annulations se sont multipliées dans de grands hubs comme New York‑JFK, Chicago‑O’Hare, Los Angeles‑LAX ou Atlanta‑Hartsfield‑Jackson, cœur du réseau de Delta.

Des réservations en chute de 5 à 10 %

Selon Ed Bastian, directeur général de Delta, le mouvement a lourdement pesé sur l’activité de la compagnie, avec une chute des réservations estimée entre 5% et 10% sur certaines périodes et une envolée des remboursements, beaucoup de voyageurs préférant reporter ou annuler leurs projets face au climat d’incertitude. « Quand le secrétaire aux Transports explique au public qu’il manque des contrôleurs et laisse entendre qu’il y a un problème de sécurité à un certain niveau, ce qui n’était jamais arrivé auparavant, les clients reportent leurs réservations pour les fêtes », a‑t‑il résumé devant les investisseurs.

Face à la dégradation de la situation dans les centres de contrôle, la FAA a publié le 7 novembre un ordre d’urgence imposant aux compagnies de réduire leurs programmes intérieurs dans 40 grands aéroports. Les réductions ont démarré à environ 4% des vols domestiques, sont montées jusqu’à 6% au plus fort de la crise, avant d’être assouplies à 3% lorsque la disponibilité des contrôleurs a commencé à s’améliorer.

Au total, plus de 10 000 vols ont été supprimés entre le 7 et le 16 novembre, date à laquelle les restrictions ont été entièrement levées, moins de deux semaines avant Thanksgiving, l’une des périodes les plus chargées de l’année pour le transport aérien américain. Le secrétaire aux Transports Sean Duffy a défendu ces coupes comme « nécessaires pour garantir la sécurité des opérations », les équipes de contrôle subissant déjà une forte pression avec des effectifs réduits et des horaires prolongés.

Impact financier pour Delta

Pour Delta Air Lines, les 200 millions de dollars de perte évoqués correspondent à un coup de frein significatif sur les résultats du quatrième trimestre, dans un contexte par ailleurs porteur pour le trafic aérien américain. Le groupe souligne que l’impact se matérialise à la fois par des revenus manqués – vols annulés, chute des réservations, reports de voyages loisirs et affaires – et par des coûts supplémentaires liés à la prise en charge des passagers, aux remboursements obligatoires et à la réorganisation opérationnelle.

Au cœur de la tourmente, les contrôleurs aériens et les techniciens de la FAA ont dû assurer la continuité du service sans percevoir leur salaire normal pendant plusieurs semaines, certains manquant jusqu’à deux périodes de paie complètes. L’augmentation des absences – liée au stress, aux contraintes financières et à la nécessité de trouver des emplois complémentaires – a renforcé les risques de surcharge dans les centres de contrôle, alimentant les inquiétudes des compagnies et des associations professionnelles.

La peine de 10 000 euros promise par Trump fait polémique

Le président Donald Trump a exhorté publiquement les contrôleurs à « retourner au travail » et a promis une prime de 10 000 dollars pour ceux qui resteraient en poste tout au long de la période de shutdown, tout en évoquant des pénalités pour les absents. Une semaine après la fin de la crise, la FAA a confirmé l’attribution de ces primes à 776 contrôleurs et techniciens ayant enregistré une présence parfaite, sur un effectif opérationnel de près de 20 000 personnes, déclenchant une vive polémique.

La décision de limiter la prime aux seuls agents « irréprochables » sur le plan de l’assiduité a été dénoncée par plusieurs élus, dont la sénatrice Tammy Duckworth, membre de rang du sous‑comité sénatorial sur l’aviation, l’espace et l’innovation. Dans une lettre adressée à Sean Duffy, elle estime qu’« il est injuste de pénaliser financièrement des agents fédéraux qui ont dû gérer, de manière responsable, des imprévus de la vie tout en travaillant sans être payés », et demande l’extension du dispositif à l’ensemble des agents ayant servi durant le shutdown.

Sean Duffy a confirmé par la suite que tous les personnels non rémunérés pendant la fermeture avaient reçu l’intégralité de leurs arriérés de salaire une fois le budget voté, la prime de 10 000 dollars étant présentée comme un complément réservé à ceux qui n’avaient manqué aucun service.

Etats-Unis : le shutdown de 43 jours aura coûté 200 millions de dollars à Delta Air Lines 1 Air Journal

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