Le gouvernement pakistanais a finalisé la privatisation de Pakistan International Airlines (PIA), en vendant 75% du capital de la compagnie aérienne nationale au fonds d’investissement Arif Habib pour 135 milliards de roupies pakistanaises, soit environ 409 millions d’euros.
Après avoir reçu trois offres lors d’une séance télévisée transparente, Islamabad a retenu celle d’Arif Habib, qui a surpassé les propositions de la compagnie aérienne Airblue et du groupe industriel Lucky Cement. Le fonds d’investissement Arif Habib a la possibilité de racheter les 25% restants détenus par l’État dans les mois à venir, permettant une privatisation totale. « Il était important de rendre le processus transparent », a déclaré le Premier ministre Shehbaz Sharif, après la diffusion à la télévision du dépôt des offres dans une urne transparente.
Un désengagement exigé par le FMI
PIA accumule depuis des décennies dettes, mauvaise gestion et problèmes de sécurité, avec une perte nette de 437 millions de dollars en 2022 pour un chiffre d’affaires de 854 millions. Interdite d’Europe, du Royaume-Uni et des États-Unis en 2020 après un crash mortel à Karachi (97 victimes), la compagnie a vu ces bans levés cette année, sauf pour les États-Unis.
Pour le gouvernement de Shehbaz Sharif, la vente de PIA est un test majeur de sa capacité à mener des réformes structurelles dans un contexte de crise de la balance des paiements. La précédente tentative de privatisation, en 2024, s’était soldée par un échec retentissant, une seule offre à 36 millions de dollars ayant été jugée très inférieure au prix de référence de 300 millions.
Cette cession s’inscrit dans un vaste programme de privatisations d’ici 2029, condition clé du plan de sauvetage de 7 milliards de dollars accordé par le Fonds monétaire international (FMI) en 2024, qui a récemment débloqué 1,2 milliard supplémentaires tout en pressant pour accélérer les réformes. Le Pakistan, en crise économique, vise ainsi à alléger le fardeau des entreprises publiques sur ses finances.
Pakistan International Airlines, créée en 1955, a longtemps été un symbole de modernité du pays, mais souffre depuis des années de pertes chroniques, de mauvaise gestion et d’ingérences politiques. Avant son retrait de la Bourse, elle affichait une perte nette de 437 millions de dollars en 2022 pour un chiffre d’affaires de 854 millions, obligeant régulièrement l’État à injecter des fonds pour éviter la faillite. Le FMI a fait de la cession de PIA et d’autres entreprises publiques déficitaires une condition clé de son programme de prêts de 7 milliards de dollars conclu avec le Pakistan en 2024.
Une compagnie aérienne affaiblie mais en relance
Sur une flotte nominale d’environ 34 avions, seuls 18 appareils sont aujourd’hui réellement en service, selon des responsables cités par la presse pakistanaise. PIA exploite principalement des Boeing 777 pour le long‑courrier, des Airbus A320 sur les liaisons moyen‑courrier et des turbopropulseurs ATR pour les dessertes régionales et intérieures, avec un plan de montée en puissance progressive de la flotte opérationnelle à 24 avions. Elle a commencé à se redresser après que le gouvernement a repris à son compte l’essentiel de sa dette historique et lancé un plan de remise en état d’appareils immobilisés. Elle a également modernisé une partie de son produit, en réintroduisant des services comme la connectivité à bord sur certains vols domestiques, afin de regagner la confiance des passagers.
Un réseau à reconstruire entre Europe, Golfe et Asie
PIA dessert un réseau combinant des liaisons intérieures stratégiques entre Karachi, Islamabad, Lahore, Peshawar et des villes secondaires, ainsi que des lignes internationales vers le Moyen‑Orient, l’Asie et l’Europe. Elle a récemment relancé plusieurs routes vers le Golfe – notamment vers Bahreïn, Dammam, Doha, Koweït et Jeddah – et renforcé son offre entre Karachi, Lahore ou Faisalabad et ces grands marchés de main‑d’œuvre expatriée.
Sur le segment long‑courrier, PIA a annoncé son retour vers l’Europe après la levée par l’Union européenne et le Royaume‑Uni de l’interdiction de vol qui la frappait depuis 2020, avec la reprise temporaire d’une liaison Lahore-Paris durant l’été 2025 et l’ouverture cet hiver de nouvelles liaisons vers Manchester et d’autres villes européennes. Les vols vers les États‑Unis restent en revanche suspendus.

@PIA
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